Jeudi 11 février
Le ciel affichant ce matin un bleu sans nuage, nous partons à vélo vers 9h15 et prenons sans attendre la direction de Cadaqués. Cela fait longtemps que nous souhaitions faire cette balade, mais nous attendions une météo idéale, et surtout une absence de vent. Sitôt sortis de Roses, le ton est donné : la route grimpe régulièrement, mais de manière assez soutenue jusqu’à la bifurcation vers la zone militaire. Pendant 5km, et sur 280m de dénivelé positif, nos mollets ne chôment pas – surtout ceux de Gérard qui monte avec un vélo SANS assistance électrique ! Comme nous avions déjà découvert cette portion de route lors d’une précédente balade, on ne traine pas. En revanche, dans la descente, on prend le temps d’effectuer plusieurs arrêts. Le paysage est superbe : côté mer, on commence à apercevoir les façades blanches des maisons qui font la renommée de Cadaqués, et côté montagne, on est cernés par les oliviers, les cactus et le mimosa en fleur. Magnifique !





C’est donc à petite vitesse que nous atteignons le centre-ville, à 10h30, avec la sensation d’être arrivés au bout du monde ! Une impression pas si fausse que ça d’ailleurs car, jusqu’au début du XXe siècle, Cadaqués s’atteignait principalement par la mer. Les pirates, profitant de l’isolement du site, venaient souvent se réfugier dans les criques de la ville, après avoir attaqué les navires en haute mer. Après un détour par l’Office de Tourisme où on récupère de la documentation pour nos futures randos, on parque nos vélos. Il est plus agréable de découvrir les environs à pied, on part donc directement vers le sud, en suivant la promenade qui longe la mer. Rapidement on rejoint la petite plage du Port d’Alguer, dominée par l’église Santa Maria. Et là, on enchaine les oh et les ah, signe que la beauté des lieux nous laisse béats d’admiration !




Çà et là, des reproductions de tableaux de Salvador Dali – malheureusement un peu défraichis par les embruns – nous rappellent que le peintre a longtemps élu domicile dans la commune où il possédait une maison du côté de Portlligat – maison que l’on espère visiter dès qu’elle rouvrira ses portes. Et si Cadaqués peut aujourd’hui s’enorgueillir de ne pas avoir été défigurée par le béton, c’est justement grâce à Dali qui l’a défendue contre les promoteurs immobiliers.





Plutôt que de remonter la rue du Docteur Bartomeus, on descend un escalier qui rejoint un étroit cheminement côtier. Là, presque au niveau de la Punta des Fosso, on bénéficie d’un splendide panorama sur le village !



On poursuit vers la plage des Llané Gran, bordée de belles maisons aux murs blanchis, parfois recouverts de bougainvilliers. On passe ensuite devant la Casa Costa – dont le style particulier ne s’intègre pas franchement à l’urbanisme local – avant d’abandonner, par erreur, le chemin côtier.





On se retrouve ainsi dans une belle propriété que l’on traverse pour gagner une sorte de promontoire rocheux. D’ici, la vue sur Cadaqués est encore plus saisissante qu’ailleurs !




Comme on finit par comprendre que le terrain est privado – mais sans barrière, d’où notre méprise – on ne s’attarde pas et on descend vers le petit pont qui enjambe un bras de mer pour rejoindre une minuscule ile. Une fois de plus, on bénéficie, du haut du mirador, d’un point de vue exceptionnel sur les environs !




Parvenus à ce point, on se dit qu’il est peut-être temps de rebrousser chemin car, si on s’écoute, on va rapidement se retrouver au Phare de Cala Nans – phare qui sera le but d’un rando prochaine. Cette fois, on évite la traversée par la propriété, on passe par la plage des Sortell et on emprunte le sentier côtier jusqu’à l’extrémité sud de la plage des Llané Gran.




Puis, un peu au hasard, on s’enfonce dans les ruelles bien pentues de Cadaqués. On remarque que souvent, le sol est composé de morceaux de pierre d’ardoise placés en position verticale : c’est à la fois original, esthétique et malin, car cette forme d’épi est conçue pour absorber l’eau et rendre ainsi la chaussée peu glissante en cas de pluie.


On parvient à l’église Santa Maria qui domine les toits du village ; pas de bol, la lumière – censée fonctionner avec une pièce de 1€ – ne s’allume pas ! Résultat, on ne peut que deviner dans l’ombre le beau retable baroque haut de 23m… Pour la petite histoire, il faut savoir que la première église fut détruite par le pirate turc Barbe Rouge qui assiégea les lieux en 1543. L’édifice fut par la suite reconstruit avec l’argent provenant des amendes que payaient les pêcheurs quand ils sortaient en mer les jours où il leur était interdit de le faire !




