Mardi 14 janvier
Après un lundi très tranquille, on reprend du service ce matin : à 8h, on quitte le camping avec notre petite Panda. On met le cap sur Sélinonte, une ancienne cité grecque très florissante, que l’on atteint en une heure de route. On est les premiers à pénétrer sur l’immense site scindé en deux parties : sur la colline est se dressent les temples, tandis que sur celle de l’ouest sont implantées l’acropole et la cité antique. Fondée au VIIe siècle avant JC par des colons grecs, Sélinonte compte 80.000 habitants à son apogée et jouit d’une influence économique et culturelle sur tout l’Ouest sicilien. Pendant quatre siècles, la ville se développe, en partie grâce à ses terres fertiles permettant une ample production de blé. Les contacts commerciaux avec Ségeste, la voisine phénicienne, sont bons mais cela n’empêche pas les deux colonies de s’affronter dans une guerre qui, à terme, verra l’extinction des deux cités. En 409 avant JC, Sélinonte est anéantie par les Carthaginois, leurs anciens alliés désormais associés à Ségeste. Ironie de l’histoire, ce sont ces mêmes Carthaginois qui reconstruisent la ville un an plus tard, avec l’aide des Grecs. Finalement, pour échapper à l’invasion romaine, Sélinonte est rasée par ses habitants eux-mêmes en 241 avant JC. A partir de cette date, le site est partiellement occupé mais jamais il ne retrouvera son faste d’antan…

On commence par visiter la colline orientale qui rassemble les vestiges de trois temples de style dorique construits aux VIe et Ve siècles avant JC. Comme les archéologues ne savaient pas avec certitude à quelles divinités ces temples étaient dédiés, ils les ont désignés par des lettres.

Et le premier qui nous fait face, le temple E, est superbe ! Relevé en 1957, on suppose qu’il était consacré à Héra. Comportant 38 colonnes, c’est le deuxième plus grand temple du site et plusieurs métopes en bon état – des sculptures installées au-dessus des chapiteaux de colonnes et de l’architrave – ont été retrouvés.



On passe rapidement à côté du temple F dont il ne subsiste pas grand-chose !

Quelques mètres plus loin, ce sont les ruines du temple G qui nous interpellent. Rien qu’à observer l’amas de morceaux de colonnes, de bouts de chapiteaux ou d’architraves, on comprend instantanément que l’édifice était immense. Construit entre -540 et -480, le temple fut détruit par les Carthaginois avant même qu’il ne soit achevé, d’où – à notre avis – la présence de colonnes non cannelées. Couvrant une surface de 6120m2 – 17 colonnes sur la longueur et 8 sur la largeur – c’est l’un des plus grands temples du monde antique. Peut-être consacré à Apollon ou à Zeus – les archéologues n’ont pas tranché la question – ce temple était tout simplement gigantesque, comme l’attestent les colonnes de 3.50m de diamètre pour 16m de haut. Et que dire de ces éléments de pignons pesant jusqu’à 70 tonnes, et autrefois ajustés au millimètre pour être ensuite juchés à 20m de haut : les procédés de construction de ces temples nous laissent sans voix… Vraiment impressionnant, ce chaos de pierres !





Installé à proximité des trois temples, le musée présente une belle collection d’objets mis au jour par les archéologues. Et on assiste également à un beau montage multimédia projeté sur des colonnes.


A l’extérieur du musée, on bénéficie d’une superbe vue sur la colline occidentale…

Côté infos, on apprécie les nombreux panneaux explicatifs présents sur le site, dont certains reproduisent les temples tels qu’ils étaient à l’époque, nous rappelant que ceux-ci étaient à l’origine polychromes.




Il y a également des gravures et photos datant des XVIIIe, XIXe et XXe siècles qui nous permettent de constater que le site a été modifié soit par les tremblements de terre, soit par la main de l’homme…



Allez, après plus de deux heures passées sur cette première zone, on jette un dernier coup d’œil au beau temple E, puis on reprend la voiture pour gagner la seconde partie du site, située à quelques centaines de mètres de là, de l’autre côté d’un ravin.

Côté occidental, on commence par longer une surprenante muraille érigée en escaliers.

Puis on débouche sur l’acropole et la cité antique… Là, parmi le chaos des ruines effondrées au cours de multiples tremblements de terre, seules les 14 colonnes du temple C – datant du VIe siècle avant JC – ont été relevées en 1925.


La balade dans cette antique ville au tracé géométrique est très agréable, et elle permet de nous faire prendre conscience de l’ampleur de Sélinonte. Et le panorama sur la mer est superbe ! On l’aura compris, on a eu un gros coup de cœur pour ce beau site archéologique…




Vers midi et demi, on quitte les lieux, et on déjeune juste devant l’entrée des ruines, dans un petit troquet très sympa. Au menu : brushetta et cannolo arrosés d’une boisson au choix, le tout pour 10€ par personne. Vraiment pas cher pour la qualité des plats servis ! Puis on reprend la route en direction d’Agrigente. On traverse Sciacca sans s’arrêter : cette petite ville d’art vaudra la peine que l’on y revienne un jour pour la découvrir en détails. A 15h30, on arrive à Porto Empedocle, une petite ville située à quelques kilomètres de la Vallée des Temples d’Agrigente. Le Bed and Breakfast Sicily que l’on a réservé pour deux nuits est très agréable, l’accueil est charmant et la chambre très bien équipée et impeccable. En fin d’après-midi, on fait un tour dans les environs puis on dine dans un des nombreux restos de la place principale. Demain, on poursuivra notre tournée des ruines, et pour notre plus grand plaisir, on sera de nouveau plongés au cœur du monde antique…
INFOS PRATIQUES
- Logement : B&B Sicily, situé au cœur de la ville basse Porto Empedocle. Accueil charmant, chambre très bien équipée avec salle de bain privée, balcon et wifi. Cuisine commune. Très bon petit-déjeuner inclus. On peut se garer dans la petite rue mais mieux vaut avoir un petit véhicule. Au pire, le parking vers le port est à 5mn de marche. Une excellente adresse que l’on recommande chaudement ! 34€ la nuit, résa via Booking.com
- Location de voiture, agence InterRent via résa en ligne sur Rentalcar, 47.73€ pour 10 jours (oui, oui, vous avez bien lu, le tarif est absolument incroyable !), pour une Panda quasiment neuve !
Site archéologique de Sélinonte, 9h-17h, ferme à 13h le dimanche et jours fériés, 6€. Prévoir minimum 3h de visite, plus si on rejoint les deux zones du site à pied (peu conseillé en été car pas d’ombre). Eventuellement, une navette est proposée au tarif de 6€ (pas donné !). Pour ceux qui sont véhiculés, parking gratuit dans les deux zones (donc pratique !).