Vendredi 3 janvier
Et rebelote, on se lève vers 7h pour une nouvelle balade dans Palerme. Avant d’aller prendre notre train, on dit au revoir à Martine et Jean-Claude qui poursuivent leur périple sur la côte nord sicilienne. Une belle rencontre et un grand merci pour le pistou de pistache et le bouquet de fleurs !
Vers 9h30, on débarque donc à Palermo Centrale, la gare principale de la ville. Traverser la piazza Giulio Cesare pour rejoindre la via Roma est une épreuve car les feux ne donnent jamais la priorité aux piétons. Quant aux passages protégés, leurs zébrures ne servent qu’à décorer la chaussée. Car ici, l’automobiliste a le pied leste sur la pédale d’accélérateur, et, a priori, il ne comprend absolument pas la nécessité de laisser traverser ceux qui préfèrent aller a pedibus…
Heureusement, on rejoint la via Maqueda, piétonne sur toute sa longueur. C’est vraiment agréable de se promener sans prendre les gaz d’échappement dans le nez !
Après 20mn de marche, on arrive devant le beau Théâtre Massimo, un des plus grands théâtres lyriques d’Europe. Construit entre 1875 et 1891, à son inauguration, il suscita de nombreuses interrogations, et même le roi Humbert Ier d’Italie, déconcerté par sa dimension, déclara : « Palerme avait-elle besoin d’un théâtre aussi grand ? » Il faut dire que la salle peut contenir presque 1640 spectateurs et 700 acteurs sur scène, ce qui est franchement impressionnant ! On ne visite pas l’intérieur, et on se contente de monter le grand escalier extérieur, en faisant attention où on pose nos pieds : en effet, une légende raconte qu’il a été construit sur les ruines d’une ancienne église de nonnes dont certaines tombes auraient été profanées. Depuis, le fantôme d’une de ces sœurs s’amuserait à faire des croche-pieds sur les dernières marches du théâtre pour faire trébucher ses visiteurs…



C’est pourtant bien debout que l’on fait le tour de l’édifice devant lequel attendent les calèches destinées à balader les touristes. On n’est pas spécialement intéressés, mais on ne peut s’empêcher de rigoler en constatant qu’ici, les chevaux sont tous affublés d’un petit chapeau. Sûr que si ces fiers équidés se regardaient dans un miroir, ils se trouveraient peut-être mignons mais un brin ridicules !
On quitte la vaste esplanade pour nous enfoncer dans les petites ruelles. Via dell’Orologio, restos et boutiques d’artisanat se succèdent. On croise même un théâtre de marionnettes « à l’ancienne » où des représentations sont données chaque week-end.


Rapidement, on rejoint l’église Sant’Ignazio all’Olivella, au style baroque et aux belles marqueteries de marbre polychrome.

On poursuit par la visite de l’Oratorio del Rosario di Santa Cita. Même en ne baignant pas du tout dans la religion catholique – ni dans n’importe quel autre dogme, d’ailleurs – on ne peut s’empêcher d’admirer le savoir-faire de Giacomo Serpotta, un immense sculpteur baroque, qui travailla sur ce chef-d’œuvre entre 1686 et 1718. Ici, tout n’est que profusion d’angelots potelés et stucs magnifiquement ciselés. Et certaines statues sont d’une étonnante modernité…



Presque sans transition, on enchaine avec l’Oratorio del Rosario di San Domenico, érigé en 1578, et décoré de stucs par le célèbre Giacomo Serpotta au début du XVIIIe siècle. De nouveau, on est sous le charme de ces petits anges – tous différents ! – qui partagent la vedette avec les très belles figures féminines représentant les Vertus.



On termine notre série « oratoire » par celui consacré à San Lorenzo, peut-être le plus beau d’entre tous. Et c’est de nouveau à Giacomo Serpotta que l’on doit ce chef-d’œuvre ! Installé dans une salle plus petite que les oratoires précédents, les murs sont décorés de tableaux de stucs racontant la vie de Saint François et de Saint Laurent, le sol est recouvert de marbre dessinant des motifs géométriques et les bancs en bois sont délicatement marquetés. Bref, l’ensemble est un vrai petit bijou… Malheureusement, cet oratoire a subi de nombreux vols parmi les figurines de stuc, et en 1969, c’est la tableau de l’autel – la Nativité, du Caravage – qui est dérobé…


Après cette plongée dans les stucs, entourés d’angelots riants, on arrête pour aujourd’hui la visite de bâtiments religieux et on se balade dans les ruelles qui cernent le marché Vucciria. En arrivant devant les étals de poissons, on découvre des installations d’un autre temps… Mais l’ambiance est très sympathique, et on en profite même pour déjeuner sur le marché, les « poissonneries » faisant également office de resto de rue où on achète au poids les produits de la mer qui seront frits. On déguste donc une assiette de calamars, rougets et petits poissons : un régal !


