Bienvenue en Alsace : une première étape à la croisée des Trois-Frontières…

Du vendredi 18 au mercredi 23 août

Après plusieurs semaines passées dans le Jura, le Doubs et la Haute-Saône, nous sommes désormais en Alsace… Sitôt traversé Law – remarquable par son beau clocher – nous croisons des dizaines de cigognes dans les champs : c’est drôle car non loin de là, en Franche-Comté, nous n’en avions aperçu qu’une seule… à croire qu’elles hésitent à traverser la frontière régionale !


Pour cette première étape dans le Haut-Rhin, nous nous installons à Kembs, au camping du Canal qui, comme son nom l’indique, se situe au bord du canal qui relie le Rhône au Rhin (infos pratiques en bas de page). Et comme souvent, qui dit voie d’eau dit piste cyclable ! Pour nous, c’est un gros avantage pour découvrir toutes les richesses de la région. Le bémol imprévu – qui va tout de même tempérer nos ardeurs sportives – c’est la canicule qui sévit sur presque toute la France… Néanmoins, en partant à l’aube – c’est-à-dire vers 6h30 – le pédalage n’est pas désagréable, bien au contraire, et nous pouvons effectuer les visites prévues à Mulhouse et dans la réserve naturelle de la Petite Camargue, et passer également une journée à Bâle, en Suisse, et une autre en Allemagne, à Weil-am-Rhein.


Un petit tour à Mulhouse

C’est donc bien matinaux que nous enfourchons nos vélos et empruntons la belle voie cyclable qui longe le canal. Vingt-trois kilomètres plus tard, nous arrivons devant l’ancienne porte de la caserne Barbanègre, un bon point de repère pour, plus tard, trouver le chemin du retour !


Nous garons nos vélos devant l’Office de Tourisme, et poursuivons la visite à pied. Il est à peine 8h, la rue du Sauvage – l’artère la plus commerçante de la ville –  est encore déserte. Pour ceux qui, comme moi, se demanderaient pourquoi une telle appellation, celle-ci provient de l’ancienne hôtellerie du Sauvage, exploitée de 1625 à 1870. Et c’est aussi dans cette rue qu’habita le capitaine Alfred Dreyfus durant son enfance.

Après un arrêt chez Poulaillon pour déguster un bretzel au munster qui réveille les papilles, nous arrivons Place de la Réunion, ainsi dénommée après le rattachement de la République de Mulhouse à la République française, le 15 mars 1798. C’est assurément la plus grande et la plus belle place de la vieille ville, bordée par le temple Saint Étienne, l’Hôtel de Ville et de jolies maisons aux façades colorées !

Mulhouse – Temple Saint Étienne

Mulhouse – Hôtel de Ville



Après un long moment passé à arpenter la place en tous sens, nous nous promenons au hasard des ruelles adjacentes – notamment dans la rue Henriette, la rue des Boulangers et la rue des Franciscains. Un peu plus loin, nous tombons sur la synagogue qui fait face au temple Saint Jean. Bien que le thermomètre ait pris quelques degrés, nous poussons tout de même jusqu’au marché du Canal Couvert – un peu décevant, peu de produits locaux originaux – puis en empruntant un autre chemin, nous retournons sur la Place de la Réunion pour un dernier coup d’œil.

Mulhouse – Place de la Réunion


Il est presque 11h, et nous décidons de rentrer au camping tant que la chaleur est encore supportable pour pédaler. Les beaux musées de la ville – en particulier la Collection Schlumpf consacrée aux automobiles, la Cité du Train et le musée de l’Impression sur Étoffes – attendront donc un prochain séjour !

  • Balade à pied dans le centre historique de Mulhouse, environ 3.5km. On peut récupérer un plan à l’Office de Tourisme ; sachant que nous arriverions trop tôt, nous avons au préalable repéré un circuit et avons suivi le fléchage très bien fait dans la vieille ville.
  • Accès à vélo depuis le camping, 46km AR par piste cyclable, facile, bien fléché, bien repérer tout de même la manière dont sortir de la ville au retour !

A la recherche des oiseaux, dans la réserve naturelle de la Petite Camargue… 

Cette fois, c’est encore plus tôt que nous nous levons : outre la chaleur à éviter, ce sont surtout les premières heures de la journée qui permettent les meilleures observations aviaires. Ainsi, après avoir pédalé neuf kilomètres le long du canal – vers le sud – nous pénétrons dans la réserve vers 7h. Nous sommes presque seuls sur les chemins – à l’exception des observatoires où quelques photographes dotés d’un matériel impressionnant semblent avoir passé la nuit sur place !




