10 jours fabuleux dans le Haut-Rhin, au cœur du vignoble alsacien : Turckheim, Kaysersberg, Riquewihr et Ribeauvillé (1)

Du vendredi 1er au lundi 11 septembre

Après une grosse semaine en demi-teinte à Neuf-Brisach pour cause de météo très capricieuse, c’est sous un beau soleil – et une franche chaleur ! – que nous nous installons pour dix nuits au camping Le Médiéval, à Turckheim (infos en bas de page). C’est la première fois que nous venons dans cette région vinicole d’Alsace, et nous sommes immédiatement conquis – d’autant que, même depuis notre emplacement, nous avons une belle vue sur les vignes. Dans la soirée, un couple de cigognes s’invite pour l’apéro : original !



Turckheim, la ville de dernier veilleur de nuit !

Le camping étant situé légèrement à l’ouest, c’est par la Porte de Munster que nous pénétrons dans la vieille ville – autrefois appelée Porte des Supplices car c’est d’ici que sorcières et condamnés étaient menés au bûcher. En cahotant sur les pavés – nous sommes à vélo – nous remontons la Grand’ Rue, nous arrêtant tous les trois mètres pour admirer les superbes maisons à colombages dont bon nombre sont très anciennes.







Habitée très certainement depuis l’époque romaine, au XIVe siècle, la ville est ceinte d’un rempart protecteur et de trois portes autrefois équipées de pont-levis et de herses. Trois siècles plus tard, Turckheim passe à la postérité après la mémorable bataille qui opposa les armées de Louis XIV, conduites par le maréchal Turenne, à celles de l’empereur Léopold Ier et du prince-électeur de Brandebourg Frédéric-Guillaume Ier – bataille qui se conclut par une victoire éclatante des troupes françaises malgré leur infériorité numérique ! Après un passage dans le giron allemand – comme toute l’Alsace d’ailleurs, en 1871 suite à la guerre franco-prussienne – Turckheim redevint définitivement française en 1918.







  • Office de Tourisme, installé dans le bâtiment rose – ancien corps de garde – pratique pour récupérer plan et brochures.
  • On conseille le Bar la Scud’, situé au milieu de la Grand Rue : c’est le seul établissement qui nous a servi un verre à 21h, alors que nous patientions avant la ronde du Veilleur de nuit. De plus, ses tartes flambées au munster sont excellentes !
  • Bonnes adresses : nous avons testé les deux boulangeries / pâtisseries ainsi que la boucherie / traiteur, très bien. A noter, marché le vendredi matin.

Étant au milieu des vignes, nous ne pouvions échapper à la tentation d’une dégustation de bons crus locaux ! Nous poursuivons donc la visite par… la Cave de Turckheim qui présente un bel assortiment des sept cépages alsaciens – à savoir le Pinot noir, le Pinot gris, le Pinot blanc, le Sylvaner, le Riesling, le Muscat et le Gewurztraminer.




Après cette bonne dégustation – suivie de quelques achats bien sûr ! – rien de tel pour digérer qu’une balade dans le vignoble ! Nous effectuons donc deux petites randos à pied fléchées par la municipalité. Le premier – le sentier des Toits – nous fait passer en haut du village et, comme son nom l’indique, offre une vue plongeante sur les toits du village. La seconde, plus longue – le sentier du Dragon – nous emmène pendant deux heures à travers vignes et coteaux : magnifique !






Depuis le sentier du Dragon, vue sur Niedermorschwihr et son clocher en vrille, le seul ainsi réalisé en Alsace. D’après la légende, ce serait le Diable qui, installé au sommet de l’église, la queue enroulée comme un tire-bouchon autour du clocher, lui aurait donné cette forme, un jour qu’il quitta précipitamment son perchoir…

  • Plusieurs sentiers thématiques possibles au départ de Turckheim, nous avons testé le sentier des Toits (1.5km, 70mD+, 1h) et le sentier du Dragon (3.5km, 100mD+, 2h). Carte gratuite à l’OT, bon fléchage.