Après une petite balade digestive dans la Kalsa, le cœur historique de la Palerme arabo-normande, on parvient à la dernière étape de la journée – et non des moindres ! – le Museo Internationale delle Marionette Pasqualini.


Les marionnettes – pupi en italien – commencèrent à avoir du succès en Sicile dès le XVIe siècle, quand les nobles s’intéressèrent aux spectacles de ces poupées animées par des fils. A partir du XVIIIe siècle, un public plus large assiste aux représentations, mais c’est surtout entre 1850 et 1950 que le théâtre de marionnettes connait son apogée. Sur l’ile, les pupari – marionnettistes – mettent en scène des histoires de brigands et de Saints ou encore des drames shakespeariens, mais ce sont surtout les reconstitutions de grandes batailles ou les récits chevaleresques qui sont en vogue à cette époque. D’où la profusion de poupées en armure…




En Sicile, l’arrivée des marionnettes était un évènement très attendu, surtout pour les classes défavorisées, et personne n’aurait manqué un spectacle ! Les marionnettistes construisaient donc leurs histoires sous forme de « feuilletons » qui s’étalaient sur plusieurs mois. Chaque spectacle devait comprendre une bataille, et pour que le public se souvienne facilement des épisodes précédents, on lui présentait un panneau partagé en dessins illustrant les temps forts de l’intrigue, panneau qui servait également de placard publicitaire à l’entrée du théâtre !

La collection du musée est particulièrement riche, et expose des dizaines de marionnettes anciennes ou plus récentes.


Quelques salles sont également consacrées aux marionnettes du monde. Passionnant !


Après plus d’une heure de visite, on abandonne – à regret – les pupi et on retourne à la gare, en se perdant une fois de plus dans les petites ruelles du vieux Palerme. Cette seconde journée de visite nous a – comme hier ! – totalement enchantés, tant par la diversité de nos découvertes que par la sympathie des Palermitains rencontrés. Bref, on est tombés sous le charme de cette ville ! Un seul bémol, les poubelles débordant d’ordures et de sacs plastique qui envahissent certains quartiers : pas glamour du tout et sûrement très désagréable à vivre pour les habitants…
Du samedi 4 au lundi 6 janvier
Petites journées tranquilles… On se contente de quelques balades à pied et à vélo dans le village pour prendre un café ou faire quelques courses. Dimanche midi, on déjeune dans un resto du bord de mer. Au menu : calamars, crevettes et petits poissons grillés, pour changer ! On prépare également la suite de notre périple en Sicile et finalement, on va louer une voiture pour explorer les environs et les petits villages difficilement accessibles avec le camping-car. Au prix où le véhicule est proposé – 47€ les 10 jours ! – on n’a pas hésité à opter pour cette formule. Du coup, demain, on file à l’aéroport récupérer Titine, et on enchainera directement avec la visite des ruines de Ségeste…
INFOS PRATIQUES
- Hébergement : Camping Degli Ulivi, situé à Sferacavallo, un quartier au nord de Palerme, à 15km du centre historique. Tout petit terrain d’une quinzaine de places, sanitaires corrects, douche chaude payante, machine à laver. Électricité 16A. Wifi de qualité. Accueil très sympa. Village à proximité, bord de mer, gare à 20mn à pied. 19€ la nuit, 105€ la semaine, 180€ les 2 semaines. Réserver est une bonne idée car souvent complet !
- Accès au centre historique de Palerme en train, toutes les heures dans chaque sens, durée entre 30mn (station Palazzo Reale) et 40mn (Palermo Centrale), 1.70€ AS. Achat des billets à la gare. Si l’automate ne fonctionne pas, régler directement le trajet auprès du contrôleur.
- Balade dans Palerme : nous avons tout fait à pied, environ 6km pour le circuit présenté ci-dessus. Attention, les horaires et jours d’ouverture des oratoires sont donnés à titre indicatif car ils semblent fluctuer d’une saison à l’autre !
- Oratorio Santa Cita, 9h-18h, 5€ billet combiné avec celui de l’oratoire San Domenico
- Oratorio San Domenico, 8h-17h, 9h-13h le dimanche, fermé le lundi, 5€ billet combiné avec celui de l’oratoire Santa Cita
- Oratoire San Lorenzo, 10h-18h, 2€, tarif réduit avec le billet « parcours sacré »
- Mercato Vucciria, ouvert tous les jours, a priori toute la journée, idéal pour manger calamars et poissons frits sur le pouce mais faire attention au prix un peu élevé des produits proposés, entre 25€ et 29€ le kilo ! A titre indicatif, notre assiette nous a couté 10€, ce que l’on a trouvé très raisonnable vu la qualité.
- Museo Internationale delle Marionette Pasqualini, 10h-18h, 10h-14h dimanche et lundi, 5€
Dégourdi le Giacomo. J’adore 😍.
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Nous aussi, on a vraiment adoré son travail méticuleux, fin, soigné et super moderne dans les postures…
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