Oies, canards, cigognes, cormorans, cygnes et ouettes d’Egypte – une faune emblématique de la plaine rhénane, à l’exception de l’ouette qui s’est récemment invitée – sont nombreux, et le tracé des itinéraires pour découvrir le domaine est particulièrement bien entretenu, avec sentiers sur pilotis et cabanes d’observation. Une belle plongée dans la nature, où seuls les cris des oiseaux percent de temps à autre le silence du petit matin…







  • Balade à vélo et à pied dans la réserve naturelle de la Petite Camargue, située au bord du canal, entre Rosenau et Village-Neuf. Plusieurs circuits à pied possibles, on conseille celui des observatoires, idéal pour apercevoir canards, cormorans et cigognes.
  • Accès à vélo depuis le camping, 18km AR par piste cyclable, facile.

Courses d’OFNIS et marché aux puces à Kembs !

Chaque année depuis 1989, fin août, la municipalité de Kembs organise, en parallèle au marché aux Puces annuel, une course d’OFNI, autrement dit une descente du canal par des Objets Flottants Non Identifiés : une animation originale qui permet d’observer toute l’ingéniosité de certains créateurs de ces surprenants « radeaux » !


Kembs – Course d’OFNI !


Et pour le déjeuner, nous dégustons une Fleischnaka maison – une sorte d’escargot de viande – au salon de thé O’Temps Heureux, à Kembs : très bon et original !


Une virée en Allemagne, au splendide Vitra Design Museum !

Pour ne pas changer, c’est de nouveau à 7h que nous enfourchons les vélos et prenons la direction de l’Allemagne. C’est facile, il nous suffit de longer le canal vers le sud, puis de suivre le fléchage qui indique Weil-am-Rhein ! Comme le musée n’ouvre qu’à 10h, nous nous attardons d’abord à la terrasse d’un café, avant de rejoindre le Vitra Campus à l’heure dite. Là, nous tournons un bon moment à la recherche dudit musée, noyé au milieu d’autres bâtiments : pourtant, visuellement, on devrait facilement le repérer car il s’agit d’une réalisation de 1989 de Franck Gehry, un de nos architectes préférés… mais emballé sous un échafaudage, le bâtiment n’était pas facile à débusquer !



Après cette petite déception, nouvelle déconvenue quand nous pénétrons dans l’édifice : l’expo temporaire consacrée à la végétalisation des immeubles est certes intéressante, mais ce n’est pas ce que nous comptions voir. Étant ici dans le temple du design allemand, ce que nous souhaitons voir… c’est du design ! Après discussion avec les employés du musée, on nous conseille un itinéraire extérieur suivi d’une découverte de la VitraHaus qui présente un beau panel de meubles et objets décoratifs créés par la société Vitra.


Et c’est parti pour une première heure de balade à travers le campus ! Nous commençons par traverser le Oudolf Garten, un jardin non conventionnel composé de 30.000 plantes, arbustes, graminées et fleurs sauvages dont la particularité est de se régénérer naturellement. Ainsi, ce labyrinthe végétal change de couleur et d’aspect au gré des saisons… En bordure de jardin, différentes structures présentent des habitats alternatifs – comme cette maison en paille ou encore ce chalet en gros rondins de bois.




Plus loin, on ne peut s’empêcher de grimper dans la Vitra Tour-Toboggan, haute de 30m, qui est un perchoir idéal pour observer le campus ! Néanmoins, on zappe la descente dans le tube – on se dit qu’il doit y faire beaucoup trop chaud !



Sous un soleil de plomb, on marche jusqu’au bout du campus où se trouvent les ateliers de l’usine, ainsi que le bâtiment Vitra Schaudepot qui, grâce à sa façade dépourvue de fenêtres, conserve les meubles les plus fragiles de la collection dans une atmosphère tempérée. Nous ne visitons pas cet espace, et préférons faire une pause à l’ombre de la place Jean Prouvé, aménagée et décorée par du mobilier réalisé par le designer.


