Mardi 31 décembre
A 8h, on quitte Capo d’Orlando, et en moins de deux heures, on arrive très tranquillement dans la banlieue de Palerme. Là, ça se corse, d’autant que l’on doit s’engouffrer dans des petites rues bien encombrées pour atteindre le supermarché repéré. Celui-ci a beau jouxter l’autoroute, il n’y a pas de bretelle de sortie à proximité ! Après quelques courses, Gérard affronte de nouveau la conduite sportive des Siciliens pour retrouver la voie rapide : on est ainsi vite mis dans l’ambiance palermitaine ! Au passage, ce qui nous saute aux yeux, ce sont les énormes bennes à ordures qui débordent largement sur la chaussée. A priori, il n’y a plus de collecte devant les immeubles, et les habitants de la ville déversent leurs poubelles où ils peuvent… Rarement on avait été confronté à une telle saleté.
On rejoint rapidement le camping situé à Sferacavallo, un quartier de la banlieue nord de Palerme. Le terrain est tout petit et il est plein ! Heureusement que l’on a anticipé et réservé notre place par mail quelques jours auparavant… On s’installe et on fait tout de suite connaissance avec Martine et Jean-Claude, nos voisins, des Français de Reims en vadrouille depuis quelques semaines en Italie. Le courant passe tout de suite et on boit un premier verre de bienvenue au soleil.
Dans l’après-midi, on ne fait pas grand-chose si ce n’est préparer le réveillon. Aucune innovation pour ce soir, puisque je refais exactement le même repas qu’à Noël ! Mais avant de déguster poissons fumés, Saint Jacques au safran et charlotte / tiramisu aux poires, on prend l’apéro chez Martine et Jean-Claude. A minuit, les pétards fusent, et le feu d’artifice, tiré à quelques mètres du camping-car, fait un boucan assourdissant… Bonne année 2020 !
Mercredi 1er janvier
Comme on ne s’est pas couchés trop tard hier, on est debout dès 8h30, et une heure plus tard, on part à vélo découvrir le village. On aime beaucoup l’ambiance, et on traine un bon moment vers le port.



On pédale ensuite jusqu’au Cap Gallo, mais vers 11h, tout le site est encore dans l’ombre. On rentre donc déjeuner au camping, puis en début d’après-midi, on y retourne. On gare les vélos et on fait une jolie balade à pied en bord de mer. Le coin n’est pas exceptionnel, mais néanmoins il est bien agréable de s’y dégourdir les jambes.

De retour au camping-car, je prépare quelques canapés pour l’apéro prévu ce soir avec Martine et Jean-Claude. Je me lance également dans la confection d’une galette des rois maison. Bon, déjà, la pâte soi-disant feuilletée sicilienne ressemble plutôt à une pâte brisée, pour ne pas dire à un fond de pizza… Le hic, c’est que j’oublie de faire une petite cheminée : du coup, en cuisant, la pâte noircit très vite, gonfle… et quand je mets un coup de couteau pour l’aplatir, un trou se forme. Et zut… On ne se laisse pourtant pas démonter par une telle catastrophe culinaire, et la recette est aussitôt rebaptisée « Etna à la frangipane » ! Heureusement nos invités ne s’offusquent pas et finalement, à la dégustation, ce volcan sucré n’est pas si mauvais qu’il n’y parait…

Jeudi 2 janvier
Réveil à 6h30 ce matin : oui, les affaires – ou plutôt les visites – reprennent ! D’un coup de vélo, on est en cinq minutes à la gare d’où on prend le train pour Palerme. Après un trajet d’une trentaine de minutes – pour 1.70€, pas cher du tout ! – on descend à la station Palazzo Reale, toute proche du Palais des Normands. Celui-ci occupe le tout premier site urbain et il est fort probable qu’une forteresse se dressait déjà là à l’époque carthaginoise. Habité jusqu’en 938 par un émir arabe, le palais devint résidence royale sous les Normands. Peu à peu abandonné, le château fut rénové et transformé par les Espagnols, au XVIIe siècle.