Enfin, au terme d’une journée déjà riche en découvertes, nous enchainons avec un évènement unique en Alsace : une balade avec le dernier veilleur de nuit de France ! Autrefois – entre 1540 et 1939 – chaque nuit de 22h à 4h, un veilleur effectuait une ronde afin d’alerter en cas d’éventuels départs de feu, les incendies étant alors une véritable catastrophe dans ces villages aux maisons en bois… Depuis 1953, on peut suivre le veilleur dans une unique ronde qui démarre à 22h, et entendre sa chanson d’antan : « Horricha was ich eich wel saja Dia Glock het tzeni gschlaja ! Han sori zu Fir und Liacht Dass uns Gott un Maria b’hiet ! Jetz stand ich auf d’r Wacht Gott gebt uns alle’ a guetti Nacht. » Pour connaitre la traduction de ces paroles chantées en dialecte alsacien, rendez-vous devant l’Office du Tourisme où le veilleur de nuit se fait une joie de dévoiler au public de nombreuses anecdotes, tant sur la ville que sur sa fonction originelle. Ainsi, nous avons passé un excellent moment avec Louis Meyer, l’un des 4 veilleurs bénévoles, à la ronde depuis maintenant 42 ans. Chapeau !





  • Ronde du veilleur de nuit, tous les soirs à 22h, du 1er mai au 31 octobre (jusqu’au 05 novembre cette année), les trois samedis de l’Avent et à minuit le 31 décembre, animation gratuite

Kaysersberg, une petite ville au charme inoubliable !

Après avoir arpenté Turckheim en tous sens, il est temps pour nous d’aller explorer les environs. La première sortie nous mène à Kaysersberg, par un itinéraire cyclable très vallonné qui traverse le vignoble. Au loin, nous apercevons Niedermorschwihr, puis nous faisons une pause à Katzenthal – dont le haut clocher blanc se repère à des kilomètres à la ronde – et à Ammerschwihr.








Une bonne heure de pédalage plus tard, nous nous garons au centre de Kaysersberg et, bien que les lieux soient hautement touristiques – surtout un samedi matin ! – nous tombons immédiatement sous le charme de la petite ville médiévale. On ne se lasse pas de la balade dans les rues, le nez en l’air à scruter minutieusement les mille et un détails des maisons à colombages








Et que dire des enseignes, toutes plus originales les unes que les autres : elles sont vraiment splendides !



Pour que la visite soit complète, nous montons jusqu’au Schlossberg, un ancien château fort du XIIIe siècle aujourd’hui en ruine. Perché cinquante mètres au-dessus de la ville, il fut édifié à la demande de Frédéric II, empereur du Saint Empire romain germanique, afin de bloquer les routes venant de Lorraine. En effet, à cette époque, Kaysersberg était un lieu stratégique important dans la guerre de l’Empire contre les ducs de Lorraine.




Nous poursuivons la grimpette jusqu’au sentier qui mène à Riquewihr, puis nous bifurquons dans le vignoble afin d’avoir une vue différente de la ville et du château. Une balade que l’on conseille car elle offre également un magnifique panorama sur tous les environs.



Une fois revenu à Kaysersberg, il ne nous reste qu’à récupérer nos vélos pour rentrer au camping, cette fois par la véloroute via Ingersheim : reposant, car bien plat !


  • Boucle à vélo au départ du camping via Katzenthal / Ammerschwihr / Kaysersberg / Kientzheim / Ingersheim, 25km, 220mD+, sur petites routes tranquilles et piste cyclable. Attention, le fléchage est parfois discret (surtout à Ingersheim pour rentrer à Turckheim), on a parfois pinaillé pour trouver le bon itinéraire !
  • Office de Tourisme, utile pour plan et brochures.
  • Balade à pied au départ de Kaysersberg, montée au château + balade vignes, 3km, 100mD+. Possibilité de monter au sommet de la tour du château, beau panorama mais escaliers sans lumière ! Plusieurs autres randos possibles au départ de Kaysersberg, se renseigner à l’OT.

Riquewihr et Ribeauvillé, deux villes incontournables de la Route des Vins d’Alsace !

Et hop, une fois de plus le réveil sonne à 6h et une heure plus tard, nous sommes sur les vélos ! A cette heure très matinale, pédaler est un vrai plaisir car il fait encore bien frais. L’itinéraire cyclable que nous empruntons pour rejoindre Riquewihr s’effectue d’abord dans la plaine – via Ingersheim, Sigolsheim et Kientzheim – pour monter ensuite dans le vignoble. Là, ça grimpe nettement, mais l’effort est largement récompensé quand, en haut d’une belle côte, Riquewihr apparait enfin !






A 8h, c’est presque seuls que nous visitons cette petite cité médiévale pittoresque et bien préservée – car épargnée par les destructions des deux guerres mondiales. Ici encore, les maisons à colombages largement fleuries se succèdent, principalement à l’intérieur de l’ancienne enceinte fortifiée.




En haut de la rue principale se trouve le Dolder, la porte d’entrée de la ville construite en même temps que la muraille, en 1291. Elle servait à défendre la cité contre toute intrusion étrangère grâce à sa tour de guet installée sur le beffroi.



