Dimanche 4 octobre
Comme prévu, le réveil sonne à 4h45… Ça pique un peu ! Mais on a l’habitude de ces levers très matinaux, et on ne traine pas à se préparer. On attaque – comme chaque jour ! – par la grimpette à vélo vers la gare, puis on enchaine les trains de Lungern à Arth-Goldau via Lucerne où, pour la première liaison, nous sommes les seuls voyageurs ! Le jour pointe à peine quand on parvient à la gare du train à crémaillère pour le Rigi et on profite de notre avance pour regarder quelques photos anciennes de cette très vieille ligne ferroviaire en attendant le premier départ de 8h08…




En effet, c’est en 1871 que Riggenbach construisit le premier chemin de fer de montagne – à crémaillère – d’Europe pour rejoindre sans peine le sommet du Rigi, situé à 1798m. A cette époque, seule la ligne Vitznau / Rigi – dont nous emprunterons une section pour redescendre – était en service, et il faudra attendre 1875 pour que celle partant de Arth-Goldau soit mise en service. Côté couleur, c’est assez simple : le train qui vient de Vitznau est rouge, et celui qui vient d’Arth-Goldau est bleu !

Un peu avant 9h, le petit tortillard nous mène presque au sommet du Rigi, à 1798m d’altitude. Les deux wagons sont quasiment vides, tout au plus une dizaine de personnes empruntent la ligne à cette heure matinale. Pour avoir une vue à 360° sur les montagnes environnantes, on grimpe à pied pendant quelques minutes et là… le spectacle est tout simplement époustouflant ! Par temps clair, on peut même voir jusqu’au Jura et aux Vosges… Et en contrebas, la vue sur le lac des Quatre-Cantons et celui de Zoug est vraiment majestueuse.





On redescend de quelques mètres et on mange un croissant à l’hôtel situé en contrebas du sommet ; difficile d’imaginer qu’un premier établissement fut ouvert ici au début du XIXe siècle, hébergeant juste sept marcheurs pour la nuit. Soixante-dix ans plus tard, c’est un hôtel de près de 700 lits qui ouvre ses portes, pour accueillir la nombreuse clientèle qui se presse sur la Reine des Montagnes. Depuis, celui-ci a été mis au goût du jour, mais bizarrement, on le trouve plutôt froid, sans charme aucun…


Un des premiers touristes à se rendre sur le Rigi, dans le seul but d’en apprécier la vue, fut Johann Wolfgang Goethe, en 1775. Il n’avait que 26 ans mais était devenu célèbre une année plus tôt avec la publication de Werther. Le lendemain de son ascension, enthousiasmé par l’expérience qu’il venait de vivre – à l’époque, il n’y avait ni hébergement possible, ni train – il déclara : ce fut un spectacle unique, jamais vu et qui ne se répétera jamais.

Par la suite, de nombreuses personnalités ont gravi cette montagne – entre autres, Mark Twain, William Turner, Victor Hugo, et même la reine Victoria qui s’y faisait monter en chaise à porteurs – créant ainsi les prémices du tourisme alpin moderne. Au début du XXe siècle, les foules se pressent sur les pentes tantôt verdoyantes, tantôt enneigées de cette montagne si facile d’accès depuis l’ouverture des deux lignes de chemin de fer. Pour preuve, en 1910, près de 140.000 visiteurs l’empruntent ! Pourtant, la première guerre mondiale sonne le glas de ce bel engouement pour le Rigi, et depuis le massif peine à retrouver sa gloire d’antan, même si de nos jours, les deux lignes de trains à crémaillère transportent plus de 600.000 passagers chaque année. Et depuis les années 1950, plusieurs vieux hôtels ont été détruits, d’autres ont été reconstruits, sans toutefois retrouver l’engouement d’autrefois.

Pour nous, c’est surtout l’absence de plan d’urbanisme global et le manque d’homogénéité architecturale qui nous frappe le plus. En effet, les alpages sont parsemés, ça et là, d’ancestrales fermes encore en activité, de vieux hôtels décrépis et de bâtiments bétonnés bien plus récents…



Néanmoins, cela ne nous empêche pas de profiter du sublime paysage, égayé par le va-et-vient ponctuel des petits trains rouges et bleus. D’ailleurs, la rando que l’on entreprend depuis le sommet suit en partie les rails… Après le sentier de dahu dévalé dans la douleur sur le Stanserhorn mardi dernier, on apprécie cet agréable chemin, si large qu’il est même accessible aux poussettes !!!





Après avoir dépassé les gares de Rigi-Staffel et de Rigi-Staffelhöhe, on bifurque vers Kanzeli, un superbe point de vue d’où l’on domine le lac des Quatre Cantons. Devant un tel panorama, notre pique-nique prend des allures de relais gastronomique !










Face à nous, le Stanserhorn nous rappelle la jolie, mais difficile, descente de mardi : d’ici, on appréhende bien mieux le fort dénivelé que nos genoux ont encaissé ! (sur les photos ci-dessous, j’ai entouré en rouge la gare d’arrivée du CabriO, et le chemin vraiment casse-pattes parcouru jusqu’à la gare inférieure du téléphérique).


