Lundi 06 juin
Après une semaine passée à sillonner Bexhill et ses environs, nous quittons l’ambiance bucolique de ce charmant camping à la ferme et nous roulons jusqu’à Folkestone. Après deux petites heures de conduite, nous nous installons pour huit nuits au Black Horse Farm Campsite, stratégiquement placé à proximité immédiate d’un arrêt de bus, d’une épicerie et… d’un pub ! Comme toujours, l’accueil est charmant et les infrastructures de grande qualité – le camping est géré par Caravan and Motorhome Club, une association que nous avons particulièrement appréciée durant ce séjour. Le ciel restant désespérément gris et pluvieux, Gérard n’entreprend donc pas sa traditionnelle découverte des environs : ce sera pour demain !
Mardi 07 juin
Au réveil, on ne constate aucune amélioration météo et la tendance est au crachin anglais… Je décide de rester au camping-car tandis que Gérard descend à Folkestone à vélo pour repérer la balade que l’on fera samedi avec Ilsa et Pepe qui doivent venir nous rejoindre de Londres. Par une belle piste cyclable qui longe la plage, il pousse même jusqu’à Hythe, une station balnéaire située 7km à l’est, avant de remonter au camping : et hop, 30km de plus dans les pattes, et près de 200m de dénivelé positif cumulé !
Dans l’après-midi, nous passons un moment au pub – The Black Horse Inn, excellente adresse que l’on recommande chaudement ! En rentrant au camping, on s’amuse à observer les boites aux lettres décorées pour les festivités du Jubilé…


Mercredi 08 juin
Les jours se suivent et… la grisaille demeure ! On ne bouge pas, et on en profite pour mettre au point notre futur séjour d’un mois au Luxembourg…
Jeudi 09 juin
Le soleil étant revenu, nous ne trainons pas pour aller à Canterbury : un peu après 7h30, nous sommes dans le bus 16, et une demi-heure plus tard nous débarquons dans l’ancienne capitale du royaume de Kent. A ce titre, c’est d’ailleurs une des villes les plus anciennes du pays, et une des plus visitées aussi, principalement pour sa célèbre cathédrale ! A cette heure relativement matinale, on profite tranquillement de l’ambiance encore très médiévale du centre historique…




Pour un peu, on retrouverait presque l’atmosphère des Contes de Canterbury écrits par Geoffrey Chaucer à la fin du XIVe siècle – une série d’histoires relatant la vie de pèlerins venus se recueillir sur le tombeau de Thomas Becket, assassiné en 1170 dans la cathédrale…

Comme les portes de la cathédrale ne sont pas encore ouvertes, nous en profitons pour marcher jusqu’aux agréables Westgate Gardens, bordés par la rivière Great Stour, dont l’un des arbres – peut-être un platane – nous impressionne par la largeur et la forme de son tronc !




En empruntant de petites rues, nous rejoignons ensuite la cathédrale, classée au Patrimoine mondial et assurément l’une des plus anciennes et des plus célèbres églises chrétiennes d’Angleterre.


Initiée dès 597 par Augustin de Cantorbéry, un moine bénédictin venu de Rome pour convertir la ville au christianisme, elle demeure depuis cette date le siège de l’archevêque primat d’Angleterre – autrement dit, le chef religieux de l’Église anglicane. Depuis, la cathédrale a été remaniée à plusieurs reprises – il a fallu cinq siècle pour l’achever – passant du style roman des Anglo-Saxons au gothique perpendiculaire du XIIIe siècle.

Le premier coup d’œil est un peu décevant car une grande partie de l’édifice est cachée par des échafaudages liés à des travaux de restauration. Nous faisons tout de même le tour extérieur du bâtiment, et depuis l’arrière, on bénéficie de jolies vues, surtout depuis les jardins de plantes aromatiques, situés au nord de l’église.




Nous passons ensuite vers le cloitre et la salle capitulaire – au surprenant plafond – qui autrefois étaient au centre la vie monastique où les moines se retrouvaient quotidiennement, que ce soit pour discuter des tâches matérielles à accomplir ou pour lire un chapitre de la règle bénédictine. Aujourd’hui, 18 tailleurs de pierre travaillent encore régulièrement à la préservation des sculptures du cloitre.






Avant de visiter les parties intérieures principales de l’église, nous descendons dans la crypte, la partie la plus ancienne de la cathédrale édifiée au XIe siècle.