On rebrousse chemin pour découvrir la VitraHaus, clou du spectacle à notre avis ! Si le bâtiment conçu par Herzog & de Meuron semble un peu massif à l’œil, son intérieur révèle des espaces très lumineux. En effet, sur plusieurs niveaux sont présentés différents lieux de vie, tous meublés et décorés avec goût. Un chef d’œuvre de design dans lequel nous déambulons durant plus d’une heure…















Il est presque 13h quand nous quittons le Vitra Campus, totalement enchantés par cette visite dont l’originalité tranche avec celle des musées classiques. Nous déjeunons à Weil-am-Rhein, puis rentrons au camping sous une franche chaleur, le thermomètre affichant maintenant 35°C…

Passerelle des Trois-Pays

  • Vitra Design Museum & Schaudepot, 10h-17h, billets combinés 21€ / 19€ pour les seniors. Nous n’avons finalement visité que les espaces gratuits car c’est exactement ce que nous souhaitions voir ! Prévoir au moins 2h sur place (nous sommes restés presque 3h).
  • Accès à vélo depuis le camping, 36km AR sur piste cyclable, facile, bon fléchage (sauf sur le Vitra Campus !).

Une journée à Bâle, en Suisse !

Et hop, à 6h30 nous sautons sur les vélos et pédalons quasiment sans arrêt jusqu’à Bâle, la frontière étant franchie sans que nous la repérions ! La lumière du matin est splendide, elle éclaire dans des tons chauds tous les bâtiments qui bordent la rive sud du Rhin – dont la cathédrale. Un vrai régal pour les yeux !







Après un premier tour à vélo sur les berges – les pistes cyclables étant nombreuses et particulièrement empruntées, il faut être très vigilant quand on roule – nous nous garons non loin du Kunstmuseum, et c’est à pied que nous partons à la découverte du centre historique. On commence par jeter un œil à la Fontaine Tinguely construite en 1977 par l’artiste suisse, une construction ludique, composée de sculptures mécaniques animées.


Un café / croissant plus tard, nous poursuivons notre chemin vers le Spalentor, une porte majestueuse du XVe siècle, vestige de l’ancienne fortification qui entourait alors la ville. Au passage, rue Steinenberg, nous récupérons un plan à l’Office de Tourisme qui, outre du matériel de visite, vend de drôles de sacs étanches – nous en comprendrons l’usage plus tard !





Et c’est reparti pour une balade au hasard des petites rues de la ville, où l’œil est sans cesse sollicité par mille détails






Nous arrivons ensuite au cœur de la vieille ville, et plus précisément devant le Basler Rathaus dont la façade rouge nous impressionne avec ses multiples peintures polychromes. Construit au XVIe siècle, l’actuel hôtel de ville domine la place du Marché ; il est aussi le siège du gouvernement de Bâle et du parlement.



Quelques pas plus loin, nous grimpons au sommet de la butte où fut édifiée, entre 1019 et 1500, la cathédrale protestante Notre-Dame de Bâle, bâtiment médiéval réalisé en blocs de grès roses. Il faut absolument descendre dans sa crypte pour admirer les peintures moyenâgeuses, déambuler dans les deux cloitres en partie couverts, et observer minutieusement tous les détails architecturaux de la façade.











Jouxtant la cathédrale, la terrasse donnant sur le Rhin – appelée Pfalz – offre l’une des plus belles vues panoramiques de la ville. D’ici, on domine les bacs qui traversent le fleuve accrochés à un long câble métallique en se déplaçant uniquement grâce à la force courant. Plus surprenant encore sont les nageurs que l’on aperçoit dans l’eau ! Voilà donc à qui servent les sacs vus à l’Office de Tourisme, pratiques pour garder ses affaires au sec. Et en prime, ces gros baluchons font office de bouée !  


Vers 11h, nous reprenons nos vélos après ce beau tour à pied de presque 5km, et nous nous dirigeons vers le Musée Jean Tinguely qui se situe sur la rive opposée du Rhin. Conçu par l’architecte tessinois Mario Botta et inauguré en 1996, soit cinq ans après la mort de l’artiste, le musée expose quelques-unes de ses œuvres les plus importantes, notamment les Méta Matics – de curieuses sculptures animées.




La collection est très visuelle, et même s’il est parfois difficile de connaitre l’intention de l’artiste, aucune création ne laisse le spectateur indifférent.




Quant à l’expo temporaire, elle présente quelques œuvres de Roger Ballen, un des artistes photographes les plus influents et les plus importants du XXIe siècle. D’après la notice du musée, ses œuvres étranges et radicales confrontent les spectateurs et les mettent au défi de l’accompagner dans un voyage dans leur propre esprit, tandis qu’il explore les recoins les plus profonds du sien. On peut dire que l’objectif est atteint, tant ses créations nous ont à la fois fascinés et horrifiés !






