Lundi 19 avril
Malgré un petit vent persistant, nous n’hésitons pas à prendre nos vélos pour une nouvelle balade en direction de Port de la Selva cette fois. Comme nous souhaitons faire une boucle, nous partons en direction de Vilajuïga où nous bifurquons vers le monastère Sant Pere de Rodes. Une fois de plus, on est bluffés par les superbes coquelicots, preuve que le secteur n’est pas trop arrosé de pesticides.



La route s’élève rapidement dans la sierra de Rodes, ça grimpe fort, mais heureusement les pauses pour admirer le paysage sont fréquentes !




C’est la seconde fois que nous empruntons cet itinéraire, et nous sommes ravis de découvrir à nouveau le joli dolmen de Vinyes Mortes, tout proche de la route. Même si ses dimensions sont modestes, cette ancienne chambre funéraire mégalithique, datant de la seconde moitié du IIIè millénaire avant JC, est remarquablement bien conservée !

Après 480m de dénivelé positif dans les pattes, on effectue un nouvel arrêt à Mas Ventos. Le site porte bien son nom car ça souffle fort ! Néanmoins, on ne se lasse pas du cadre qui offre une vue plongeante sur toute la baie de Roses et nous rappelle la belle rando à pied réalisée depuis Palau-Saverdera début février !




Allez, encore quelques coups de pédale, et nous arrivons au sommet ! Nous parvenons rapidement en vue du monastère Sant Pere de Rodes mais comme nous l’avons déjà visité il y a quelques semaines, nous nous contentons de jeter un coup d’œil extérieur : l’environnement est sauvage à souhait, et les ruines de l’ermitage Santa Helena et du château de Sant Salvador de Verdera encadrent à merveille la vieille demeure des bénédictins.




Le plus dur étant fait – une belle grimpette de 520m depuis Roses ! – on prend tout notre temps pour accomplir la descente vers Port de la Selva.

De ce côté-ci de la sierra de Rodes, le regard porte jusqu’au cap Cerbère qui marque la frontière avec la France.

Plus proche, on devine Llança, et presque sous nos pieds, les petits villages de La Vall de Santa Creu et La Selva de Mar, aux anciennes maisons de pierre, nous rappellent que le site fut longtemps dédié à l’exploitation agricole.





Les mains un peu crispées sur les freins du vélo – là, je parle pour moi ! – nous arrivons à Port de la Selva au terme d’une descente de 7km frôlant parfois les 10%. On se félicite d’avoir fait notre tour dans ce sens car, à l’inverse, on aurait vraiment peiné dans la montée jusqu’au monastère !



Pour bénéficier d’une jolie vue d’ensemble sur cette petite ville typique de la Costa Brava, nous roulons quelques centaines de mètres sur le chemin côtier, en direction de LLança, jusqu’au Mirador situé en bord de mer.

Après un pique-nique dégusté au soleil, sans vent et avec vue, nous pédalons jusqu’à Port de la Selva. La première référence historique à la présence d’habitants à cet endroit remonte à un document datant de l’an 974, à l’époque où le monastère Sant Pere était en activité. Mais c’est surtout au XVIIe siècle que les premières maisons furent construites, principalement pour héberger les pêcheurs de la Selva del Mar et leur permettre d’y conserver poisson et ustensiles de pêche. Conjointement à la pêche, à partir du XIXe siècle, le commerce de l’huile et du vin commença à prendre de l’importance jusqu’à l’apparition de différentes épidémies, notamment le phylloxéra. Ces maladies entraînèrent une nette baisse de l’importance économique du village, contraignant de nombreuses familles à émigrer.

Par curiosité, on pousse – enfin non, on griiiiimpe ! – jusqu’au Mirador Cala Tamariua, mais un peu déçus par la vue sur une eau moins turquoise qu’imaginée – on devient exigeants ! – on retourne sur la plage principale du village, déserte à cette heure.

Là, on observe un bon moment le gracieux ballet de deux échasses blanches…




Vers 14h, on renfourche nos montures : il ne nous reste qu’à remonter la sierra en direction de Cadaqués, avant de replonger sur Roses. Une formalité, car la route s’élève très tranquillement dans la montagne…

Une heure plus tard, nous sommes de retour au camping. Cela faisait déjà un moment que nous souhaitions poser nos roues de vélo dans le secteur de Port de la Selva, et opter pour une montée – certes un poil difficile – via le Monastère de Sant Pere de Rodes a largement enrichi cette jolie boucle de 52km !
Vendredi 23 avril
Après trois jours tranquilles et venteux, Gérard repart de bon matin à vélo en direction de Llança. Une fois n’est pas coutume, je zappe la sortie car j’ai une commande de rédaction à boucler le plus rapidement possible. Comme je ne suis pas là à râler que je ne veux pas poser les roues sur les routes trop fréquentées, Gérard rejoint la N-260 via Palau-Saverdera, Pau et Vilajuïga. Finalement, cet axe qui rejoint Port Bou et la frontière française s’avère plus calme qu’imaginé, avec une belle bande cyclable, et de plus, il passe au pied du beau château de de Quermançó, planté sur une petite colline rocheuse. Sa construction remonte à 1078 et était alors la propriété des Comtes de la région d’Empuries. Occupé en 1808 par les troupes napoléoniennes, il fut abandonné et laissé en ruine en 1814 après que le maréchal Suchet eut ordonné sa destruction lors du retrait de l’armée française. Dali vouait à ce château une telle passion qu’il pensa un jour le racheter et le restaurer. Et il imaginait installer un rhinocéros au sous-sol afin d’attirer les visiteurs. Mais ce projet totalement surréaliste ne se fit jamais…

Après quelques kilomètres de pédalage, Gérard arrive au centre historique de Llança, situé en retrait du rivage pour échapper tant aux Normands qu’aux pirates sarrasins qui envahirent la région au IXe siècle. Fondée en 218 avant JC par les Romains, la petite ville se développa surtout au début du XVIIIe siècle avec l’exportation de vin et d’huile. Vestige de ce passé révolu, la tour romane du XIIIe siècle qui servit longtemps de clocher à l’église Sant Vicenç,a encore fière allure.


