Bath – l’Aquae Sulis des Romains – la plus élégante des stations thermales d’Angleterre !

Samedi 2 avril

Beaucoup d’appréhension, ce matin au moment de démarrer le camping-car : sortira-t-il ou non de ce champ potentiellement boueux et humide ? Parviendra-t-il à monter la petite butte pour rejoindre le chemin empierré ?  Finalement, après quelques secondes de stress suivies d’un petit patinage sur l’herbe mouillée, les 3.5t de notre chère maison à roulettes quittent ce terrain peu accueillant et retrouvent le confort d’un goudron bien stable ! Nous prenons la route de Bath que nous rejoignons en deux heures par un itinéraire assez encombré puisque le GPS nous fait traverser le centre Swindon, au lieu de le contourner pour atteindre l’autoroute… Une fois à Bath – et après avoir soigneusement évité la Clean Air Zone – nous nous installons au camping de la marina où les emplacements sont bien stabilisés !

Dimanche 3 avril

La météo ayant annoncé une matinée radieuse – et des jours à venir pluvieux ! – dès 8h30, nous sautons sur les vélos ! Le thermomètre affiche -2°C, ça pince un peu, mais on apprécie pédaler le long de l’Avon, même si, une fois de plus, on trouve le chemin plutôt étroit… Aujourd’hui, nous avions juste prévu une rando à pied sur les hauteurs de Bath, mais vu le beau ciel bleu, on change nos plans et on décide de faire d’abord un grand tour dans le centre-ville. Fondé en 50 après JC par les Romains pour en faire un lieu thermal – appelé en latin Aquae Sulis, les eaux de Sulis – on suppose que le site était déjà connu avant cette date grâce à ses sources d’eau chaude uniques dans le pays. Plus tard, c’est ici qu’Edgar le Pacifique, premier roi de toute l’Angleterre, est couronné en 973. A l’époque georgienne – de 1714 à 1830 – la ville devient populaire en tant que station thermale

Parvenus au centre-ville, nous montons directement au Royal Crescent, un ensemble résidentiel composé de trente maisons disposées en croissant autour d’une vaste esplanade gazonnée. Assez impressionnant ! C’est d’ailleurs l’un des plus grands exemples d’architecture georgienne du Royaume-Uni, et sûrement le plus célèbre. Édifiée entre 1767 et 1774 avec les pierres de la région, on doit cette monumentale réalisation à l’architecte John Wood le Jeune.



Avant de redescendre vers le centre, nous faisons un tour dans Royal Victoria Park tout proche. Un superbe mini-golf y est installé : on se serait bien laissé tenter par une partie, mais à seulement 9h, il n’est pas encore ouvert. Dommage !



De retour le long de l’Avon, nous passons un bon moment à admirer le Pulteney Bridge, un pont bordé de maisons des deux côtés : c’est assurément la plus belle vue de la ville ! Pour la petite histoire, il faut savoir qu’après avoir visité Florence et Venise, l’architecte Robert Adam s’est largement inspiré du Ponte Vecchio et du Rialto pour concevoir cet ouvrage inauguré en 1774.





A deux pas, se dresse l’Abbaye de Bath, dernière grande église gothique construite en Angleterre, au XVIe siècle, sur les vestiges de l’ancienne église où fut sacré le roi Edgar. Construit avec la pierre blonde de Bath, l’édifice est orné d’anges qui grimpent le long de la façade. On suppose qu’ils cherchent à atteindre le paradis, mais l’un d’eux a dû fauter, car il repart en marche arrière !





L’entrée des Roman Baths – ou Bains romains, d’où le nom de la ville – est située sur la même place que l’Abbaye. Nous visiterons le site demain, mais avant, nous observons tout de même depuis l’extérieur les statues qui entourent les thermes.





Il est déjà 10h30 quand, toujours à vélo, nous quittons le quartier historique pour rejoindre le canal situé au pied de Bathwick Hill. Et c’est parti pour une courte grimpette afin d’atteindre le départ de la Bath Skyline, une randonnée pédestre d’une dizaine de kilomètres qui parcourt les hauteurs de la campagne environnante.