Il est temps maintenant de découvrir la nef et le chœur, tous deux installés sur des niveaux différents. Grandiose !






Impressionnant également le jubé qui, traditionnellement, sépare la nef – l’église du peuple – du chœur – réservé aux moines qui prient.

Et que dire de la finesse des détails, comme on peut l’observer sur le remarquable plafond décoré, le sol incrusté de mosaïques ou encore les statues peintes…






Mais pour nous, le plus remarquable restent les vitraux dont certains, représentant les Ancêtres du Christ, datent du XIIIe siècle. D’après certains archéologues, ces vitraux pourraient même être encore plus anciens et avoir été réalisés au XIIe siècle, ce qui en feraient les vitraux les plus vieux du monde. Et si cette découverte s’avère confirmée, il se peut même que ces magnifiques œuvres d’art aient été le témoin passif du meurtre de Thomas Becket en 1170…









Après presque deux heures de visite, nous repartons faire un tour en ville où maintenant les rues sont nettement plus animées !







Nous déjeunons rapidement – un american breakfast pas mauvais du tout – puis nous nous dirigeons vers les ruines de St Augustine’s Abbey, un monastère fondé en 598 par Augustin de Cantorbéry, qui resta en activité jusqu’à sa dissolution en 1538, sur ordre d’Henri VIII.



Même s’il ne reste que peu de choses de cet ancien monastère, les nombreux panneaux explicatifs nous plongent immédiatement dans l’ambiance de l’époque, et l’on comprend bien les deux grandes périodes qui ont marqué les lieux, à savoir d’abord une abbaye anglo-saxonne, et ensuite un bâtiment beaucoup plus imposant érigé par les Normands…



Après un bon moment passé à arpenter le site, nous reprenons le bus 16 qui nous mène, en trente minutes, directement devant la porte du camping ! Canterbury est une petite ville qui nous a beaucoup plu, tant par son passé chargé d’histoire que par son ambiance décontractée. Si nous repassons un jour dans la région, nous y reviendrons avec plaisir !
Vendredi 10 juin
Ce matin, c’est sous une petite pluie fine que nous prenons la direction du château de Douvres. Une heure et trois bus plus tard, nous parvenons à destination, pile pour l’ouverture du site à 10h. Perchée sur une colline qui domine la Manche, la forteresse est encore tout embrumée quand nous passons la première porte – la Peverell’s Gate – et pour une fois, vous n’aurez aucune photo sur fond de ciel bleu !

Côté histoire, le lieu est d’un intérêt majeur car il couvre toutes les périodes, de l’Antiquité romaine aux horreurs de la Seconde Guerre mondiale. En effet, même si on pense que la place était déjà fortifiée depuis l’âge du fer, les premières traces d’installation datent des Romains – qui érigèrent un phare qui se dresse toujours dans l’enceinte du château – puis des Saxons qui bâtirent une grande église. Guillaume le Conquérant étendit les fortifications existantes en 1066, puis c’est Henri II qui ordonna la construction du château actuel en y ajoutant, vers 1180, le donjon entouré d’un mur d’enceinte. À travers les siècles, les défenses furent élargies et améliorées car le château joua un important rôle militaire.


Plutôt que de commencer la visite dans la purée de pois, nous préférons nous poser un moment au café pour étudier le plan du domaine qui est très vaste, et de surcroit bien étagé : mieux vaut anticiper le parcours pour s’éviter quelques montées et descentes ! Du coup, nous commençons par explorer la partie proche du café, et optons pour une visite guidée de trente minutes de l’annexe de l’Hôpital souterrain. En effet, un labyrinthe de tunnels et de chambres secrètes fut aménagé sous le château pour mieux en assurer sa défense, et pendant la Seconde Guerre mondiale, une partie de ces longs couloirs faiblement éclairés abritaient salles d’opérations chirurgicales et quartiers pour les médecins. La reconstitution actuelle est saisissante, voire bouleversante… (photos interdites)
Il est presque midi quand nous retrouvons la surface, la bruine a cessé, et nous pique-niquons en contrebas de la caserne des Officiers, tout près du Poste de Commandement des Tirs. En effet, pendant la Première Guerre mondiale, la région de Douvres a été officiellement désignée comme une forteresse avec une garnison de plus de 10.000 hommes. Le château, en servant de quartier général militaire, joua un rôle crucial dans la protection du port et du détroit de Douvres. Là encore, quelques pièces reconstituent l’ambiance de l’époque avec la salle des cartes et le poste d’observation avec vue imprenable sur la Manche.



