Lundi 9 novembre
Pour changer, on prend le bus un peu plus tard que d’habitude, à 7h19. Finalement, ce n’est pas une idée très judicieuse car de nombreux lycéens l’empruntent et, même si nous ne sommes pas vraiment entassés les uns sur les autres, il y a trop de monde à notre goût. Résultat, la prochaine fois, on partira soit plus tôt, soit plus tard ! Après un changement de véhicule à Locarno, on arrive à Maggia à 8h30 sous un magnifique soleil. On traverse la passerelle qui enjambe la rivière, et on part en direction de Moghegno. Cette fois, on descend le cours d’eau alors qu’il y a trois semaines, on l’avait remonté jusqu’à Someo !


Après avoir traversé le hameau, on pinaille un peu pour trouver le bon chemin : en effet, cette fois, nous ne longeons pas la rive – ce sera pour une prochaine fois ! – et nous devons trouver l’itinéraire qui s’élève sur le flanc ouest de la Maggia.


Pendant quarante minutes, on suit donc une petite route bien asphaltée – idéale pour le repos des pieds ! – en faux plat montant. On passe Aurigeno – encore un beau village endormi – et là, on rejoint le sentier qui s’enfonce dans la forêt.

A partir de ce moment, c’en est fini de la petite promenade de santé ! On enchaine désormais les marches de pierre et de bois, sur un terrain assez inégal et bien pentu, dans un cadre sylvestre très agréable parsemé de nombreuses fougères fanées par l’automne. Mais il fait tellement sombre qu’il est difficile de prendre des photos…

Après cette première belle grimpette qui nous fait transpirer presque une heure, on quitte l’ombre de la forêt pour déboucher sur un beau point de vue sur la vallée de Maggia.

On emprunte ensuite la petite route qui descend à Dunzio où on fait une première pause casse-croute – une habitude prise quand on effectue une rando de plus de quatre heures. A notre grand étonnement, le petit hameau est habité ! Et pourtant, on a vraiment l’impression d’être au bout du monde – ce qui est concrètement faux car nous ne sommes qu’à 7km de Maggia par le bitume – dans un cadre de vie qui peut vite se révéler hostile dès l’hiver arrivé… Ce n’est d’ailleurs pas le première fois que nous observons le phénomène : depuis que nous sommes dans le Tessin, nous ne comptons plus les villages difficiles d’accès mais encore bien peuplés, quand ce ne sont pas les maisons carrément isolées, loin de tout chemin carrossable et ravitaillées exclusivement par monte-charge. Et la plupart du temps, ces habitations sont soigneusement restaurées et entretenues… Surprenant !








A la sortie du village, on récupère le sentier qui monte vers Streccia. Les châtaigniers sont magnifiques, on passe même à côté de deux énormes spécimens, appelés géants car leur circonférence atteint les sept mètres. Ces vieux arbres, considérés comme monuments naturels, ont entre 350 et 700 ans, et ils ont survécu aux incendies de forêt, aux maladies et à la foudre…


On poursuit l’ascension et à Streccia, on prend le sentier fléché vers Tegna, comme indiqué sur le topo. Là, j’annonce à Gérard que nous effectuons nos derniers mètres de montée, car de mémoire, je me rappelle que le profil de la balade indiquait un maximum aux alentours de 600m d’altitude. Pourtant, bizarrement, on continue à grimper…

On dépasse une cote à 700m – euh… on ne se serait pas trompés par hasard ? Et ce n’est pas fini ! Comme on est curieux, on poursuit le chemin jusqu’au sommet et après une ultime petite transpirée, on atteint le Mont Colma, situé à 795m. Là, devant le splendide panorama qui s’ouvre sur le lac Majeur et ses environs, on oublie instantanément les efforts occasionnés par cette variante improvisée !




Après une nouvelle pause pique-nique, on quitte à regret ce fabuleux belvédère. Il ne faut pas se leurrer, le plus dur reste à venir, à savoir la descente !

