Durant notre séjour de trois semaines à Diekirch – du jeudi 23 juin au jeudi 14 juillet, voir l’article complet de ce séjour : Diekirch, une étape idéale pour de belles balades dans la campagne luxembourgeoise – nous sommes allés trois fois à Luxembourg. Un déplacement facile en train, et de surcroit gratuit !
La Ville-Haute, le cœur historique et commerçant de Luxembourg
Pour notre première découverte de Luxembourg, nous suivons la brochure éditée par l’Office de Tourisme et après un court trajet en tram depuis la gare, nous rejoignons le boulevard Royal et la place des Armes. Pour aujourd’hui, ce sera principalement la ville haute : en effet, la topographie de la capitale est assez complexe car elle est construite sur plusieurs niveaux, à cheval sur deux vallées. Le cœur de la ville, animé et commerçant, est ainsi perché au sommet abrupt des falaises qui dominent les étroites vallées de l’Alzette et de la Pétrusse.
On se dirige rapidement Place Guillaume II, ainsi nommée en l’honneur du deuxième roi des Pays-Bas, duc de Limbourg et grand-duc de Luxembourg de 1840 à 1849 – à ne pas confondre avec son homonyme allemand, dernier roi de Prusse et empereur d’Allemagne. La place étant actuellement en travaux, on ne fait qu’apercevoir l’hôtel de ville, et nous filons directement vers le Palais Grand-Ducal qui, comme son nom l’indique, est officiellement la résidence du Grand-Duc. Dans les faits, le monarque l’utilise principalement comme lieu de travail, car il vit avec sa famille au château de Berg. Mais c’est dans ce bâtiment de style Renaissance plutôt modeste – édifié en 1573 et remanié en 1890 – qu’il accueille les chefs d’État étrangers ou qu’il donne certaines réceptions officielles.





Juste derrière le Palais se trouve le cœur historique de la ville, avec le Marché-aux-Poissons, une place où depuis l’époque médiévale jusqu’à 1926 les poissonniers installaient leurs étals. La vie économique et sociale des premiers habitants de la ville se déroulait dans ce quartier, aux portes d’un château construit en 963 sur le rocher du Bock par le comte ardennais Sigefroy de Luxembourg.



Toute proche, l’église Saint Michel est le plus ancien lieu de culte de la ville, la première église ayant été bâtie ici en 987. Depuis, le bâtiment, de style à la fois roman et baroque, a été reconstruit et rénové à plusieurs reprises…



Nous arrivons ensuite au Rocher du Bock, véritable berceau de la ville de Luxembourg. En effet, c’est sur ce pan de rocher que Sigefroi érigea son château fort, rocher qui joua un rôle important du point de vue de la stratégie militaire. Entouré des trois côtés par la vallée de l’Alzette, le rocher n’était accessible que par l’ouest et donc facile à défendre. Pour l’heure, ce rocher nous offre un magnifique point de vue tant sur la ville basse que sur les bâtiments qui bordent le sommet des remparts !






Quelques mètres plus loin, la Corniche offre une splendide promenade durant laquelle on ne se lasse pas d’admirer le quartier du Grund sous tous ses angles !



Nous arrivons ensuite face à la Cité judiciaire, inaugurée en 2008 sur le Plateau du Saint-Esprit. Pour les architectes en charge de ce projet, le difficulté fut d’intégrer le bâti déjà existant car, du fait de son inscription au Patrimoine de l’Unesco depuis 1994, la Ville-Haute ne peut subir n’importe quelle modification. Pari réussi en tout cas, avec une belle harmonie de style et de couleur !









En repartant vers les rues commerçantes, nous tombons par hasard sur le Mesa Verde, un restaurant à tendance végétarienne – ils servent aussi un peu de poisson mais pas de viande – dont la terrasse est installée sous un immense arbre. Très agréable, et surtout un menu du jour original et savoureux, aux assaisonnements bien maitrisés !


Après cette agréable pause, nous poursuivons notre balade d’abord vers la cathédrale – assez classique et sobre, édifiée en 1613 dans un style gothique tardif – puis dans les rues piétonnes, très animée en milieu de journée. Au passage, on jette un œil à l’originale sculpture de Wil Lofy qui rappelle le “Hämmelsmarsch”, une ancienne tradition luxembourgeoise où une procession formée par des fanfares, des moutons et de jeunes garçons passaient dans les roues afin de collecter de l’argent.






Presque en face de la sculpture, la vitrine de l’association Friendship nous attire immédiatement, et nous discutons un bon moment avec la responsable pour le Luxembourg des objectifs de leur mission, à savoir redonner dignité́ et espoir aux habitants du nord-Bengladesh en créant de l’autonomie afin de lutter contre la pauvreté et les aléas du climat. Une belle rencontre !




Pour conclure cette première visite de la ville haute, nous marchons jusqu’à la place de la Constitution, aménagée sur un ancien bastion qui domine la vallée de la Pétrusse. C’est ici que se dresse le Monument du Souvenir Gëlle Fra – femme en or en luxembourgeois – symbole de la liberté et de la résistance du peuple luxembourgeois.