Une fois les vélos parqués, nous attaquons la balade : après un début de parcours le long d’un rue bordée de jolies maisons d’où on a une vue plongeante sur Bath, nous suivons ensuite un sentier qui chemine tantôt dans la forêt, tantôt dans des prairies.  




Après avoir pique-niqué en bordure d’un golf et profité d’une jolie vue sur les collines voisines, le chemin contourne l’Université. Le ciel commençant à sérieusement moutonner, nous décidons d’écourter la rando en rejoignant directement Bathwick Meadow, une vaste étendue gazonnée d’où le panorama sur Bath et sa Skyline est saisissant !




On profite un long moment du paysage, puis on reprend les vélos et on rejoint Bath dont les rues se sont chargées de visiteurs. Pas de doute, la ville est très animée le dimanche ! Avant de rentrer au camping, nous faisons un dernier tour jusqu’au Circus, que nous avions oublié de voir ce matin. Là encore, il s’agit d’une réalisation georgienne impressionnante dont les bâtiments, tous identiques, sont construits en arc de cercle autour d’une place circulaire. Imaginé par John Wood le Vieux, le site présente sensiblement les mêmes dimensions que l’ensemble mégalithique de Stonehenge. Malheureusement, l’architecte meurt moins de trois mois après la pose de la première pierre, et c’est son fils, John Wood le Jeune, qui termine le projet en 1764 selon les dessins de son père.



Lundi 4 avril

Changement radical d’ambiance météorologique ce matin : le ciel est gris et il pleuviote ! Plutôt que risquer se faire tremper à vélo, c’est à pied que nous partons au centre-ville en longeant l’Avon. Après une heure de marche – 5km environ – nous arrivons devant les Roman Baths tout juste pour notre entrée prévue à 9h30. Nous commençons par longer le grand bassin, rempli d’eau de la source, depuis la terrasse qui l’entoure.



Après être descendus d’un niveau, nous découvrons l’intégralité du site, composé de plusieurs bassins. Ce sont les Celtes qui, les premiers, qui édifièrent ici un sanctuaire. Ils le dédient à la déesse Sulis que les romains identifient à leur déesse Minerve. Le temple est construit vers 60-70, tandis que le complexe thermal se développe progressivement durant les 300 années suivantes.




Comme dans tous thermes romains, les différents bassins proposent des températures différentes – froid pour le frigidarium, tiède pour le tepidarium et chaud pour le caldarium. En observant les piliers de briques – autrefois recouvertes de mosaïques, et chauffées par un fourneau au charbon – on comprend l’ingénieux système de chauffage par le sol !


On passe ensuite devant la source d’eau : celle-ci bouillonne dans le sous-sol de Bath et provient des précipitations tombées sur les collines environnantes. Elle s’infiltre à travers un aquifère calcaire jusqu’à une profondeur de 2.700m à 4.300m où l’énergie géothermique élève sa température entre 64°C et 96°C. Sous la pression, l’eau chaude remonte à la surface en refroidissant le long de fissures et de failles dans la roche calcaire. Environ 1,17 million de litres d’eau, à une température de 46°C, s’écoulent chaque jour de cette faille géologique.


La visite se poursuit à travers plusieurs salles où sont exposés des objets de l’époque romaine, jetés dans la source sacrée en offrande à la déesse. Ainsi, on retrouva 12.000 pièces de monnaie romaine – soit la plus importante collection d’offrande votive d’Angleterre – et une superbe tête en bronze doré de la déesse Sulis Minerve, découverte à proximité en 1727. La muséographie étant particulièrement bien conçue, nous sommes immédiatement plongés dans l’atmosphère antique…






Au fil des siècles, les thermes ont été modifiés, notamment au XIIe et au XVIe siècle. Mais il faut attendre le XVIIIe siècle pour que la source soit désormais accessible depuis le Grand Pump Room – de nos jours reconverti en restaurant – où les visiteurs venaient « prendre les eaux ». Chargée de 43 minéraux et 7 oligoéléments, cette eau au goût légèrement soufré est recommandée par les médecins de l’époque qui prescrivent à leurs patients d’en boire cinq litres par jour !


