A Tintagel, sur les terres du Roi Arthur…

Lundi 18 avril

Comme nous n’avons qu’une grosse heure de route pour rejoindre notre prochaine étape, c’est à petite vitesse que nous quittons le cadre champêtre de l’Ashcroft Farm, vers 10h30. Durant un quart d’heure, il nous faut de nouveau emprunter les voies très étroites de campagne, celles où deux véhicules ne peuvent pas se croiser. Mais finalement, en ce lundi férié, la circulation est quasi nulle : ouf ! C’est donc détendus que nous rejoignons la A39, route que nous suivons depuis Bath et qui, aujourd’hui, va nous conduire dans les Cornouailles. A midi, nous arrivons au Trewethett Farm Caravan Club Site, notre point de chute pour les trois nuits à venir. Le cadre est fantastique, et surtout, nous bénéficions d’un emplacement en première ligne face à la mer : c’est assurément le plus beau panorama de notre voyage en Angleterre !



Nous déjeunons les yeux rivés au paysage, et sitôt le dessert avalé, nous enfilons nos chaussures de marche – le sentier côtier est à quelques mètres du camping-car –pour faire un premier tour des environs en direction de Rocky Valley. Comme nous nous en doutions, les montées et les descentes s’enchainent, mais nous sommes tellement pris par la beauté du paysage que l’on ne ressent aucune fatigue !



D’un promontoire, nous repérons la Bossiney Cove, une belle plage de sable blond qui semble prisée des surfeurs. Immédiatement nous décidons d’y descendre malgré un panneau avertissant de la dangerosité du sentier : pas d’inquiétude, nous sommes bien chaussés et nous avons l’habitude d’évoluer sur des terrains accidentés…



Alors que nous approchons du but, les choses se corsent subitement. Les marches de pierre se font de plus en plus irrégulières, et surtout très glissantes ! Heureusement une main courante métallique est là pour faciliter la descente. Mais alors que le sable n’est plus qu’à une dizaine de mètres en contrebas – ça parait peu dit ainsi, mais en fait c’est haut, dix mètres ! – la solide barre de fer est remplacée par une corde ! Si Gérard passe très facilement, dès le départ, mes jambes font un refus : alors que grimper ne me pose aucun problème, cela fait 50 ans que tout ce qui ressemble de près ou de loin à une descente en rappel me fait horreur. Pourtant, il est hors de question que je ne franchisse pas ces malheureux dix mètres de roche savonneuse à souhait ! Centimètre par centimètre, maudissant la terre entière d’avoir choisi un tel parcours et les mains crispées sur la corde, je finis tout de même par rejoindre le sable, non sans avoir discrètement écrasé une petite larme discrète… Quelle aventure pour rejoindre une plage !


Remise de mes émotions, nous nous baladons un bon moment sur le sable mouillé en observant les surfeurs et quelques baigneurs qui ne craignent pas l’eau à 9°C ! Alors que nous pensions regagner le sentier côtier par la même voie, nous découvrons à l’autre bout de la plage un chemin bien plus facile et accessible à tous sans difficulté !



La remontée est agréable, et nous prenons le temps d’observer des fulmars boréaux – ou pétrel fulmar – qui nichent dans la falaise.




Nous retournons alors vers le camping que l’on aperçoit au loin : le paysage environnant est vraiment somptueux, on ne se lasse pas d’admirer chaque détail du relief !




Dans la soirée, nous ressortons pour une ultime promenade au soleil couchant… Décidément, nous ne nous lassons pas de ce cadre grandiose, et malgré le vent qui s’est levé, nous en profitons au maximum !




Mardi 19 avril

Au réveil, toujours un beau ciel bleu à peine voilé de quelques nuages ! A 9h, nous partons sur le sentier côtier en direction du nord. Objectif de la balade : le village de Boscatle, situé à environ 6km de marche du camping.



A cette heure matinale, nous sommes seuls… Outre le magnifique paysage, nous avons la chance d’observer quelques lapins, et surtout une hermine !




Au loin, en direction de Tintagel, on aperçoit le Camelot Hotel, construit en 1899 dans un style néo-normand, et dont les tours crénelées se voient à des kilomètres à la ronde !


Le sentier est très agréable à parcourir, et les vues sont fantastiques !  




Avant de descendre à Boscatle, nous effectuons un petit crochet jusqu’à la station de surveillance des côtes, tenue par des bénévoles.



Puis nous rejoignons enfin l’adorable port de pêche de Boscatle, niché au fond d’une crique en S protégée par deux murs en pierre construits en 1584.