Aujourd’hui, ce belvédère nous permet surtout d’observer le ballet incessant des ferrys qui relient jour et nuit les deux rives du Channel.

Nous grimpons ensuite jusqu’au phare romain, l’un des trois seuls de cette époque encore debout dans le monde. D’après certains archéologues, ce serait également le plus ancien bâtiment entier de Grande-Bretagne. Impressionnant ! Juste à côté, édifiée par les Saxons, l’église Sainte-Marie-in-Castro possède encore les murs extérieurs et les voûtes de la tour centrale d’origine.





Une centaine de mètres plus loin, nous pénétrons dans la Grande Tour, construite entre 1179 et 1188, à la demande d’Henri II, l’un des monarques médiévaux les plus puissants d’Angleterre. Après avoir gravi une belle volée de marches, nous évoluons dans un décor médiéval dont la reconstitution est tout simplement bluffante de réalisme !









Dommage que du haut du donjon, le ciel soit toujours aussi ennuagé et brumeux…

Nous retournons ensuite vers le bas du site en empruntant la promenade des remparts où sont exposés vieux canons et batterie opérationnelle anti-aérienne datant de la Seconde Guerre mondiale.



Revenus presque à notre point de départ, c’est-à-dire vers l’entrée des souterrains, nous participons à une nouvelle visite guidée qui, cette fois, toujours à travers les tunnels, nous explique le déroulement de l’Opération Dynamo. Entre le 26 mai et le 3 juin 1940, cette opération militaire d’envergure permit l’évacuation de 338.336 soldats alliés de Dunkerque à Douvres. L’opération Dynamo tient son nom de la salle de la dynamo du quartier général naval situé sous le château de Douvres, qui contient le générateur qui alimentait le bâtiment en électricité tout au long de la guerre. C’est de cette salle que le vice-amiral britannique Bertram Ramsay planifia l’opération et qu’il informa Winston Churchill de son exécution. (photos interdites)
Après cinq heures de visite – un record ! – nous quittons ce site remarquable, et descendons à pied jusqu’au centre de Douvres. Nous jetons un dernier coup d’œil au château – et zut, maintenant, il y a un coin de ciel bleu ! – puis nous reprenons notre enchainement de bus. On s’offre un détour par le pub, puis on regagne le camping vers 17h, enchantés des découvertes de la journée.

Samedi 11 juin
Vers 9h30, c’est sous un beau soleil que nous descendons à vélo à Folkestone. Si l’itinéraire n’est pas spécialement agréable, il est néanmoins entièrement sécurisé par un trottoir. Après un petit cafouillage de direction, nous parvenons à la gare dix minutes avant l’arrivée d’Ilsa et Pepe. Ils viennent de Londres, et ont embarqué leurs vélos dans le train : nous pédalons donc tous ensemble jusqu’au port et nous nous posons près du phare pour prendre un café. Le site a remarquablement bien été réhabilité et, alors qu’autrefois il s’agissait d’un quai de déchargement traversé par une voie de chemin de fer, maintenant il y a une belle piste cyclable et de nombreux petits bars. Très agréable !






Nous empruntons ensuite la national cycle road 2 en direction de Hythe. L’itinéraire nous fait d’abord passer devant l’ancien funiculaire – installé en 1885, c’est l’un des plus vieux du pays, mais actuellement il est à l’arrêt, faute de financements pour le restaurer et l’exploiter. Dommage ! Nous traversons ensuite le Lower Leas Coastal Park, un beau jardin bien fleuri.


Parvenus à Sandgate, nous rejoignons la piste qui longe la plage et pédalons quelques kilomètres de plus pour arriver à Hythe où nous déjeunons presque les pieds dans l’eau, au restaurant The Waterfront. Seul petit bémol : une attente d’1h40 pour que nos plats soient servis… Attente durant laquelle nous avons éclusé quelques verres !


Au retour, nous sommes restés sur la piste qui longe la plage jusqu’au port de Folkestone, ce qui nous a permis de découvrir d’adorables cabines de bain très colorées. Un véritable enchantement pour les yeux !