Après plus d’une heure de visite, nous retrouvons le XXIe siècle, et nous nous baladons le nez au vent – non, à la pluie ! – dans les rues alentour. On ne se lasse pas d’observer les mille et un objets dérivés autour du futur Jubilée de Platine de la Reine, ou encore les théières en céramique typiquement british !




Vers midi, pour rester dans une tonalité très anglaise, nous déjeunons dans un pub à la déco bien cosy. Au menu : meat pie accompagnée de purée, et fishcake sur son lit de salade, deux plats savoureux, traditionnels de la gastronomie anglaise.


Il ne nous reste qu’à retourner au camping par le même chemin que ce matin ! Certes, nous aurions pu prendre le bus, mais nous apprécions cette petite balade qui se déroule presque qu’intégralement le long de l’Avon

Mardi 5 avril

Toujours un peu en avance, nous sommes à 7h45 devant l’arrêt de bus pour Bristol. Pas de bol, deux liaisons viennent d’être annulées et on poireaute une bonne demi-heure ! On parvient finalement à Bristol vers 9h, et on commence notre découverte de la ville par le quartier de la Cathédrale où le bâtiment administratif du Bristol City Council occupe une large place.




Similaire aux autres cathédrales anglaises déjà visitées, celle-ci est aussi construite dans un style gothique perpendiculaire. Elle présente des vitraux originaux qui rappellent les différentes unités qui ont participé aux deux guerres mondiales.







Pourtant, et non que l’on soit blasés, c’est surtout dans le jardin que l’on s’attarde car il offre une ambiance médiévale agréable, avec une belle vue sur l’édifice.


La balade se poursuit le long des quais et des anciens docks réhabilités qui bordent le canal de Bristol, où de vieux gréements et des bateaux plus récents sont amarrés. Une statue de John Cabot – à qui l’on doit le vocable « cabotage » – rappelle que, d’ici, le navigateur prit la mer pour débarquer à Terre-Neuve, en 1497.



Installé dans un ancien entrepôt portuaires, nous visitons le M Shed, un musée qui retrace de manière très visuelle et didactique l’histoire de Bristol, à travers des objets et des tableaux. Et de la terrasse, la vue sur la ville est vraiment panoramique !








La toile d’Henrietta Ward, peinte en 1873, retient particulièrement notre attention car elle représente Thomas Chatterton, encore enfant. Natif de Bristol, Chatterton demeure, pour les romantiques, le symbole de l’homme de génie non reconnu. En effet, poète de talent dès son plus jeune âge, il fut accusé à tort d’être un faussaire par certains de ses contemporains les plus influents. Ne parvenant pas à vendre ses œuvres, à seulement 17 ans, il préfère se suicider à l’arsenic plutôt que de mourir de faim…


Pour suivre les traces de Chatterton, nous faisons un crochet jusqu’à l’église Sainte Mary Redcliffe, dont la famille occupait le poste de sacristain. Construite en pierre claire, cette église était, selon les dires de la reine Elisabeth 1ère, « la plus honnête, la plus jolie et la plus célèbre d’Angleterre » ! Même s’il faut reconnaitre que l’édifice est bien proportionné et possède de beaux vitraux, on trouve tout de même cette citation royale un poil trop excessive…



On retourne vers le centre-ville, et en traversant Queen Park dans sa diagonale, on rejoint King Street, une rue bordée de pubs dont certains remontent au XVIIe siècle, époque à laquelle le lieu était le repaire favori des marins à l’escale. Aujourd’hui, il faut plutôt venir y faire un tour le soir, quand les bars sont ouverts, car en milieu de journée, l’ambiance y est plutôt morose !