Habité depuis le XIe siècle, le village s’est développé grâce à son port – le seul sur les 32km de côtes environnantes – d’où on exportait de l’ardoise et d’autres produits locaux.


Maintenant, le site est surtout prisé des touristes qui sont nombreux à arpenter l’unique rue principale !



Après avoir pique-niqué non loin de la rivière, nous rentrons au camping d’un coup de bus.  

 Il n’est que 15h et même si la vue est belle, Gérard ne tient pas en place ! Il craint que cette si belle météo ne tienne pas jusqu’au lendemain… Alors, sans attendre, il enfourche son vélo et pédale jusqu’à Tintagel – 9km AR pour 150m de dénivelé positif cumulé, trois fois rien ! – afin de faire quelques clichés du site sur fond de ciel bleu. Une belle initiative qui lui permet d’admirer, dans de très bonnes conditions, les ruines du château du légendaire Roi Arthur





Dans la soirée, nouveau coucher de soleil, mais cette fois, on zappe la promenade digestive et on profite du spectacle bien au chaud depuis le salon du camping-car !


Mercredi 20 avril

Histoire de faire mentir ceux qui pensent qu’en Angleterre il pleut souvent, la météo est encore très clémente ce matin ! Vers 8h, nous partons à pied vers la route, et vingt minutes plus tard, nous embarquons dans un bus pour un court trajet vers Tintagel. C’est moins fatiguant qu’à vélo, et surtout, cela nous permettra de rentrer à pied via le sentier côtier. Nous commençons par descendre la rue principale, dont l’édifice le plus pittoresque est sa vieille poste, une maison de 1380 transformée en bureau postal au XIXe siècle.



En direction de la côte, on distingue l’église Sainte Materiana, construite durant l’époque normande et dont le clocher date de la fin du Moyen Âge. Du village, elle semble proche mais en réalité, pour y aller, il faut descendre un ravin et bien sûr le remonter ! Du coup, on zappe, on aura suffisamment à marcher par la suite…


Après un café, nous descendons jusqu’aux ruines du château et sommes les premiers à pénétrer sur le site, un peu avant 10h. (ci-dessous carte du site et reconstitution de l’habitat au temps du Moyen Age)



Ancienne fortification médiévale servant de résidence d’été aux rois de Domnonée au VIIIe siècle, c’est à Richard de Cornouailles que l’on doit la construction actuelle en 1233, non pour des raisons stratégiques mais pour gagner la confiance des Corniques, un peuple celtique originaire des Cornouailles qui se méfiait des étrangers.


Mais depuis fort longtemps, le site est associé à la légende du Roi Arthur, un seigneur breton qui aurait organisé la défense des peuples celtes des îles Britanniques et de Bretagne armoricaine face aux envahisseurs germaniques à la fin du Ve siècle ou au début du VIe siècle. Cette épopée légendaire prend naissance au XIIe siècle, lorsque Geoffrey de Monmouth, dans son récit mythique de l’histoire britanniqueHistoria regum Britanniae – fait de Tintagel le lieu de la conception d’Arthur. Ainsi, son père, le roi Uther Pendragon, grâce à la magie de Merlin, se serait grimé afin de ressembler à Gorlois, duc de Cornouailles, dans le but de séduire la femme de ce dernier, Ygraine, et par ce biais d’engendrer Arthur. Une histoire bien surprenante que n’atteste pourtant aucun archéologue aujourd’hui…


L’entrée sur le site se fait grâce à une haute passerelle inaugurée en 2019. Auparavant, les visiteurs devaient emprunter de nombreux escaliers et un pont beaucoup plus bas pour traverser cet isthme fortement endommagé, au fil des siècles, par l’érosion naturelle et l’abandon des lieux en pâturage.


Même s’il ne reste aucune structure notable, la découverte des lieux est très plaisante et constitue une agréable promenade, dans une ambiance bien venteuse ! De plus, les panneaux d’information permettent de bien appréhender le site.





Nous passons plus d’une heure à arpenter ce promontoire naturel, puis nous empruntons le vieux pont pour rejoindre le centre d’exposition où plusieurs panneaux retracent succinctement la légende arthurienne et les origines réelles du château.




Après un dernier petit tour à la boutique, dédiée comme il se doit au Roi Arthur et aux Chevaliers de la Table Ronde, nous prenons le sentier côtier en direction du nord.




Nous nous éloignons un peu de Tintagel, et nous pique-niquons vers Barras Nose, devant un panorama parfait sur les ruines du château !


Nous reprenons la marche, alternant montées et descentes, dans un cadre toujours grandiose où petites fleurs et jolie bergeronnette égaient la balade !





