Comment rallier Séoul à Yokohama en 51h, par les transports locaux…

Évidemment, on aurait pu prendre l’avion… Mais ça aurait été moins drôle, cela nous aurait coûté un peu plus cher, on n’aurait pas vu autant de choses et surtout notre bilan carbone aurait été moins bon. Alors…

Mardi 8 mai

A 6h, le réveil sonne et quarante-cinq minutes plus tard, on quitte – sans regret – notre « palace » de Séoul. On commence par enchaîner deux métros. Facile, on est maintenant totalement rodés à ce genre d’exercice, même quand il y a quelques marches à descendre en l’absence de tout escalator ou ascenseur… Vers 7h30, on arrive à la gare routière principale : on a une bonne heure d’attente avant de monter dans le bus qui doit nous emmener à Busan, au sud du pays. Il faut dire que l’on est rarement en retard !

Jap - 1670
Séoul – Gare routière principale

Le voyage de quatre heures est agréable – et pourtant, on a pris un « économique ». A mi-parcours, on fait une pause dans une aire d’autoroute très fonctionnelle, comme toujours.

A 13h, on débarque à la gare routière de Nopo, située au nord de Busan. On prend le métro et il nous faut 40mn pour rallier la gare centrale. Là, on attend une petite demi-heure la navette qui doit nous emmener au port international. Il fait frisquet, et le vent du nord souffle fort : on est habillés comme en été et ça caille !

Vers 15h, on arrive à la gare maritime. On récupère rapidement nos cartes d’embarquement, puis on se pose dans un fast-food. Il nous reste trois heures « à perdre » avant de monter sur le ferry… On en profite pour actualiser le blog et manger un hamburger « korean style » !

Comme on voit qu’il y a beaucoup de monde, on se présente à l’embarquement vers 17h30, soit plus de 30mn avant l’ouverture des portes. Oh surprise, il y a déjà un monde fou ! La majorité des gens sont des personnes âgées tractant d’énormes sacs à roulettes. Bien sûr, ce ne sont pas des touristes, mais des Coréens assurant un business avec le Japon ! Ils jouent sur les différences de prix de certains produits entre les deux pays et font donc la navette en permanence. On prend notre place dans la file, au milieu de paquets de 50kg minimum…

Jap - 1670-1
Busan – Gare maritime : il y a foule !

Dès qu’il est possible d’accéder à la douane, tout le monde court. Une dame m’écrase le pied avec son énorme paquetage. Sans un sourire d’excuse. On avance, mais elle me re-bouscule sans ménagement. Faut tout de même pas exagérer !  Alors quand elle me balance un coup de coude dans les côtes pour présenter son passeport avant nous, je vois rouge et je lui secoue le bras. La honte… Jamais auparavant je n’avais rudoyé une « ancienne » de la sorte… Pas émue plus que ça, la dame continue à me pousserEt tout le monde se met à courir vers la passerelle du ferry. Du coup, nous aussi on s’y met. La manœuvre est stupide car tout le monde a une place de tatami réservée sur ce ferry. Mais bon… Disons que cela nous a un peu défoulé !

A bord, on s’installe rapidement dans notre « salle futon » : nous ne serons que six, mais la pièce est exiguë et sans hublot. On préfère donc traîner dans le salon ou sur le pont. Il reste encore 2h30 avant le départ, c’est long et on ne sait pas pourquoi la compagnie maritime agit ainsi. On en profite pour boire un coup (!), manger et regarder les « business seniors » prendre possession de leurs quartiers… C’est très drôle à observer : les femmes, après leur douche, se baladent en pyjama et bigoudis tandis que les hommes boivent saké sur saké… Non loin, un groupe de profs, qui emmènent leurs élèves en voyage scolaire, fête assez bruyamment la sortie !

Le bateau largue les amarres vers 21h. On est sur le pont, la vue sur Busan de nuit est magnifique

Jap - 1679
Busan, de nuit – Vue depuis le ferry
Jap - 1674
Sur le ferry…

Quand on se couche – sur notre très dur futon ! – le bateau tangue bien : on nous a annoncé des creux de quatre mètres, et là, ça bouge déjà bien… Le mal de mer n’est pas loin mais on résiste finalement très correctement. Petite fierté ! Dans la nuit, on entend pas mal de va-et-vient jusqu’aux toilettes…

Mercredi 9 mai

Vers 5h30, on est debout. La mer est un peu plus calme, ouf ! Il faut dire que le ferry a vraiment été beaucoup secoué cette nuit, le roulis était très fort : on peinait même à marcher droit !