Mais le plus impressionnant est sans doute aucun le bel arbre de la Liberté, planté en 1790 au beau milieu de la place principale. A l’époque en effet, et sous l’influence de la Révolution française, planter des arbres sur les places publiques symbolisait la conquête des libertés par le peuple, rituel qui allait essaimer dans toute l’Europe occidentale. En 1939, ce bel arbre fut sauvé in extrémis des haches et des scies de l’armée franquiste, désireuse d’anéantir cet emblème fortement républicain.



Aujourd’hui, à l’ombre du majestueux platane se tient un petit marché aux livres en l’honneur de la Sant Jordi fêté ce jour dans toute la Catalogne. Pour commémorer ce personnage qui aurait sauvé un princesse des griffes d’un terrible dragon, la tradition veut que les hommes offrent une rose aux femmes, lesquelles en retour leur donnent un livre. Une jolie coutume qui pour une fois met la littérature au premier plan !

Avant de regagner le bord de mer, Gérard passe devant la chapelle de la Mare de Déu del Port construite au XVIIe siècle par Joan Tesserres. Ayant survécu à une très forte tempête, il avait promis d’édifier une chapelle à l’endroit où il réussirait à accoster. Comme c’est au port de Llançà qu’il aborda, c’est ici qu’il fit construire l’édifice religieux…

Gérard rejoint ensuite la marina toute proche et la plage du port. Et à quelques pas, l’Isla Castella offre un beau panorama sur Llança…





Puis il poursuit vers le nord jusqu’à la Pointe Cap-Ras, sauvage et rocheuse à souhait. Après en avoir fait le tour, il pique-nique non loin de la belle plage del Borro, réservée aux naturistes.







De retour à Llança, c’est presque intégralement par le chemin côtier – poussant souvent le vélo, et parfois même le portant pour franchir quelques marches – que Gérard rejoint le phare de s’Arannella, distant de 5km. Un parcours agréable qui offre de superbes vues sur la côte très découpée.








Après un ultime arrêt à Port de la Selva où nous étions lundi, il ne lui reste plus qu’à rentrer à Roses par la route de Cadaqués, bouclant ainsi ce beau tour de 60km pour 500m de dénivelé positif.



Autant dire qu’en découvrant les photos faites pendant la journée, j’ai beaucoup regretté de ne pas avoir effectué cette superbe balade… Pour info, nous avons prévu de quitter cette superbe région de l’Alt Emporda mi-mai, après cinq mois de séjour où nous aurons littéralement écumé toutes les balades et visites de la comarca. D’ici là, je ne pense pas que nous republierons d’articles, mais comme assurément nous ferons encore de petites sorties dans les environs de Roses, nous posterons les photos sur notre page Facebook et dans la rubrique dernières nouvelles du blog…
- INFOS PRATIQUES
- Camping Joncar Mar, Roses. Idéalement placé, à 100m de la mer, 10mn à pied du centre-ville et autant des supermarchés. Accueil très sympathique. Sanitaires propres et chauffés. Restaurant et épicerie ouverts toute l’année. Piscine en saison. Wifi efficace, payant (15€ les 50h, autres forfaits moins chers possibles). Electricité 6A (mais possibilité d’obtenir une seconde prise pour 50€ / mois). Environ 11.50€ la nuit, pour 2 adultes, 1 camping-car, l’électricité et les taxes dans le cadre d’un long séjour. On recommande !
- Office de Tourisme de Roses, en semaine 10h-14h & 15h-18h, le we 10h-13h. Accueil sympathique et compétent. Brochures et cartes gratuites pour les randonnées à pied / à vélo dans les environs.
- Boucle à vélo Roses / Monastère Sant Pere de Rodes / Port de la Selva / retour par la route de Cadaqués, 52km, 850m+ (attention, ne pas suivre les « conseils » du GPS de Google map qui indique parfois un itinéraire totalement inaccessible aux vélos !)
- Boucle à vélo Roses / Llança / Punta Cap Ras / Port de la Selva / retour par la route de Cadaqués, 55km, 500m+ (en passant par le chemin côtier de Llança au Phare s’Arannella, prévoir quelques kilomètres de plus, et beaucoup d’énergie pour pousser / porter le vélo !)
Bonjour les amis
J’espère que Gerard avait pris ses jumelles pour aller à la plage Del Borro…😇
Sinon, toujours plein de beaux paysages et des commentaires très agréables à lire. Bravo à tous les deux
Amitiés
Pierre
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Hello ! Concernant la plage, Gérard précise qu’il y avait très peu de monde (et jamais il n’aurait osé regarder !!!!!!!).
Amitiés
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