Après être passés à la billetterie et au contrôle des sacs – ne jamais avoir de couteau sur soi, on a dû planquer l’Opinel dans un massif de fleurs à l’extérieur ! – on commence par la visite de la superbe chapelle Palatine édifiée entre 1130 et 1140 par Roger II. On ne peut qu’être impressionnés par les magnifiques mosaïques byzantines qui brillent de mille feux grâce à leur procédé de fabrication – émail, pâte à base de poudre et de pigments, feuilles d’or posées sur des tesselles de verres.



Pas de doute, la chapelle dédiée à Saint Pierre représente le sommet de l’art arabo-normand.

Et le plafond en bois à muqarnas est impressionnant, même si, à l’œil nu, on ne distingue pas les diverses représentations liées à la vie quotidienne.

On poursuit la découverte du Palais avec la visite des appartements royaux dont l’une des salles abrite encore les réunions de l’Assemblée régionale sicilienne qui a succédé au Parlement de Sicile, créé en 1097 par Roger Ier.
Mais la pièce qui nous surprend le plus est celle décorée de peintures d’inspirations chinoises : là, par manque de panneau informatif, on n’a pas trop compris le pourquoi du décor, mais une chose est sûre, on a bien apprécié !

On termine par la visite d’une très belle expo consacrée aux Normands, et après un dernier tour dans le jardin, et un inévitable passage par la belle boutique, on quitte le Palais après plus de deux heures de visite.

On traverse le jardin de la villa Bonano, et on débouche presque aussitôt devant la cathédrale. Une fois de plus, on en prend plein les yeux ! D’origine arabo-normande, elle présente un mélange de styles accumulés au fil des invasions, chaque « nouvel arrivant » souhaitant apporter sa touche personnelle ! En effet, bâtie par un archevêque anglais au XIIe siècle, elle fut par la suite transformée en mosquée par les Arabes, avant de retrouver son identité chrétienne et de subir de nouveaux moults aménagements. Résultat, la façade est franchement originale ! En revanche, l’intérieur est beaucoup plus classique, et comme il y avait une cérémonie de sépulture, on n’a pas osé trop déambuler…

En poursuivant notre chemin sur la via Vitorio Emanuele, agréable car piétonne – on tombe sur le centre sicilien de documentation, le premier à étudier et présenter au public le phénomène mafieux. On visite donc cette expo très intéressante, essentiellement composée de photos d’époque, et grâce aux nombreuses explications, on en apprend beaucoup sur le banditisme d’entre-deux guerres.

Après un café et un cannoli à la pistache – histoire de retrouver quelques couleurs après la noirceur mafieuse – on bifurque vers la piazza Pretoria au niveau des Quattro Canti – les quatre chants, sous-entendu les quatre vents – une place qui, au XVIIe siècle, divisait la ville baroque en quatre quartiers.

On arrive devant la piazza Pretoria, entourée d’églises et de palais, et dont le centre est occupé par une grande fontaine en marbre datant de 1555. A l’époque, le réalisme et la précision anatomique des statues, des nus d’hommes pour la plupart, épouvantèrent les religieuses d’un couvent voisin qui envisagèrent de les émasculer ! Finalement, elle se contentèrent de leur couper le nez…

Quelques pas plus loin, on tombe en admiration devant les superbes mosaïques byzantines – et les plus anciennes de l’ile – de l’église La Martorana, également connue sous le nom de Chiesa di Santa Maria dell’Ammiraglio. Mais ce qui retient surtout notre attention, c’est l’association du style byzantin au style baroque : très surprenant, et également très photogénique !





On visite ensuite l’église San Cataldo, réputée pour ses coupoles roses édifiées au XIIIe siècle. Pas de bol, un échafaudage les recouvre entièrement, et on se contente donc de découvrir son intérieur très sobre, dont la conception est une fusion entre les architectures religieuses chrétienne, musulmane et antique.


