J’aimerais tant voir Syracuse…

Samedi 1er février

Vers 9h, on quitte notre appartement de Mascali et une heure trente plus tard, on arrive à Syracuse, une ville dont le nom évoque immédiatement le passé grec, la période des tyrans, et celle de sa rivalité avec Athènes et Carthage. A moins que ce ne soit la chanson de Salvador qui, immanquablement, s’impose à nos oreilles… Après avoir déposé nos bagages dans notre nouveau logement, on part rapidement à pied vers l’ile d’Ortygie.

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Syracuse – Ile d’Ortygie
Italie - 1357
Syracuse – Ile d’Ortygie – Vue sur la ville moderne

Une fois passé le pont, on se dirige d’abord vers la rive est. Mais là, il faut bien reconnaitre que, sur le moment, on est un peu déçus. Les bâtiments ne sont pas en bel état, les ruelles manquent de charme, et on peine à percevoir les beautés de cette ville vantée par tous les guides. C’est finalement en pénétrant sur la piazza Archimede – l’enfant du pays – que la magie opère, et on est immédiatement conquis par la quiétude de cette jolie place entourée de palais, et au centre de laquelle trône la majestueuse fontaine de Diane.

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Syracuse – Ile d’Ortygie – Fontaine de Diane
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Syracuse – Ile d’Ortygie

On poursuit la balade en empruntant la via Roma, étroite et piétonne, et dont les quelques boutiques ouvertes proposent un artisanat original.

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Syracuse – Ile d’Ortygie – Via Roma
Italie - 1363
Syracuse – Ile d’Ortygie – Via Roma

Rapidement, on bifurque vers la piazza Minerva, vaste esplanade un peu vide qui longe la cathédrale. On débouche ensuite sur la piazza Duomo, et instantanément, on comprend pourquoi Syracuse attire les visiteurs du monde entier ! La place est tout simplement sublime, bordée de palais baroques et d’églises.

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Syracuse – Ile d’Ortygie – Piazza Duomo
Italie - 1366
Syracuse – Ile d’Ortygie – Piazza Duomo

On visite le Duomo dont l’histoire est assez singulière. En effet, depuis l’Antiquité, le site abrite un lieu de culte. Après un premier temple bâti au VIe siècle avant JC, un second lui succède pour rendre hommage à Athéna après la victoire sur les Carthaginois, en 480 avant JC. Au VIIe siècle après JC, ce sont les Chrétiens qui investissent les lieux en englobant le vieux temple grec à un nouvel édifice. Des murs sont élevés pour combler les ouvertures entre les colonnes du péristyle et des arcades sont percées. Par la suite, on suppose que les Arabes ont transformé le monument en mosquée, avant de repasser aux mains des Normands, pour enfin être une dernière fois modifié après le tremblement de terre de 1693 qui avait provoqué l’effondrement de la façade.

Italie - 1364
Syracuse – Ile d’Ortygie – Duomo

Le plus étonnant, c’est qu’une fois posé le pied à l’intérieur de la cathédrale, on est immédiatement plongé au cœur de son histoire. En effet, l’œil est d’abord attiré par les énormes colonnes doriques qui maintiennent la structure du bâtiment. Puis peu à peu, on s’attarde sur les lustres évoquant l’époque médiévale, tandis que le plafond de la chapelle rappelle sans équivoque la splendeur baroque de l’édifice. Très surprenant !

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Syracuse – Ile d’Ortygie – Duomo
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Syracuse – Ile d’Ortygie – Duomo – Belles colonnes doriques
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Syracuse – Ile d’Ortygie – Duomo

