Mercredi 29 janvier
Toujours bien matinaux, on est dans la voiture à 8h. L’objectif de la journée est de faire le tour de l’Etna en passant par les villages qui sont bâtis à ses pieds. On part donc plein ouest, et le GPS nous fait suivre une minuscule route, coincée entre deux murs de pierre de lave. Autant dire que l’on ne voit pas grand-chose du géant sicilien ! De plus, mieux vaut avoir un œil sur les véhicules qui arrivent en face, et l’autre, rivé sur les nombreux nids d’autruche qui égaient le parcours… Une fois passée Linguaglossa, on arrive à Randazzo après une bonne heure de route. Cette petite ville des pentes de l’Etna est considérée comme miraculée car elle n’a jamais été touchée par la lave. On se gare, et c’est à pied que l’on attaque la découverte du centre historique. Le premier mot qui nous vient à l’esprit est « noir »… En effet, tout ici ou presque a été construit en pierre de lave, que ce soient les murs des maisons ou le pavage du sol. On commence par visite l’église de Santa Maria, dont les absides sont typiquement normandes – uniques vestiges du XIIIe siècle – alors que la façade et le campanile de style néogothique datent du XIXe siècle. Là aussi, le basalte domine…

La balade se poursuit dans les rues endormies, et on débouche rapidement sur la piazza Nicolo où une église occupe la plus grande partie de l’espace. Mais le plus mignon, c’est la petite via degli Archi qui, comme son nom l’indique, est bordée d’arcades.



On marche jusqu’à l’église San Martino – oui, en Sicile, comme en Italie d’ailleurs, les édifices religieux se succèdent les uns après les autres, rythmant ainsi les itinéraires touristiques – puis on retourne à la voiture en empruntant le corso Umberto, l’artère principale de la vieille ville. On est étonnés par le soin apporté aux façades des maisons qui sont souvent fleuries ou agrémentées de petits décors intéressants – heurtoirs de porte, petites sculptures… Serait-ce pour faire oublier le noir de la pierre ?



Soudain, quelques centaines de mètres après avoir pris la route de Maniace, au détour d’un virage, l’Etna nous apparait dans toute sa splendeur ! Rarement on a été si près du volcan… Immédiatement, on remarque que son manteau neigeux a nettement diminué depuis décembre dernier. Normal, il n’a quasiment pas plu depuis un mois. En revanche, on a la nette impression que ses fumerolles sont beaucoup plus denses…

On poursuit notre chemin jusqu’à l’Abbazia di Maniace, également connue sous le nom de Castello di Nelson. Le site est en travaux, mais on peut tout de même visiter la chapelle de cette abbaye bénédictine, fondée au XIIe siècle par la reine Marguerite, la femme de Guillaume le Mauvais – roi dont on vous a déjà parlé lors de notre visite de Monreale. En 1799, l’édifice fut offert à l’amiral Nelson pour le remercier de l’aide apportée pendant la répression des mouvements insurrectionnels contre les Bourbons à Naples. L’ennemi juré de Napoléon obtint même le titre de Comte de Bronte, mais il ne vint jamais sur ces terres, à la différence de ses descendants qui y vécurent jusqu’en 1981.




Après un petit tour vers la rivière toute proche, on prend la route de Bronte, petite ville connue pour sa production de pistaches.


La voiture se perd un peu dans les ruelles très pentues et extrêmement étroites du cœur ancien, mais heureusement, Gérard réussit à nous sortir brillamment de ce bourbier ! Un constat : la ville n’a guère de charme… On est même un peu déçus car on s’attendait à découvrir de nombreuses boutiques spécialisées dans la pistache. Mais finalement, il n’y a pas grand-chose. On trouve tout de même un magasin mi-artisanal mi-touristique où on fait le plein de bons produits locaux, et surtout de poudre de pistache quasiment introuvable en France. A la réflexion, on se dit que l’on aurait dû retourner à Taormina, chez Filiberto qui tient l’épicerie-resto le Novè : là, on aurait été assurés d’un bon repas et d’un excellent choix de produits à base de pistaches… Dommage ! Du coup, on se contente de déjeuner dans un petit bar qui propose de très bonnes parts de pizzas et d’un bon assortiment de desserts à… la pistache !

On reprend la route, et de nouveau, l’Etna se dresse à notre gauche. Ici, l’environnement est moins urbanisé qu’ailleurs car le sol est recouvert d’anciennes coulées de lave. Une aubaine pour les pistachiers qui semblent particulièrement bien s’épanouir sur ce terrain hostile, tout comme les orangers et les figuiers de Barbarie.





Dommage que les poubelles et détritus divers, eux-aussi, s’accommodent particulièrement bien de ce cadre somptueux… Le point noir de la Sicile, c’est vraiment la gestion des déchets. Si quelques municipalités touristiques ou balnéaires semblent maitriser le problème, l’ensemble du pays est envahi, souillé, défiguré par les immondices jetés inconsidérément et irresponsablement en ville, dans les campagnes, et surtout au bord des routes…

Après quelques kilomètres sur une route très cahotante, on parvient au Ponte Saraceno – ou pont des Sarrasins – qui enjambe la rivière Simeto. On a un gros coup de cœur pour ce lieu bucolique à souhait ! D’origine romaine, l’ouvrage a été reconstruit sous Roger II, puis remanié par la suite.



Mais c’est en remontant un peu la rivière vers le nord que l’on découvre le plus beau : une gorge taillée dans une coulée de lave et dont, au fil des siècles, les énormes masses basaltiques ont été lustrées et polies par l’eau. Splendide !


Après un bon moment passé sur place, on reprend la route – et hop, de nouveau on subit quelques cahots ! – pour Adrano, la dernière étape de la journée. Très ancienne – le site aurait été habité dès le néolithique et la ville fondée par les Tyrans, au Ve siècle avant JC – elle possède quelques beaux monuments, dont le château en pierre de lave construit par les Normands – de grands bâtisseurs, puisque presque chaque village sicilien peut se targuer de posséder des vestiges datant du XIIe siècle !


Vers 15h30, on est de retour à Mascali, après une journée riche en panoramas. Demain, on poursuivra cette découverte approfondie du volcan en grimpant un peu plus haut sur ses flancs…
INFOS PRATIQUES
- Logement : Appartement Airbnb, situé à Mascali, entre Catane et Taormina. Bien placé, à deux pas de la plage, hors saison un véhicule est indispensable (en été, il y a peut-être des bus, se renseigner). Logement impeccable, très confortable et très bien équipé. Parking couvert gratuit. Le contact avec Antonio, depuis le Brésil (!) est rapide et chaleureux. Environ 23€ la nuit en hiver.
- Route autour de l’Etna, via Randazzo (balade dans la partie historique de la ville), Maniace (pour la chapelle de l’abbaye), Bronte (juste pour acheter des pistaches !), Ponte Saraceno (très beau cadre) et Adrano, 152km, 3h30 sans les arrêts. S’il est possible de rejoindre Randazzo, Bronte et Adrano par le train, en revanche, le Ponte Saraceno nécessite obligatoirement d’avoir un véhicule (il est situé à au moins 20km de la gare la plus proche, en pleine campagne !).
Magnifique, très belle visite, merci!
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Merci ! La région est très belle, mais pour la visiter, mieux vaut utiliser un tuk-tuk de poche tant les routes peuvent parfois être étroites !
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