Allez, on prend un dernier coup de goupillon dans la Chiesa del Gesù qui dégouline de décors en stuc et d’angelots. On est ici au cœur du baroque sicilien qui associe sculpture et peinture.


Vers 13h, on arrive Piazza Ballaro où chaque jour se tient un marché très populaire. On en profite pour déjeuner dans une petite cafétaria et on teste les arancini, des boulettes de riz fourrées à la viande, au fromage ou aux épinards, puis frites. Bon, on ne peut pas dire que cette spécialité sicilienne soit d’une exquise finesse, mais pour deux euros la croquette, disons que cela remplit l’estomac pour un bon moment !


Et c’est en traversant un quartier presque à l’abandon, où les ruelles débordent d’ordures pas encore ramassées, que l’on retourne à la station Palazzo Reale. Heureusement qu’un peu de street art égaie ces murs bien gris…


Cette première découverte de Palerme nous a enchantés ! Et demain, on remet ça… La suite de nos aventures palermitaines sera publiée dans un prochain article car le nombre de photos prises chaque jour était trop important pour être regroupé dans un seul post !
INFOS PRATIQUES
- Hébergement : Camping Degli Ulivi, situé à Sferacavallo, un quartier au nord de Palerme, à 15km du centre historique. Tout petit terrain d’une quinzaine de places, sanitaires corrects, douche chaude payante, machine à laver. Électricité 16A. Wifi de qualité. Accueil très sympa. Village à proximité, bord de mer, gare à 20mn à pied. 19€ la nuit, 105€ la semaine, 180€ les 2 semaines. Réserver est une bonne idée car souvent complet !
- Accès au centre historique de Palerme en train, toutes les heures dans chaque sens, durée entre 30mn (station Palazzo Reale) et 40mn (Palermo Centrale), 1.70€ AS. Achat des billets à la gare. Si l’automate ne fonctionne pas, régler directement le trajet auprès du contrôleur.
- Balade dans Palerme : nous avons tout fait à pied, environ 5km pour le circuit présenté ci-dessus. Attention, les horaires et jours d’ouverture des églises sont donnés à titre indicatif car ils semblent fluctuer d’une saison à l’autre !
- Palazzo dei Normanni, 8h15-17h45, 12€ / 10€ +65 ans. Prévoir d’arriver tôt pour éviter la foule, surtout en période de fêtes. Compter deux heures pour une visite sans se presser.
- Cathédrale, 7h-19h, accès libre dans la nef, payant pour accéder à la crypte, aux tombes ou au toit (non testé).
- Église della Martorana, 9h30-13h & 15h30-17h30, 9h-10h30 dimanche et fêtes, 2€. Conserver son billet « parcours sacré » car il permet d’obtenir une réduction pour entrer dans certaines autres églises.
- Église San Cataldo, 9h30-12h30 & 15h-18h, 9h-13h dimanche, 2.50€ / 1.50€ tarif réduit avec un premier billet du parcours sacré.
- Eglise del Gesù, 7h-13h30 du lundi au jeudi, 17h30 vendredi et samedi, 7h-13h & 17h-18h45 dimanche, entrée libre
Marché de la Piazza Ballaro, tous les jours 8h-20h, 15h dimanche
Coucou les amis je vous souhaite un tres bonne année 2020 et au risque de ne pas étre original je vais demander à Sophie la recette de « l’Etna à la frangipane » quelle beauté, quelle recherche dans la déco!! vraiment magnifique!! je vous souhaite encore tous mes vœux pour cette année profitez bien de ce voyage
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Pas de problème, je te donnerai de vive voix la recette de l’Etna, un secret de famille bien gardé que l’on se transmet de générations en générations… Mais bon courage pour la réaliser, cela demande de l’expérience ! Encore bonne année à vous deux et aux enfants, on vous embrasse !
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