Il ne nous reste qu’à remonter jusqu’au camping – Ilsa et Pepe ont pris un B&B non loin – un petit défi pour les mollets en raison du dénivelé positif à franchir – 200m+ pour environ 6km de route. Parvenus à bon port, il ne nous reste qu’à fêter cette journée et ces retrouvailles familiales autour d’un verre, d’abord au camping-car, puis au pub où nous dinons et passons une excellente soirée.
Dimanche 12 juin
Journée tranquille avec Ilsa et Pepe… Vers midi, nous nous attablons au pub pour le traditionnel Sunday Roast où quasiment tous les pubs du pays servent de la viande grillée ou rôtie, accompagnée de sauce gravy et de légumes…. Un régal ! En fin d’après-midi, Gérard descend à la gare accompagner Ilsa et Pepe à leur train ; au retour, preuve de sa grande forme, il bat son record en rejoignant le camping en moins de 35mn. Chapeau ! Nous avons passé un excellent week-end qui conclut très agréablement notre séjour en Angleterre. En effet, mardi nous quitterons le pays, et retournerons en France, après trois mois et demi d’absence, et dès jeudi, nous mettrons le cap sur le Luxembourg où nous avons prévu de passer un mois.
Ce périple dans le sud de l’Angleterre nous a conquis bien au-delà de nos espérances… Absolument tout nous a enchantés, que ce soient les fabuleuses randos pédestres ou encore les magnifiques visites culturelles. Mais ce qui nous a le plus touchés, ce sont les contacts exceptionnels que nous ont réservé les Anglais : rarement nous avions ressenti une telle facilité de rencontres et de discussions, à tout moment et en tous lieux, dans une ambiance détendue et amicale. Pour cette raison primordiale, c’est sûr que nous reviendrons un jour…
- INFOS PRATIQUES
- Accès en Angleterre par Eurotunnel Le Shuttle au départ de Calais, et arrivée à Folkestone. Traversée rapide de 35mn, se présenter au terminal une heure avant l’embarquement pour effectuer les formalités de douane. Tous nos documents ayant été enregistrés avant le départ, l’accès au terminal est rapide et se fait grâce à la lecture de la plaque d’immatriculation (il suffit juste de confirmer sur une borne les infos). De même, les contrôles de personnes et de véhicule sont vite accomplis. Temps de traversée : 35mn. Tarif : 360€ l’AR, avec date et horaire définis. Plus on réserve à l’avance, et meilleur est le tarif ! On recommande Eurotunnel car le service fonctionne même en cas de tempête, et les navettes ferroviaires sont plus écolos que les ferrys.
- Black Horse Farm Club Campsite, situé à environ 7km du front de mer de Folkestone, à Densole. Accès en bus (direct pour Canterbury, Hythe et Folkestone, avec changement pour Douvres) et éventuellement à vélo pour Folkenstone (mais on déconseille, beaucoup de dénivelé et trajet, bien que sécurisé, pas très agréable). Pub Black Horse Inn et épicerie à portée de pied (on conseille les deux, accueil chaleureux et prix doux !). Beaux emplacements stabilisés ou sur herbe (au choix), sanitaires impeccables et accueil sympa ! Wifi payant (très bien), 4G correcte. Laverie. 28.20£ la nuit, électricité comprise (en mai). Au préalable, il faut absolument prendre un abonnement au Caravan and Motorhome Club, 66£ par an, pour éviter une surcharge de 13£ par nuit, et également bénéficier de nombreux discounts (Eurotunnel, ferrys, visites).
- A voir / à faire au départ du camping :
- Canterbury
- Balade ville, centre médiéval, High Street, Burgate street, rues alentours, Westgate Gardens
- Cathédrale, 9h-17h, à partir de 12h30 le dimanche (en juin), 14£, 20% de réduction pour les membres d’English Heritage, prévoir 1h30 de visite
- St Augustine’s Abbey, 10h-17h (en juin), 8.10£ / 7.30£ pour les seniors, entrée libre avec le pass English Heritage, prévoir 1h de visite
- Accès : bus 16 depuis le camping, 7.30£ le billet journée (plus économique qu’un aller-retour)
- Douvres
- Château de Douvres, 10h-17h, 23.60£ / 21.20£ pour les seniors (en juin), entrée libre avec le pass English Heritage, prévoir 5h de visite
- Accès : bus 16 + bus 15 + bus 81 (autres connexions possibles, voir Google Map), 7.30£ le billet journée (plus économique qu’un aller-retour)
- Balade à vélo Folkestone / Hythe, 35km AR, 200m+
- Canterbury