Toujours sur un chemin très doux – nos articulations revivent ! – on rejoint Rigi-Kaltbad First, à 1433m. On s’attendait à une petite gare perdue dans la montagne, et finalement, on se retrouve devant une station de montagne bien développée, avec hôtels, résidences, commerces et même beau mini-golf ! Alors que l’on se dirige vers la gare, on a la chance d’apercevoir une vieille loco à vapeur, poussant ses wagons jusqu’au sommet du Rigi.



En ce qui nous concerne, c’est en train plus classique – électrifié – que l’on descend jusqu’à Vitznau les 900m de dénivelé négatif restant. Si dans ce sens, nous ne sommes pas trop nombreux, en revanche, les trains qui montent affichent complet !




Sans transition, on embarque sur le bateau de ligne qui sillonne le lac des Quatre-Cantons.




Là encore, on apprécie la vue sur les villages qui le borde, l’angle lacustre étant également très agréable pour l’œil ! Et quel beau moyen de boucler ce magnifique circuit bien varié et riche en découvertes…









Après une petite heure de navigation, on arrive à Lucerne qui aujourd’hui resplendit sous le soleil !




Il nous reste à reprendre notre train pour Lugern… Demain, nous quitterons cette jolie région très rurale – avec le petit regret de ne pas avoir pu faire toutes les randos prévues à cause d’une météo très capricieuse – et nous mettrons le cap sur Unterägeri, un village situé non loin de Zoug. Malheureusement, de nouveau, le ciel s’annonce pluvieux…
Un grand merci à Melina, Letitzia et Luc, ainsi que My Switzerland / Suisse Tourisme et Swiss Travel Pass pour l’aide apportée dans l’organisation de nos transports et les différents accès aux musées !
- INFOS PRATIQUES
- Camping Obsee, à Lungern, un petit village situé entre Brienz et Sarnen. Agréablement posé au bord d’un joli lac, le camping est toutefois un peu excentré de la ville (10mn de marche) et surtout de la gare (25mn à pied, 10mn à vélo, belle grimpette !). Accueil un peu frais. Emplacements non délimités, mais certains possèdent des rails de stabilisation pour les cc (important en cas de pluie pour ne pas s’embourber). Sanitaires très agréables et bien chauffés. Restaurant, machine à laver, sécheuse. Wifi (mais pas sur toutes les places, réseau 3G / 4G ok). Nombreuses randos dans les environs proches. CHF 24-. la nuit pour deux adultes, l’électricité et les taxes (avec la carte ACSI).
- Swiss Travel Pass,la carte idéale pour des voyages illimités dans les trains, bus et bateaux et transports publics urbains. De plus, ce pass permet l’entrée libre dans plus de 500 musées et offre des réductions sur de nombreuses remontées mécaniques. Bonus : Trains de montagne Rigi, Stanserhorn et Stoos inclus ! Voir la carte du rayon de validité. Le Swiss Travel Pass s’adresse aux touristes étrangers. Seules les personnes domiciliées en dehors de la Suisse et de la Principauté de Liechtenstein peuvent se le procurer. Au choix, plusieurs durées de validité :
- 3 jours consécutifs 228€ en 2nde classe ou 362€ en 1ère classe,
- 4 jours consécutifs 276€ en 2nde classe ou 439€ en 1ère classe,
- 8 jours consécutifs 410€ en 2nde classe ou 651€ en 1ère classe,
- 15 jours consécutifs 503€ en 2nde classe ou 795€ en 1ère classe
- De Lucerne, on conseille le circuit suivant pour passer une belle journée au Rigi :
- Train Lucerne => Arth Goldau, 35mn, plusieurs départs par heure (voir SBB / CFF), CHF 13-./ inclus Swiss Travel Pass.
- Train à crémaillère Arth Goldau => Rigi Kulm, 45mn, on conseille de prendre le premier train (à 8h08 début octobre), CHF 45-. / inclus Swiss Travel Pass.
- A pied, Rigi Kulm => Rigi Kaltbad First, via Kanzeli, prévoir 1h30 sans se presser, mais sans les arrêts, environ 350m de dénivelé négatif. Chemin agréable, sans difficulté. Nombreux bancs qui appellent à la méditation ! Egalement deux aires de barbecue (bois fourni). En chemin et à Kaltbad, plusieurs restaurants.
- Train à crémaillère Rigi Kaltbad First => Vitznau, 25mn, CHF 33-. / inclus Swiss Travel Pass.
- Bateau Vitznau => Lucerne, 1h, CHF 56-. / inclus Swiss Travel Pass.
Je ne me lasse pas de lire vos péripéties !!
Merci Sophie , et de regarder les superbes photos ! Merci Gérard !!!!
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Merci ! On se régale, mais malgré le temps moyen où on jongle avec la pluie, on a presque réussi à boucler notre programme ! Bon voyage à vous en Bretagne, qui est aussi une très belle région…
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Superbe, vous nous régalez les amis avec ces magnifiques endroits que vous traversez. Merci de nous en faire si joliment profiter… les photos sont superbes et la pointe d’humour des commentaires toujours appréciée. Bon voyage les amis avec la pluie, le vent , la neige et surtout le soleil le plus souvent possible, et la bonne humeur toujours.
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Merci pour ce beau commentaire ! On pense bien à vous, surtout dans cette période où les nouvelles de France sont sinistres… Amitiés
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