Dans une salle annexe, une petite expo sur Sainte Lucie présente des reliques de la patronne de la ville, dont son manteau, dont on peut dire qu’il a bien passé les siècles. Selon la légende, Lucie vivait à Syracuse dans une riche famille noble. Depuis son enfance, elle vénérait le Christ et la vierge martyre sicilienne sainte Agathe et avait fait le vœu d’une virginité perpétuelle. Ses parents l’ayant promise à un fiancé, celui-ci entra dans une rage folle quand il apprit la décision de la jeune fille de ne plus se marier, et il la dénonça au consul comme ennemie des divinités de l’Empire. La sanction fut sans appel : Lucie serait violée et torturée… C’est à ce moment que le Saint-Esprit intervint en rendant le corps de Lucie parfaitement immobile et intransportable. Même un attelage de mille hommes et mille paires de bœufs ne put la déplacer. Pris de fureur, le consul fit alors verser sur elle de la poix, de la résine et de l’huile bouillantes, lui arracha les yeux, puis la fit rôtir sur un bûcher. Mais les flammes ne lui firent rien et elle continua à chanter dans le feu les louanges du Christ. Alors on lui enfonça une épée dans la gorge, mais elle ne mourut pas tout de suite. Et c’est seulement quand un prêtre vint lui porter la communion qu’elle rendit l’âme…

Après cette passionnante visite, on retourne via Roma et on s’installe sur une terrasse au soleil, pour le déjeuner. Au menu : des bruschettas toutes simples, mais savoureuses. Rassasiés, on se remet en marche, et les nombreuses façades de palais nous rappellent le passé prestigieux de la ville.

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Syracuse – Ile d’Ortygie – Non, Gérard n’a pas brusquement rajeuni…

On arrive enfin au bout de l’ile. Ici, la célèbre fontaine Aretusa attire tous les visiteurs, et ce depuis l’Antiquité, car il s’agit d’une source d’eau naturelle qui jaillit juste en bord de mer. Et originalité supplémentaire, de nombreux papyrus sauvages poussent spontanément au centre de la résurgence !

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Syracuse – Ile d’Ortygie
Italie - 1380
Syracuse – Ile d’Ortygie – Fontaine Aretusa

On termine la balade par un nouveau passage dans les petites ruelles de la ville, puis après une bonne glace pistache / noisette, on prend le chemin du retour. Dire que Syracuse nous a fait tomber à la renverse serait mentir, mais on a tout de même beaucoup apprécié le quartier autour de la cathédrale et la piazza Duomo.

Dimanche 2 février

Après la découverte de la vieille ville hier, ce matin, nous partons à pied visiter les ruines archéologiques de Néapolis. Nous sommes les premiers devant le site et bonne surprise, l’entrée est gratuite le premier dimanche du mois en hiver. C’est donc tranquillement que nous profitons du superbe Théâtre grec, l’un des plus grands monuments de l’Antiquité. Avec un diamètre de 138m, il pouvait accueillir 15.000 spectateurs. Entièrement creusé dans la roche en exploitant l’inclinaison naturelle de la colline, sa construction remonte au Ve siècle avant JC. Par la suite, les Romains transformèrent la scène et l’orchestre, de manière à les adapter à leurs conceptions du spectacle et de l’art dramatique. Enfin, au XVIe siècle, le lieu fut détourné de sa fonction première quand les Espagnols y installèrent des moulins à eau.

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Syracuse – Parc archéologique de Néapolis – Théâtre grec
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Syracuse – Parc archéologique de Néapolis – Théâtre grec – Du haut des gradins, on aperçoit la mer…
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Syracuse – Parc archéologique de Néapolis – Théâtre grec

Au sommet du théâtre, la Voie des Sépulcres est bordée de murs qui abritaient des hypogées – sépultures souterraines – d’époque byzantine et des niches votives où l’on déposait des offrandes. Non loin la Grotte de Nymphée est toujours alimentée en eau par un aqueduc grec long de 35km qui rejoint le rio Bottigliero, lui-même affluent de la rivière Anapo. Laissé à l’abandon au Moyen-Age, l’aqueduc a été de nouveau exploité pour faire fonctionner les moulins espagnols.

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Syracuse – Parc archéologique de Néapolis – Voie des Sépulcres
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Syracuse – Parc archéologique de Néapolis – Grotte de Nymphée

Non loin du théâtre, on a une belle vue sur les latomies, d’anciennes carrières où les Grecs s’approvisionnaient en blocs de calcaire pour construire édifices publics, temples ou grandes maisons. Malheureusement, le chemin qui serpente au pied de ces immenses falaises est fermé au public, comme bon nombre de sentiers d’ailleurs. On a même l’impression que le parc archéologique est peu entretenu et fonctionne sur ses acquis, ne permettant aux visiteurs de ne voir que les monuments considérés comme majeurs. Et c’est bien dommage, car la Syracuse antique était une puissante ville, capable de rivaliser avec Athènes ou Carthage, ses deux meilleures ennemies !