Jap - 1681
Arrivée vers les côtes japonaises

Avant d’accoster au Japon, on prend notre petit-déjeuner dans le resto du ferry. Au menu : riz blanc, œufs durs, salade d’oignons tièdes au bacon et… kimchi !!! Et zut, on aurait dû s’en douter !

A 8h, on débarque à Shimonoseki. De nouveau, les seniors se mettent à courir… Mais là, on les laisse faire, on n’est pas pressés !

Jap - 1682
Sur le ferry – Les gros sacs de « business »… Au fond, on aperçoit les tenues de marins que les passagers peuvent emprunter pour faire des selfies !

Le passage de la douane est assez tatillon : tous nos bagages sont fouillés, et on est longuement interrogés sur les raisons de notre arrivée dans ce port. Un autre couple d’anglo-saxons subit le même sort que nous. On ne comprend pas trop, mais comme le contrôle est courtois, on s’y plie sans rechigner. On suppose que la douane traque les passeurs de drogue et d’or. Il faut dire que très peu d’occidentaux utilisent ce transport et ce lieu pour entrer au Japon…

De retour sur le sol nippon après cinq semaines d’absence, on retrouve vite nos marques ! Après un café, on embarque à bord d’un train local qui ressemble à s’y méprendre à un métro. Et c’est parti pour 4h30 de voyage…

Jap - 1683.JPG
Train local Shimonoseki / Hiroshima

On arrive à la gare d’Hiroshima vers 14h30. On prend un taxi conduit par un chauffeur qui, comme l’indique la carte affichée sur son pare-brise, est né en janvier 1931… Une habitude au Japon où la profession semble réservée au 4ème âge ! Malgré tout, on arrive sans encombre à la gare routière. De nouveau, il nous reste à attendre plus de cinq heures notre bus pour Yokohama

On s’occupe comme on peut, on se balade dans le centre commercial attenant, on mange de succulentes ramen dans le resto voisin… Bref, on patiente ! Gérard en profite même pour aller nous acheter de quoi grignoter dans le bus : des sushis super frais et une bonne bouteille de rouge français !

Jap - 1684
Hiroshima – Excellentes ramen

A 20h45, on s’installe dans le bus. Ce n’est pas un cama – on a encore pris la formule économique ! – mais il semble bien confortable. A côté de nous, un couple de Japonais somnole très vite. De notre côté, on sort rapidement la bouteille. Grosse déception : alors que depuis huit mois, les bouteilles de vin n’ont que des capsules vissées, là… on se retrouve avec un vin français qui nécessite un tire-bouchon ! Et zut, le nôtre est en soute car on ne pouvait pas le garder sur nous lors de notre passage en douane. Et on n’a aucun objet contondant sous la main… Gérard pense bien demander un tire-bouchon aux Japonais présents. Premier fou-rire : ça n’allait pas être facile de traduire la demande ! Finalement, je le vois discrètement se glisser sur les fauteuils arrière, et farfouiller dans son sac, sans m’expliquer quoi que ce soit. J’entends alors un « ploc » suspect. Bizarrement, ce n’est pas le bruit d’un bouchon que l’on extrait. Et aussitôt après, une odeur de vin rouge se répand… Second fou-rire. Je comprends que la bouteille est ouverte ! Gérard se réinstalle à mes côtés et il m’explique qu’il a utilisé une des baguettes de bois qui accompagnait nos sushis pour enfoncer le bouchon. Mais quand on enfonce un bouchon, ça gicle…. Troisième fou-rire. Après nettoyage et dégustation, le bus s’arrête pour charger des passagers dont l’un vient s’installer à l’endroit où la bouteille a été ouverte. Je demande à Gérard la couleur des habits de la personne et il me répond : lie de vin !!!! Quatrième fou-rire. Et bien sûr, tous nos rires contrastent avec les silences solennels, voire mortels, des autres passagers japonais pour qui toute expansivité n’est pas de mise. Et là, nos fous-rires redoublent… Surtout quand on se met à délirer en imaginant une malencontreuse ouverture de bouteille en direction de notre voisin le plus proche, entièrement vêtu de blanc…  Une chose est sûre : on apprécie le breuvage à sa juste valeur ! Et oui, qui a déjà débouché une bouteille juste en s’aidant d’une baguette et avec un tel brio ? Vers 22h, une fois les sushis dégustés et la bouteille vidée – on ne pouvait pas la laisser ouverte… – on trouve vite le sommeil !