Comme on est à l’à-pic de Tegna, les 550m de dénivelé négatif pour rejoindre le village se font par un sentier très raide, aux marches irrégulières et il nous faut presque une heure trente pour regagner le fond de vallée. Un vrai supplice pour les genoux ! Petite compensation : les très beaux paysages qui nous font, par moment, oublier la difficulté du terrain…





Parvenus enfin à Tegna, on file à la gare. Celle-ci est minuscule et les trains ne s’y arrêtent que sur demande. Oui mais… comment effectuer ladite demande ? Doit-on héler la loco quand elle passe devant nous ? Dans le doute, on n’hésite pas, on reprend nos pieds et notre courage, et on marche jusqu’à Ponte Brolla où là, on est sûrs d’avoir un bus. De toute façon, on n’est plus à un kilomètre près ! Cette petite marche supplémentaire nous offre toutefois une belle surprise à l’arrivée : une vue plongeante sur les belles formations creusées par la rivière Maggia dans le socle cristallin. Impressionnant !



Après un passage obligé par Locarno pour changer de bus – et effectuer quelques courses – on est de retour au camping vers 16h30. Là, on a le plaisir de rencontrer Dominique, une fidèle lectrice de notre blog. Le contact chaleureux est immédiat, on discute un moment, et on convient de se revoir le lendemain, quand on sera un peu plus frais…
Mardi 10 novembre
Journée tranquille au camping. On passe une partie de la matinée à discuter avec Dominique qui est aussi une grande voyageuse. On échange anecdotes et souvenirs, c’est vraiment un agréable moment. Comme il fait beau et pas froid du tout, on reste dehors, et on déjeune ensemble– des pizzas que Gérard est allé chercher au resto du camping. Une belle rencontre comme on les apprécie !
Demain, la météo s’annonçant encore bien clémente, on devrait retourner dans la Vallemaggia pour une autre rando, plus facile me semble-t-il… à moins qu’une fois de plus, Gérard ne lui ajoute quelques variantes dont il a le secret !
- INFOS PRATIQUES
- Camping Isola, à Gudo, entre Locarno et Bellinzona. Arrêt de bus à 300m (une liaison par heure dans chaque sens) et piste cyclable à proximité immédiate. Commerces à 4km. Accueil très souriant, le personnel s’est vraiment décarcassé pour nous trouver une place avec une bonne connexion wifi, comme demandé lors de la réservation. Sanitaires très propres. Restaurant, petite épicerie, piscine. Camping ouvert à l’année. CHF 26-. la nuit pour 2 personnes, le camping-car, l’électricité et les taxes, avec la carte ACSI. On recommande !
- Déplacements dans le Tessin : dès lors que l’on passe une nuit dans un établissement hôtelier, locatif ou un camping, on bénéficie du Ticino Ticket qui offre les transports gratuits dans tout le Tessin ainsi que des réductions dans les musées et les remontées mécaniques. Très belle initiative !
- Rando Maggia / Ponte Brolla par la montagne via Dunzio, Colma & Tegna, 13km, 850m+, 900m-, 5h30 avec les pauses. Rando assez difficile, pour marcheurs habitués, surtout en ce qui concerne la descente sur Tegna. Le topo original prévoyait de bifurquer à Streccia vers l’Oratoire Sant’Anna, un itinéraire moins exigent en terme de dénivelé. Néanmoins, on conseille la variante par Colma à tout bon marcheur n’ayant pas – ou peu – de problèmes de genoux ! Accès à Maggia par bus 315 au départ de Locarno (1/h). Le retour depuis Ponte Brolla se fait également avec le 315 ou avec le train qui descend des Centovalli. Transports inclus dans le Ticino Ticket.
Une réflexion au sujet de « Entre escaliers en pierre et châtaigniers, une belle rando sur les hauteurs de la Vallemaggia… »