Non loin, pour franchir la vallée de la Pétrusse, nous empruntons le pont Adolphe, construit entre 1900 et 1903. A l’époque, avec ses 85m, la portée de son arche de pierre était la plus grande du monde. En 2017, une passerelle suspendue sous le tablier du pont a été ajoutée : encore une première mondiale, pour le plus grande plaisir des piétons, des cyclistes et… des photographes !

C’est donc à petite vitesse, bien à l’ombre du pont, que nous parvenons sur la place de Metz, dotée de beaux bâtiments du début du XXe siècle, comme celui de la Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat, ancien siège de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier.



Le charmant quartier du Grund, la Ville-Basse de Luxembourg
Pour cette seconde journée à Luxembourg, nous axons la balade sur la Ville-Basse que nous atteignons d’un coup de bus rapide depuis la gare. Au XVIIe siècle, le Grund était le quartier le plus peuplé de la ville, alors qu’aujourd’hui, il compte moins de 1.000 habitants. D’ici, on a aussi un superbe panorama sur la Ville-Haute !



Mais surtout, on comprend mieux la configuration des célèbres casemates – tunnels – creusées dans le rocher du Bock. Les premières d’entre elles furent construites en 1644, sous la domination des Espagnols. L’agrandissement de ces galeries souterraines longues de 23km eut lieu 40 ans plus tard, sous la direction de l’ingénieur militaire et bâtisseur des fortifications Vauban, puis au XVIIIe siècle sous celle des Autrichiens. Le système de défense s’étendait sur plusieurs étages et comportait des galeries creusées jusqu’à 40m de profondeur. En cas de guerre, les casemates pouvaient être utilisées comme casernes pour plusieurs centaines de soldats, où ils disposaient d’eau provenant d’un puits situé à 47 mètres de profondeur. Ces fortifications permirent à la ville de résister à un siège de sept mois en 1794, durant les Guerres de la Révolution française, et à la population luxembourgeoise d’échapper aux bombes pendant la Seconde Guerre mondiale. Parfois surnommée la « Gibraltar du Nord », Luxembourg est ainsi une des villes les plus fortifiées du monde !


Après un crochet par le Pont du Stierchen – qui date du XVe siècle – nous traversons la grande cour de l’abbaye Neumünster qui abrite aujourd’hui un centre culturel et nous rejoignons l‘église Saint-Jean-du-Grund au mobilier baroque.




Non loin, une statue de Mélusine créée par impression 3D par l’artiste luxembourgeois Serge Ecker nous rappelle l’histoire de la légendaire sirène. En effet, la fondation de la ville de Luxembourg par le comte Sigefroi, en 963, serait étroitement liée au personnage de Mélusine qui n’aurait accepté d’épouser le comte qu’à condition qu’elle puisse disposer librement de tous ses samedis. Au bout de quelques années, la jalousie finit par amener le premier comte de Luxembourg à rompre sa promesse et à suivre Mélusine dans sa chambre pour l’observer discrètement prendre un bain. C’est ainsi qu’un jour, il vit les membres inférieurs de Mélusine se transformer en queue de poisson, qu’elle trempait dans l’eau en cachette. Comme Sigefroi l’observait, Mélusine disparut dans les flots de l’Alzette. Et le comte ne revit jamais sa bien-aimée…



On poursuit la balade en flânant un long moment sur les rives de l’Alzette, et la vue vers le pont du Grund est assurément une des plus belles de la capitale !





Vers midi, il ne nous faut que quelques secondes pour gagner la Ville-Haute grâce à l’ascenseur urbain de la Cité judiciaire. Nous pensions retourner au restaurant Mesa Verde, mais pas de bol, celui-ci est fermé. Nous nous rabattons sur des quiches dégustées à la terrasse d’un traiteur de la rue du Curé, puis comme il fait très chaud, nous retournons assez rapidement à Diekirch !
Sur le plateau du Kirchberg, la Cité Européenne de Luxembourg…
Troisième et dernier jour consacré à la découverte de la capitale ! Cette fois, nous descendons à la gare Pfaffenthal-Kirchberg, et grimpons sur le plateau grâce au funiculaire construit en 2017. Rapide et efficace !


Jusqu’aux années 1950, le Kirchberg vivait surtout de l’agriculture. Après cette date, avec la création de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier, ancêtre de la Communauté Economique Européenne, le quartier se développe pour accueillir les bâtiments des institutions européennes installées au Luxembourg : Cour de justice de l’Union européenne, Cour des comptes européenne, Secrétariat général du Parlement européen, Banque européenne d’investissement (BEI), École européenne, Eurostat… Depuis la fin des années 1980, même si le plateau demeure toujours institutionnel et largement consacré au monde des affaires, c’est maintenant un quartier résidentiel et culturel qui abrite la Salle Philarmonique et le Mudam, le Musée d’art moderne de la ville. Seule interrogation : pourquoi ces sculptures de moutons sur le toit du centre commercial ?