Un peu avant Bossiney Cove, au niveau des falaises de Willapark, nous bifurquons et nous dirigeons vers un point de vue d’où l’on domine The Sisters, deux énormes rochers qui abritent des colonies d’oiseaux marins.


En regardant de plus près – c’est-à-dire dans le zoom de l’objectif ! – nous découvrons avec surprise qu’il s’agit de guillemots de Troïl et de petits pingouins : incroyable, c’est une première pour nous ! A la différence des manchots qui se déplacent en marchant ou en nageant – observés dans l’hémisphère sud à Punta Tombo en Argentine, à Chiloe au Chili ou encore en Nouvelle-Zélandeces petits pingouins quittent leur rocher en volant avant de plonger dans la mer afin de se ravitailler. Même de loin, nous parvenons à bien observer cette colonie et tentons même de distinguer, grâce à leur bec différents, les guillemots des pingouins. Une très belle surprise à laquelle on ne s’attendait pas ! (Ci-dessous, entourés en bleu des guillemots et en rouge un petit pingouin)



A regret, on s’arrache à ce fascinant ballet aérien où décollages et atterrissages s’enchainent, et nous reprenons notre sentier côtier jusqu’au camping, après un dernier regard sur ce sublime paysage



Demain, ce sera un déchirement de quitter Tintagel pour mettre le cap du Hayle, non loin de Saint Ives, dans le sud des Cornouailles. Eh oui, rarement nous avions été aussi enchantés par un tel panorama…   


  • INFOS PRATIQUES
  • Accès en Angleterre par Eurotunnel Le Shuttle au départ de Calais, et arrivée à Folkestone. Traversée rapide de 35mn, se présenter au terminal une heure avant l’embarquement pour effectuer les formalités de douane. Tous nos documents ayant été enregistrés avant le départ, l’accès au terminal est rapide et se fait grâce à la lecture de la plaque d’immatriculation (il suffit juste de confirmer sur une borne les infos). De même, les contrôles de personnes et de véhicule sont vite accomplis. Temps de traversée : 35mn. Tarif : 360€ l’AR, avec date et horaire définis. Plus on réserve à l’avance, et meilleur est le tarif ! On recommande Eurotunnel car le service fonctionne même en cas de tempête, et les navettes ferroviaires sont plus écolos que les ferrys.
  • Trewethett Farm Caravan Club Site, magnifiquement situé sur la falaise, à 2 pas du sentier côtier, entre Tintagel et Boscastle. Bus à 15mn à pied, arrêt à Trethevy, à droite en sortant du camping, pour aller à Tintagel, Boscastle et plus loin. Emplacements superbes, bien stabilisés, sanitaires impeccables et accueil très sympa ! Wifi payant (pas testé) mais bonne 4G. Laverie. 37.70£ la nuit, électricité comprise. On conseille d’arriver à midi pour choisir le meilleur emplacement. Notre plus beau camping du voyage ! Au préalable, il faut absolument prendre un abonnement au Caravan and Motorhome Club, 66£ par an, pour éviter une surcharge de 13£ par nuit, et également bénéficier de nombreux discounts (Eurotunnel, ferrys, visites).
  • A voir / à faire au départ du camping :
    • Rando vers Bossiney Cove, 4km, 200m+. Attention, ne pas prendre le premier chemin qui y descend (très dangereux, avec corde à la fin), mais continuer de marcher en direction de Tintagel pour prendre le second chemin, beaucoup plus facile. Cette plage n’est accessible qu’à marée basse.
    • Rando vers Boscastle, 6kmAS, 120m+. Retour par bus 95 (1.60£), descendre à Trethevy, non loin du camping.
    • Rando depuis Tintagel jusqu’au camping, 7km, 220m+. Aller par bus 95 (1.60£) à prendre à Trethevy, non loin du camping.
    • Visite des ruines du Château de Tintagel, 10h-18h (horaire valable fin avril, les jours et heures d’ouverture varient en fonction de la saison), 16£ / 15.50£, inclus dans le England Heritage pass. A réserver via le site web pour être sûr de pouvoir entrer sur le site. Prévoir 1h/1h30 de visite.

8 réflexions au sujet de « A Tintagel, sur les terres du Roi Arthur… »

    1. Côté météo, c’est vrai que l’on a vraiment eu beaucoup de chance, depuis le début du voyage, on n’a pas eu plus de 3 ou 4 jours de pluie… Mais le top, c’était d’avoir ce beau ciel bleu à Tintagel : incroyable (et pas gagné !!!)… Aujourd’hui, on profite d’une journée un peu grisaille pour s’octroyer un jour de repos : ouf !
      A bientôt, on a hâte de découvrir votre nouvelle destination !

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