Jeudi 10 mai

On arrive à Yokohama à 8h30, assez frais. La nuit a été meilleure que prévue… Après un petit-déjeuner rapide, on prend un train local de type RER pour rejoindre notre studio réservé via Airbnb. Allez, encore une belle côte à gravir, et on peut enfin poser nos sacs et prendre une douche ! Ce nouveau logement nous semble très confortable, et le quartier est sympathique.

Jap - 1687
Yokohama – Après 51h de voyage… (presque) pas fatiguée !

Comme on n’est pas fatigués, on repart déjeuner près de la station de métro – encore un excellent repas ! – puis d’un coup de RER, on fait un aller-retour à Yokohama, histoire de faire quelques courses… C’est sympa car il y a de nombreuses décorations pour la fête des mères. On rentre « chez nous » vers 16h, et dans la soirée, Gérard redescend acheter du poisson et des sushis tout frais pour le dîner.

Jap - 1688
Yokohama – Déjeuner
Jap - 1691
Yokohama – Fleurs en papier « chiens » pour la fête des mères

Nous aurons donc mis 51h pour effectuer ce voyage : c’est sûrement trop long pour la majorité des touristes pressés, mais pour nous, voyageurs au long cours, soucieux de découvrir les us et coutumes des pays traversés, ce fut un réel bonheur ! On a goûté à toutes sortes de moyens de transports, on a accompagné et observé les gens du pays et en prime, on a découvert de nombreux paysages différents…

INFOS PRATIQUES

  • Bus Séoul / Busan, durée 4h15, 23000₩ en économique. Attention, il existe peu de départ dans cette catégorie, la majorité des voyages se faisant en classe premium, environ 50% plus cher. Le départ de Séoul se fait depuis l’Express bus terminal (gare routière principale de la capitale, station de métro ligne orange) et l’arrivée est à Nopo, au nord de Busan (métro ligne 1 rouge, direct jusqu’à Busan station).
  • Navette Busan station / gare maritime internationale, durée 10mn, passe deux fois par heure (de mémoire, prendre l’ascenseur de la sortie 4 pour déboucher devant l’arrêt), 1100₩, carte Tmoney acceptée. Bien que sur le plan, le port semble très proche, éviter d’y aller à pied (peu pratique, et beaucoup de trafic).
  • Ferry Busan / Shimonoseki, durée 12h, départ quotidien à 21h mais embarquement de 18h10 à 18h50 uniquement ! Arrivée à 8h. Deux bateaux assurent la liaison : l’un est japonais, et la seule monnaie acceptée à bord est le yen. L’autre est coréen et on peut utiliser au choix les deux monnaies. Attention : prévoir 4300₩ en cash pour payer les taxes de port. La taxe de fuel – 6000₩ – peut se régler en CB. Environ 80€ l’aller simple en classe tatami, ristourne de 10% quand on achète un AR.
  • Train Shimonoseki / Hiroshima, durée 4h30 en train local, 3670¥. Plusieurs départs possibles, avec la plupart du temps un changement. Voir Hyperdia : un site pratique pour trouver les horaires de train : il suffit de décocher les cases airplane, bullets et Nozomi pour obtenir les liaisons locales et peu chères.
  • Taxi Hiroshima station / Hiroshima Bus Center, 10mn, 1200¥. Possible de faire le trajet en street-car ou à pied (mais peu pratique, au moins 45mn).
  • Bus de nuit Hiroshima / Yokohama, durée environ 12h, départ 20h45, arrivée 8h30, 7000¥ en super promo (billet acheté sur internet un mois avant le départ), sinon compter facilement le double. Service de qualité, couvertures, toilettes à bord, deux arrêts de prévus le soir et le matin.
  • Logement Yokohama : studio via Airbnb, situé à Hodogaya à une station de train local de Yokohama station. Appartement au rez-de-chaussée, confortable et assez spacieux. Wifi, machine à laver. Prévoir une grimpette de quelques minutes pour y accéder ! Environ 40€ la nuit.

3 réflexions au sujet de « Comment rallier Séoul à Yokohama en 51h, par les transports locaux… »

  1. Je ne prévois pas de me rendre en Asie, mais j’avais envie d’en savoir plus sur les modes de transports, les liaisons possibles, entre autres. Merci pour toutes ces informations pratiques, très pratiques 😊

    Aimé par 1 personne

Répondre à Léa Annuler la réponse.