L’objectif de la journée étant justement la visite du Mudam, nous sommes les premiers à pénétrer dans le bâtiment créé par Ieoh Ming Pei, l’architecte – entre autres – de la Pyramide du Louvre et de la Bibliothèque Kennedy à Boston. Pour la petite histoire, il faut savoir que 17 ans s’écoulèrent entre le moment où Pei s’attela au projet – en 1989 – et l’inauguration – en 2006 – du fait d’une controverse locale quant à l’usage qui aurait dû être fait des restes d’une forteresse dessinée par Vauban sur lesquels se tient le bâtiment… Une période durant laquelle le musée en profita pour constituer une collection de qualité !




Au programme de l’été 2022, l’expo temporaire Fly In League With The Night est la plus grande rétrospective à ce jour de l’œuvre de l’artiste britannique Lynette Yiadom-Boakye, avec 67 peintures accrochées.





L’atmosphère générale du musée est assez minimaliste, comme le montre la composition de Danh Vo, celle de Martine Feipel & Jean Bechameil dans leur recherche sur le jardin d’intérieur, ou encore les toiles de Tacita Dean dont The Dante Project retrace en trois actes la traversée par Dante des trois royaumes des morts : l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis.






Après une petite heure de déambulation sur les trois niveaux du musée – finalement la visite est plus courte que prévue – nous quittons le plateau du Kirchberg par le tram qui nous ramène rapidement au centre-ville. Et c’est avec plaisir que nous déjeunons au Mesa Verde, ouvert aujourd’hui. Cette visite en trois temps de Luxembourg-ville nous a enchantés, nous n’imaginions pas découvrir une capitale à taille humaine, originale par sa configuration géographique et agréablement animée…
- INFOS PRATIQUES
- Camping Op der Sauer, à Diekirch, à 5mn à pied du centre-ville par la piste cyclable qui longe la Sûre (ou 5mn à vélo) et passe devant le camping. Accueil sympa (uniquement de 18h à 20h), emplacements spacieux et non délimités, vaste terrain situé en bord de rivière. Sanitaires simples mais propres, machine à laver. En ville, tous commerces, gare (train pour Luxembourg direct) et bus (également derrière le camping pour certaines destinations, voir Google map). 18€ la nuit, électricité comprise avec la carte ACSI (et promo 6=7 & 12=14).
- Office de Tourisme du Luxembourg, à consulter pour pour infos pratiques et culturelles sur le pays.
- Accès depuis Diekirch à Luxembourg-ville : 20mn à pied depuis le camping (bus possible) + train (2/h, durée 50mn), gratuit.
- MUDAM, Musée d’art moderne, 10h-18h (21h le mercredi), fermé le mardi, 8€, entrée libre le mercredi de 18h à 21h
- Dans la Ville-Haute, on recommande le restaurant Mesa Verde mais mieux vaut téléphoner avant de se déplacer car les jours et heures d’ouverture ne semblent pas fixes !
- Important : le Luxembourg est le seul pays au monde à offrir la GRATUITÉ SUR TOUS LES TRANSPORTS (trains, bus, trams) !
Bonjour les Grand-Duc.hesse.s (on essaye l’écriture inclusive, c’est à la mode),
nous sommes encore une fois émerveillés par la qualité de ces beaux reportages que même la télévision nationale n’arrive pas à réaliser !
En effet nous n’avons aucun souvenir d’avoir vu la moindre documentaire sur le Grand Duché qui pourtant, visiblement, le mériterait bien.
Continuez à nous faire rêver (et surtout profitez bien),
La Team Topette !
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Hello les Angevins (désolée, je n’essaie même pas l’écriture inclusive, je manque de modernité !)
Merci pour ce message ! Eh oui, il n’y a pas grande littérature touristique (ou même historique) sur le sujet, pourtant, comme vous le dites, ce petit pays a beaucoup à proposer !
On est maintenant à Sierck-les-Bains, à la croisée des 3 frontières (France, Allemagne et Luxembourg), en mode « vacances », voire même « limace » tant on ne fait pas grand chose à cause de la chaleur. Ce matin, on a tout de même fait un tour à vélo en Allemagne et au Luxembourg (bon, ce n’est pas un exploit, les 2 pays sont à 2km du camping où on est posé !). Très agréable, très belles pistes cyclables, on a poussé jusqu’à Remich où on a déjeuné !
A bientôt, j’espère !
La Team Sabots Dondaine (qui passe par la Lorraine) !
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Votre blog est magnifique. Vos photos et commentaires mettent bien en valeur chaque lieu visité. J’ai des étoiles plein les yeux à chaque fois que je le parcours. Vous m’avez donné une grande envie d’aller me promener au Luxembourg pour découvrir cette capitale moderne et vivante.
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Merci beaucoup pour votre message, ça nous fait toujours chaud au cœur quand un lecteur est inspiré par nos balades et nos découvertes (et ça me motive dans la rédaction des articles !)…
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