Du coup, on préfère trainer du côté de St Nicholas Market, un marché dont une partie est couverte et l’autre à l’air libre, où plusieurs petites échoppes proposent – entre autres – des plats variés et originaux. Idéal pour le déjeuner ! On opte pour des fallafels, une salade composée et de succulents brownies…


Après un dernier tour dans les rues adjacentes au marché – superbes pubs ! – on reprend le bus pour Bath en début d’après-midi. On aurait pu compléter la visite par un tour dans l’élégant quartier de Clifton, un peu excentré, mais la pluie menace et on manque de motivation pour traverser la ville… Ce sera donc pour une prochaine fois !




Demain, nous quitterons Bath pour la campagne où nous avons réservé notre prochain camping. Nous nous poserons donc vers Glastonbury, Wells et Cheddar, trois petites villes que nous avons prévu de découvrir dès vendredi…


  • INFOS PRATIQUES
  • Accès en Angleterre par Eurotunnel Le Shuttle au départ de Calais, et arrivée à Folkestone. Traversée rapide de 35mn, se présenter au terminal une heure avant l’embarquement pour effectuer les formalités de douane. Tous nos documents ayant été enregistrés avant le départ, l’accès au terminal est rapide et se fait grâce à la lecture de la plaque d’immatriculation (il suffit juste de confirmer sur une borne les infos). De même, les contrôles de personnes et de véhicule sont vite accomplis. Temps de traversée : 35mn. Tarif : 360€ l’AR, avec date et horaire définis. Plus on réserve à l’avance, et meilleur est le tarif ! On recommande Eurotunnel car le service fonctionne même en cas de tempête, et les navettes ferroviaires sont plus écolos que les ferrys.
  • Bath Waterside & Marina and Caravan Park, situé à 5km du centre historique de Bath, accès facile à vélo ou à pied par un chemin le long de l’Avon, ou en bus (arrêt à 5mn à pied du camping, pas testé). Emplacements bien stabilisés, sanitaires impeccables. Pas de wifi, 4G un peu poussive. Laverie. 34£ la nuit, électricité comprise. Attention, le règlement est dû dès la réservation (conseillée).
  • A voir / A faire à Bath
    • Balade ville, Abbaye, Pulteney Bridge, The Circus, The Royal Crescent
    • The Roman Baths, 9h30-17h30, le week-end 9h-18h, 20£ / 19£ pour les seniors. Réservation indispensable ! Prévoir 1h30 de visite.
    • Abbaye de Bath, 10h-17h30 (dimanche, horaires restreints), entrée libre
    • Randonnée Bath Skyline Trail, 9.2km (+2kmAR pour accès depuis le centre-ville, bus possible), 271m+ (80m+ accès), 4h. Prévoir un pique-nique. On peut écourter la balade en descendant directement vers la ville mais attention à ne pas louper Bathwick Meadow pour une vue sur Bath ! Rando facile mais très belle, être bien chaussé. Fléchage parfois un peu discret, nous n’avons eu aucun mal à trouver notre chemin car le dimanche, ce trail est très fréquenté (mais pas surchargé) ! Enregistrer le topo et la carte dans son téléphone est une bonne idée…
  • Excursion à Bristol
    • Accès depuis Bath / le camping, bus X39 toutes les 20mn environ, durée 35 à 45mn selon le trafic, 7.50£ First day ticket (billet valable toute la journée, West England zone)
    • Balade ville, quartier de la cathédrale, quais, centre historique vers King street, Corn street et St Nicholas Market (idéal pour le déjeuner, 9h30-17h, fermé ledimanche).
    • Cathédrale, 8h-17h, dimanche 11h30-15h, entrée libre
    • M Shed, 10h-17h, fermé le lundi, entrée libre, visite 1h environ
    • St Mary Redcliffe Church, 10h-15h, 12h-15h dimanche, fermé le lundi, entrée libre

2 réflexions au sujet de « Bath – l’Aquae Sulis des Romains – la plus élégante des stations thermales d’Angleterre ! »

    1. Les petites villes anglaises nous enchantent totalement ! Les visites sont variées et il y a toujours une opportunité de faire une petite rando, que ce soit dans un site historique ou dans la nature… C’est vraiment une belle découverte pour nous ! Bon périple à vous aux US !

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