Maintenant, on ne guette plus l’ennemi mais plutôt le touriste venu déguster les meilleurs crus d’Alsace ! Car ici, ce sont surtout la vigne et le vin qui sont à l’honneur, et ce depuis fort longtemps comme en témoigne la maison Hugel & fils, fondée en 1639 et toujours en activité.



Après avoir longuement flâné dans les rues piétonnes – et sans aucune dégustation, les caves étant encore fermées ! – nous reprenons les vélos et pédalons en direction de Ribeauvillé, toujours à travers le beau vignoble.



L’arrivée à Ribeauvillé est saisissante, principalement en raison du panorama époustouflant sur les ruines des châteaux de Saint-Ulrich, du Girsberg et de Haut-Ribeaupierre.  




En revanche, on est un peu déçu par la ville en elle-même qui consiste en une longue rue, déjà bien encombrée de visiteurs en fin de matinée. Résultat, on ne distingue pas grand-chose, et finalement nous y passons moins de temps que prévu.



Il faut toutefois retenir que c’est à Ribeauvillé que se tient chaque année – et depuis six siècles – le Pfifferdaj, autrement dit la fête des ménétriers. D’après la tradition, un seigneur de Ribeaupierre aurait donné une pièce à un ménétrier – un musicien – qui avait cassé son instrument. Pour le remercier de sa générosité, les ménétriers choisirent cette famille comme suzerain. En réalité, comme les empereurs avaient besoin de garder un œil sur cette corporation artistique parfois rebelle à l’ordre établi, ils choisirent un seigneur alsacien pour en assurer le patronage et lui conférer une organisation. C’est donc dans ce cadre qu’est née la fête des ménétriers, une occasion de se retrouver tout en réglant les éventuels conflits…


Vers midi, nous reprenons la route vers Hunawihr, espérant retrouver le sentier viticole des Grands Crus emprunté à l’aller. En vain !


Finalement, nous improvisons en suivant une piste à travers vignes qui nous mène à Zellenberg. Là, après une belle descente, nous récupérons la véloroute qui file vers le sud et la suivons jusqu’à Ingersheim. Il ne nous reste plus qu’à donner quelques coups de pédale pour parvenir à Turckheim : encore une très belle journée, avec 45km supplémentaires inscrits au compteur !  (Suite de notre séjour à Turckheim dans l’article suivant)

  • Boucle à vélo au départ du camping, dans les vignobles, incluant la visite de Riquewihr et Ribeauvillé, 45km, 310mD+, sur petites routes tranquilles et pistes cyclables.

  • INFOS PRATIQUES
  • Camping Le Médiéval, à Turckheim. Idéalement situé, à deux pas de la petite ville, des pistes cyclables pour Colmar et les villages environnants. Bus et TER possibles pour Colmar. Commerces de proximité au centre-ville (boulangeries, boucherie / traiteur, épicerie, restaurants). Accueil sympa, avec plein de bons conseils pour profiter de son séjour. Beaux emplacements. Wifi gratuit. Sanitaires très corrects et propres. Machine à laver & sécheuse. Environ 22€ la nuit avec les taxes et l’électricité, un excellent rapport qualité / prix. Et en prime, on a régulièrement la visite d’un couple de cigognes qui vit à proximité !

3 réflexions au sujet de « 10 jours fabuleux dans le Haut-Rhin, au cœur du vignoble alsacien : Turckheim, Kaysersberg, Riquewihr et Ribeauvillé (1) »

  1. Encore une fois super documenté, vraiment très intéressant , il n’y a qu’à te suivre et faire la même chose. C’est exactement comme ça que je vois un blog.

    Je note et quand j’irai en Alsace je suivrai tes pas. Comme j’ai justement une amie qui y est je lui ai transmis et elle m’a dit que ça arrivait à point nommé car elle vient d’arriver sur place.

    Bon séjour. Moi en ce moment je fais du petsitting sur la région de Marseille pour visiter le coin.

    bonne continuation signé Odile

    Aimé par 1 personne

    1. Merci pour ton message qui nous va droit au coeur, c’est vrai que c’est également ainsi que je vois le blog, mais c’est sacré boulot , ça fait deux jours que je suis sur les articles (je viens juste de publier la 2nde partie de Turckheim) !!! Pour le boulot sur le blog, tu en sais quelque chose, j’aime beaucoup te suivre également.
      Bon petsitting du côté de Marseille, ville agréable et ensoleillée, et les environs sont superbes (calanques, Aubagne, etc), bref tu as beaucoup à voir !
      A bientôt sur le blog, depuis l’Allemagne !

      J’aime

Laisser un commentaire