Lundi 14 septembre
Vers 9h, on quitte sans se presser le camping de la Chaux-de-Fonds. Décidément, cet endroit nous a beaucoup plu et on espère y revenir un jour compléter notre découverte par de nouvelles randos dans les environs. Trente-cinq minutes plus tard, nous arrivons au Landeron, notre seconde étape helvétique. Le camping des Pêches – où l’accueil est très sympathique – est situé au bord du lac de Bienne, à la lisière du canton de Berne. Néanmoins, nous sommes toujours dans le canton de Neuchâtel et dès notre enregistrement, on nous délivre le fameux pass qui permet d’emprunter les transports en commun et de visiter gratuitement les musées.
Après s’être rapidement installés – on est étonnés par le monde, et assurément, on est les seuls Français, voire même les seuls étrangers ! – on enfourche les vélos, et on pédale jusqu’au lac. La petite plage est bordée de belles roselières, ce qui n’incite pas vraiment à la baignade. Après avoir dépassé le port, on longe le canal de la Thielle qui relie le lac de Bienne au lac de Neuchâtel.



Avant de poursuivre plus à l’ouest, on fait un crochet au Landeron : le vieux bourg médiéval, fondé en 1325, est superbe avec sa petite place, ses deux statues de hallebardiers – dont l’un monte la garde devant la Chapelle des Dix-Mille Martyrs – et ses maisons aux volets colorés ! Ici, rien ne semble avoir bougé depuis des siècles…










On continue la balade en direction d’Erlach – ou Cerlier en français. Le changement d’ambiance linguistique est immédiat car de ce côté du canal, tout est écrit en allemand ! Eh oui, d’un coup de pédale, on a changé de canton, et donc de langue.



La piste cyclable nous fait traverser un joli bois, puis un camping, avant de déboucher sur le port. A côté du bateau régulier qui relie les différents villages du lac, une toute petite embarcation d’un genre un peu spécial est amarrée au ponton : il s’agit d’une mini-caravane – donc avec des roues – équipée d’un moteur. Du jamais vu jusqu’à présent !



On gagne ensuite l’Ile Saint Pierre, reliée au rivage par un isthme long et mince, créé au XIXe siècle lors de la correction des eaux du Jura, une vaste entreprise d’aménagements hydrauliques visant à assainir et détourner les cours d’eau pour éviter les inondations. La plus grande ile de Suisse est habitée depuis l’époque des lacustres, et porte aussi des traces de civilisation romaine. En 1127, l’ile fut offerte au puissant Ordre de Cluny et un prieuré dédié aux saints Pierre et Paul fut fondé – c’est de là que l’île prend son nom – où les moines cultivaient la vigne et affermaient leurs terres. Après la Réforme, les biens de la fondation furent attribués à l’Hôpital des Bourgeois de Berne qui en est toujours le propriétaire. Le plus célèbre des habitants de l’île Saint-Pierre fut Jean-Jacques Rousseau, qui, en 1765, trouva dans cet isolement une atmosphère propice aux promenades solitaires et favorisa ses méditations sur le sens de l’existence.

« Quand le soir approchait je descendais des cimes de l’île et j’allais volontiers m’asseoir au bord du lac dans quelque asile caché ; là le bruit des vagues et l’agitation de l’eau fixant mes sens et chassant de mon âme toute autre agitation la plongeaient dans une rêverie délicieuse où la nuit me surprenait souvent sans que je m’en fusse aperçu. Le flux et le reflux de cette eau, son bruit continu mais renflé par intervalles frappant sans relâche mon oreille et mes yeux suppléaient aux mouvements internes que la rêverie éteignait en moi et suffisaient pour me faire sentir avec plaisir mon existence, sans prendre la peine de penser. » Jean-Jacques Rousseau, Les Rêveries du promeneur solitaire


De nos jours, même s’il reste des coins encore très tranquilles, l’ile est nettement plus fréquentée qu’à l’époque de Rousseau, principalement par les cyclistes et les piétons qui empruntent le beau chemin des païens pour atteindre son extrémité et le monastère, reconverti en hôtel luxueux.




Moins philosophique mais tout autant favorable à la contemplation, on ne se lasse pas de la vue sur le petit village de Gléresse, situé sur la rive nord du lac, dont l’église est posée au milieu des vignes. Magnifique !

Pas très loin du rivage, on pique-nique dans une atmosphère bucolique à souhait, puis on retourne à Erlach / Cerlier par le même chemin – vu qu’il n’y en a qu’un, on avait peu d’options – et on est de retour au camping dans le milieu de l’après-midi, une fois de plus enchantés par cette belle balade de quelques heures. Un regret peut-être : ne pas avoir pris les maillots de bain, la plage d’Erlach et les eaux translucides du lac à cet endroit étaient bien tentants…
- INFOS PRATIQUES
- Camping Les Pêches, au Landeron, idéalement situé à quelques minutes à pied ou à vélo du lac et du bourg médiéval. Accueil très sympathique. Sanitaires impeccables. Restaurant, wifi, épicerie, machine à laver et sécheuse. En saison, accès gratuit à la piscine publique toute proche. CHF 24.- la nuit pour deux personnes, un camping-car, l’électricité et les taxes, avec la carte ACSI. On recommande !
- Neuchâtel Tourist Card, pass permettant l’accès gratuit aux musées et aux transports du canton de Neuchâtel, délivré à toute personne qui passe une nuit dans un camping / un hôtel / une location. Valable pour la durée du séjour. Une excellente initiative qui favorise le tourisme local !
- Balade à vélo Le Landon / Ile Saint Pierre via Erlach, 23km AR, 70m+. Éviter d’y aller le week-end, le site est très couru ! Plusieurs coins de baignade très agréables, donc ne pas oublier le un maillot de bain. Pour ceux qui ne veulent pas prendre de pique-nique, il y a des restos à Erlach près du port. Possibilité également de débarquer en bateau à Erlach et au bout de l’ile.
Une réflexion au sujet de « Très jolie balade à vélo au bord du lac de Bienne et sur l’ile Saint Pierre, au départ du Landeron »