Après deux heures passées dans le musée, nous achevons la visite par un tour dans les jardins où, à côté de sculptures de Tinguely, trône une plantureuse nana créée par Niki de Saint Phalle, sa femme. 




Nous repartons à vélo en direction de la frontière allemande – tout aussi invisible que la suisse du matin – et après un dernier coup d’œil au Rhin où les nageurs sont désormais très nombreux, nous pédalons jusqu’à Weil-am-Rhein pour y déjeuner. Le retour au camping est assez éprouvant, il nous semble qu’il fait encore plus chaud que la veille…


  • Balade à pied dans le centre historique de Bâle, environ 5km. Ne pas louper la Fontaine Tinguely, le Spalentor, l’Hôtel de Ville et la Cathédrale (10h-17h, dimanche 11h30-17h, entrée libre).
  • Musée Jean Tinguely, 11h-18h (jusqu’à 21h le jeudi), fermé le lundi, CHF-18
  • Accès à vélo depuis le camping, 42km AR sur piste cyclable, facile, bien fléché. A l’aller, nous sommes passés directement en Suisse depuis la France ; au retour, nous avons bifurqué d’abord vers l’Allemagne pour y déjeuner et sommes revenus en France par la passerelle des Trois-Frontières.

Ainsi s’achève notre séjour à Kembs ; nous serions bien restés quelques jours de plus – j’avais prévu une escapade dans les collines allemandes, du côté de Badenweiler – mais le camping est privatisé à partir du mercredi 23 août. Nous filons donc vers le nord et nous nous posons à Neuf-Brisach où la fin de la canicule est prochainement annoncée… A coup sûr, on va devoir ressortir le chauffage !


  • INFOS PRATIQUES
  • Camping du Canal, à Kembs. Situé à 2 pas de la piste cyclable qui rejoint Mulhouse dans un sens, et Bâle de l’autre. Piscine, bar, restaurant. Sanitaires très propres. Beaux emplacements, malheureusement sans ombre. 22.40€ la nuit en haute saison, taxes et électricité comprises, un très bon rapport qualité / prix. Réservation indispensable.
  • Bonne adresse : O’Temps Heureux, à Kembs, un salon de thé qui fait également dépôt de pain. Très bonnes pâtisseries et tartes flambées (certains soirs à partir de 18h, à emporter ou à déguster sur place, réservation conseillée). Quelques dimanches midi dans la saison, il ne faut pas louper le Fleischnaka maison (plat traditionnel alsacien qui peut se traduire par « escargot de viande »), 14.90€ avec une salade. Accueil très sympathique. On recommande !

2 réflexions au sujet de « Bienvenue en Alsace : une première étape à la croisée des Trois-Frontières… »

  1. Salut la Team des Amateurs de Bretzel au Munster (ça fait ABM, ça nous rappelle des trucs)
    Dommage que vous n’ayez pas pu visiter la Collection Schlumpf, elle vaut vraiment le coup même si on n’est pas fan d’automobiles car les voitures anciennes exposées sont magnifiques et ça change des trucs roulants d’aujourd’hui.
    La belle volée de canards vous a-t-elle inspirée pour manger chinois ? Un canard laqué aurait été du plus bel effet dans les somptueuses (et un brin kitsh) assiettes du salon de thé O’Temps Heureux…
    Comme vous êtes fan de Franck Gehry, n’hésitez pas à aller à Panama, il y a construit le Biomuseo.
    On pense que la VitraHaus nous aurait enchantée, tout comme les oeuvres de Jean Tinguely.
    Continuez à nous faire visiter ces régions, peut-être nous donnerez-vous l’envie d’y aller à notre tour, sait-on jamais ?
    Bises,
    La Team Topette !

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    1. Eh non, pas de canard laqué, mais du munster, encore du munster et toujours du munster ! Et quand on en a marre du frometon, on remplace par un peu de choucroute ou de baeckeoffe ! Bref, du local qui tient bien au corps !!! On fera régime dans 10 jours en Allemagne (ou pas !)…
      Sinon, aller à Panama pour voir les réalisations de Franck Ghery, pourquoi pas, on avait déjà vu deux ou trois bâtiments à Los Angeles et Chicago. Néanmoins, pour l’instant, notre nouveau projet pour 2024-2025 nous mènerait plus en Océanie qu’au Panama !!! On en reparlera quand on vous aura au téléphone…
      Demain, on va vers Turckheim, au cœur du vignoble alsacien. Dégustations en vue !
      Bises,
      La Team Bretzel-Munster-Choucroute-Kooglof !

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