Cette petite balade au grand air nous ayant ouvert l’appétit, on redescend en bord de mer, et on s’installe sur la terrasse du restaurant Lo Sai. Celle-ci se remplit vite, il faut dire que bon nombre d’établissements sont encore en vacances d’hiver. On se régale en choisissant, à la carte, acras de morue, sardines grillées, palourdes à l’ail et succulents calamars grillés, le tout arrosé d’une bouteille de Sinols blanc de l’Emporda, un blanc local goûteux qui devrait favoriser notre remontée vers Roses !


Mais avant d’imaginer – et d’affronter ! – la belle côte qui nous attend, on fait un dernier tour de la baie, vers le nord cette fois. On passe d’abord devant la jolie et surprenante Casa Serinyana – aussi appelée Casa Blaua – dont le bleu des volets et des détails ornementaux tranche avec la blancheur des murs. La maison, réalisée dans un style moderniste, date de 1915. A cette époque, nombreux furent les habitants à s’exiler vers l’Amérique latine – et principalement Cuba – pour y faire fortune. Une fois enrichis, ces Indianos revinrent au pays et se firent construire de magnifiques bâtisses, inspirées du design et de la décoration des constructions cubaines.




On s’offre un ultime coup d’œil sur le village, sous un autre angle cette fois puisque nous sommes installés sur un petit promontoire de l’avenue Victor Rahola. Décidément, on peine à s’arracher à ce somptueux paysage…


Vers 14h45, on reprend tout de même nos vélos – et notre courage – et après un tour dans un magasin de poteries locales, on attaque la remontée. Là encore, on prend le temps de faire quelques arrêts, notamment pour lire les nombreux slogans pro-catalans peints sur les murs, le long de la route…


Dans un style plus naturel, on observe également les curieuses roches qui parsèment la campagne, des schistes métamorphiques aplatis en feuilles, autrefois très utilisés pour construire murets et maisons. Au détour d’un virage, on aperçoit une dernière fois le clocher de l’église de Cadaqués, et au loin l’ilot rocheux El Cucurucuc souvent représenté dans les toiles de Dali…





Mais ce n’est qu’un au revoir, nous reviendrons prochainement peaufiner notre découverte des lieux et effectuer quelques randos vers le Cap de Creus, Portlligat et le Phare de Cala Nans. En attendant, il nous faut encore donner quelques coups de pédales vigoureux pour atteindre le col, avant de se laisser glisser sans fatigue jusqu’au camping. Le retour aura été plus rapide que l’aller – une petite heure à peine, pauses photo comprises – ce qui nous encourage à privilégier le vélo pour nos prochaines sorties à Cadaqués !
- INFOS PRATIQUES
- Camping Joncar Mar, Roses. Idéalement placé, à 100m de la mer, 10mn à pied du centre-ville et autant des supermarchés. Accueil très sympathique. Sanitaires propres et chauffés. Restaurant et épicerie ouverts toute l’année. Piscine en saison. Wifi efficace, payant (15€ les 50h, autres forfaits moins chers possibles). Electricité 6A (mais possibilité d’obtenir une seconde prise pour 50€ / mois). Environ 11.50€ la nuit, pour 2 adultes, 1 camping-car, l’électricité et les taxes dans le cadre d’un long séjour. On recommande !
- Office de Tourisme de Cadaqués, 9h-13h & 15h-19h, fermé le dimanche. Très bon accueil, idéal pour récupérer le plan de la commune et la carte des randos.
- Accès à vélo Roses / Cadaqués, 36km & 580m+ pour l’AR, prévoir 1h / 1h15 par AS. Route agréable, assez peu de trafic. Possibilité d’aller à Cadaqués en bus pour ceux qui ne souhaitent pas pédaler ou prendre leur voiture. Pour l’accès en véhicule, parking à l’entrée du village. L’été, il existe des liaisons maritimes avec Roses, et arriver par la mer doit être très agréable !
- Balade dans Cadaqués : mieux vaut poser les vélo et privilégier la marche ; le tour décrit dans le post ci-dessus est facile à réaliser, 5km, 100m+. On conseille restaurant Lo Sai, accueil sympathique, bonne cuisine et terrasse, compter 75€ pour 2, pourboire compris, avec des plats à la carte et une bouteille de vin. Menu disponible à 25€. Réservation recommandée.
Quelle chance de visiter ce village (et la région !) sans touristes !!! C’est très joli et je vous envie ! Bonne continuation !
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Merci ! Oui, c’est vrai, on a eu beaucoup beaucoup de plaisir à découvrir ce superbe village sans presque personne… Du coup, on va y retourner dès que le soleil reviendra !!!
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