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Syracuse – Parc archéologique de Néapolis – Latomies

On peut tout de même découvrir la célèbre Latomie du Paradis, plus connue sous le nom d’Oreille de Denys. C’est le Caravage qui a ainsi surnommé la grotte, tant à cause de sa forme qui rappelle le pavillon d’une oreille, qu’en raison de la légende selon laquelle le tyran Denys l’Ancien, grâce à l’acoustique exceptionnelle du lieu, pouvait espionner les conversations de ses ennemis qu’il emprisonnait là. Même si on n’a pas essayé d’y chanter – avec un si beau soleil, ça aurait été dommage d’appeler la pluie – on a, nous-aussi, constaté qu’entre ces hautes parois, la moindre parole résonnait très fortement.

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Syracuse – Parc archéologique de Néapolis – Oreille de Denys
Italie - 1397
Syracuse – Parc archéologique de Néapolis – Oreille de Denys

On termine cette plongée dans le monde antique par la visite de l’Amphithéâtre romain, un peu excentré du site principal. Là encore, les travaux en cours nous empêchent d’en faire le tour… Ici aussi, on donne dans le superlatif : taillé dans le roc entre les Ier et IIIe siècles, l’édifice pouvait accueillir 20.000 spectateurs, ce qui en fait le plus grand amphithéâtre de Sicile, et on y présentait principalement des combats de gladiateurs.

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Syracuse – Parc archéologique de Néapolis – Amphithéâtre romain
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Syracuse – Parc archéologique de Néapolis – Amphithéâtre romain
Italie - 1403
Syracuse – Parc archéologique de Néapolis – Amphithéâtre romain

Après près de deux heures de balade dans l’histoire, on retourne dans le présent en jetant un œil rapide au Sanctuaire della Madonna delle Lacrime. Cet immense bâtiment conique en béton armé, haut de 74m, a été construit à la suite d’un phénomène bien étrange survenu en 1953, quand un tableau de la Madone se mit à pleurer. D’emblée, son architecture extérieure ne nous emballe guère – alors que d’habitude, on est fans de toutes les réalisations modernes originales.  Mais alors, le pompon – ou la pistache sur le cannollo, comme on dit par ici – c’est l’intérieur du sanctuaire : sombre et lugubre à pleurer (comme la Madone !)…

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Syracuse – Sanctuaire della Madona delle Lacrime

Comme il est encore tôt – à peine 11h – on retourne sur l’ile d’Ortygie. Après un arrêt devant la statue d’Archimède qui toute sa vie vécut à Syracuse, on traverse la vieille ville pour prendre un café face à la fontaine de Diane, avant d’aller déjeuner d’une excellente pizza non loin de là.

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Syracuse – Un régal, ces pizzas ! A gauche, une capriciosa assez classique, et à droite, une biancaverde à base de ricotta et pistou de pistaches…

INFOS PRATIQUES

  • Casa Francesca, idéalement situé au coeur de la ville moderne, à 15mn à pied des ruines archéologiques, et dans l’autre sens de l’ile d’Ortygie. Appartement confortable, bien équipé avec cuisine et salle de bain privée. Beau patio pour prendre le soleil. Wifi, machine à laver. Accueil très sympa. 28€ la nuit via Booking.com
  • Balade sur l’ile d’Ortygie, ruelles, piazza d’Archimede et fontaine de Diana, piazza Duomo, cathédrale (2€), fontaine Aretusa – Ne pas hésiter à se perdre dans les petites rues pour une découverte complète du site. Prévoir une demi-journée de visite.
  • Parc archéologique de Neapolis, 8h30-17h, ferme à 12h30 le dimanche, 10€, entré gratuite le premier dimanche du mois en hiver (une bonne surprise pour nous !)

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