Après une nuit de transfert à Puno – dans un hôtel très sommaire où Gérard a dû monter, et forcément redescendre, nos gros sacs sur quatre étages, avec des marches irrégulières et glissantes à cause de la pluie qui inondait couloirs et escaliers – et une autre à La Paz où nous retrouvons vite nos marques – même auberge et mêmes restos qu’à l’aller – dimanche soir, nous enchainons avec un bus pour Cochabamba. Courte nuit puisque nous arrivons à 5h, un peu embrumés par le manque de sommeil mais pas mécontents de nous retrouver à 2550m après plusieurs semaines passées à presque 4000m !
- Bus La Paz => Cochabamba, durée 8h environ, 18€ en cama. Très nombreux départs quotidiens, de jour comme de nuit. Nous avions choisi la compagnie Trans Copacabana, réputée pour son confort, mais au moment du départ, le bus n’ayant pas assez de passagers inscrits, on nous a transféré dans un autre, relativement confortable (cama) mais bien plus vieux…
Du lundi 24 au jeudi 27 février
Après un petit-déjeuner pris à la gare routière, nous sautons dans un taxi pour notre auberge ; la chambre est disponible, cela nous permet de nous rafraichir un peu avant d’attaquer les visites – eh oui, on a retrouvé de la chaleur, même en tout début de matinée ! Fondée en janvier 1574, la ville fut d’abord appelée Villa de Oropeza. À l’apogée du boom de l’argent à Potosí, la vallée de Cochabamba devint la principale source de nourriture pour les mineurs, ainsi que le grenier à blé et à maïs du pays. Le déclin de Potosí au début du XVIIIe siècle entraîna celui de Cochabamba et la production céréalière de la région de Sucre, bien plus proche de Potosí, suffit alors à la demande. Vers le milieu du XIXe siècle, la ville redevint alors le grenier national et les grands propriétaires terriens de la vallée investirent dans les mines des hauts plateaux. Cochabamba retrouva alors sa prospérité…
- Hostel Running Chaski, auberge de jeunesse bien située dans le centre historique, proche de restos et de bars ; en revanche, nous n’avons pas vu de supermarché à proximité, nous sommes allés à Hipermaxi El Prado (500m). Accueil charmant. Cuisine collective, beaux espaces communs tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Vente de boissons sur place (eau, bière…). Grande chambre matrimoniale, avec salle de bain privée (il n’y a que très peu de chambres de ce style, bien vérifier qu’il y a un lit double au moment de la réservation, sinon lits superposés ou dortoirs), 34€ la nuit avec le petit-déjeuner.
Vers 8h, nous commençons donc à arpenter une ville encore endormie ! Nous faisons d’abord un tour sur la Plazuela Colón toute proche, dominée d’un côté par l’Iglesia El Hospicio, fermée, et de l’autre par le Prado, une sorte de coulée verte entre deux avenues tranquilles.

Sur les traces des carmélites de Santa Teresa…
Nous nous dirigeons ensuite vers le monastère Santa Teresa où nous découvrons d’abord l’église avant d’enchainer avec la visite guidée du couvent – nous sommes seuls, c’est très agréable !
- Convento de Santa Teresa, visite guidée 9h / 10h / 11h / 14h30 et 16h30, fermé le week-end, Bs.50 inclus les droits, durée de la visite 1h15 environ. A ne pas louper !


L’histoire de ce couvent remonte à 1726 lorsqu’un habitant de la ville fit don à l’église d’un grand terrain situé à deux pas de la place principale. Alors que la construction du monastère n’était encore pas achevée, une congrégation des carmélites s’établit sur les lieux en 1760. Nombreuses furent les femmes à souhaiter intégrer la communauté car à cette époque, universités et collèges leur étaient fermés ; entrer au couvent était donc considéré comme une promotion sociale.

La visite nous plonge vite dans l’ambiance austère de la vie des nonnes – d’ailleurs, à la différence du monastère Santa Catalina d’Arequipa où on percevait une sorte de frivolité, ici, on comprend que le respect de la règle catholique demeure primordial.



Pour prendre un peu de hauteur, nous montons au pied de la coupole de l’église : ainsi nous comprenons l’architecture particulière du bâtiment, tout en rosace autour de l’édifice principal.




Grosse animation sur la Plaza 14 de Septiembre !
Après plus d’une heure de visite, nous repartons en direction de la place principale de la ville, située à deux pâtés de maisons. Plusieurs évènements s’y déroulent en même temps : une cérémonie militaire, une commémoration sur l’éducation animée par des enfants, une présentation de la Feria del Durazno – festival de la pêche (le fruit) qui aura lieu samedi – et un gros mouvement social, avec blocage de la place par des camions et engins de chantier pour protester contre la corruption des politiques au pouvoir. Là, nous discutons un bon moment avec José, un des leaders de la manifestation, et comme nous avons pu le constater précédemment, les revendications portent principalement sur la spoliation des terres et le mépris accordé aux populations indigènes. Sur le plan politique, Cochabamba est une ville particulièrement active, partagée entre les pro-Morales de l’Altiplano et les autonomistes des basses terres.









Architecture locale et centre artistique…
On termine la matinée par la visite du Museo Casona Santivañez, installé dans un très beau bâtiment de style colonial-républicain. A côté de quelques pièces encore pourvues de meubles d’époque, on découvre une salle qui expose des toiles du XXe et XXIe siècles, tandis que les coursives accueillent plusieurs statues originales.
- Museo Casona Santivañez, 9h-12h & 14h30-18h30, fermé le week-end, entrée libre. A voir surtout pour l’architecture particulièrement bien conservée du bâtiment.







Cochabamba, capitale de la gastronomie ?
Quand vient l’heure de déjeuner, nous nous heurtons à un problème de taille : il n’y a aucun resto en vue dans le quartier historique, on ne tombe que sur des fast-food… Comme on a envie de tester la cuisine locale largement encensée par tous ses habitants, nous interrogeons Google map qui recense de nombreux restos au Prado. En effet, sur cette avenue, il y a pas mal d’établissements, mais pour être honnête, on pinaille un peu avant d’en sélectionner un, rien ne nous tente vraiment. Finalement, nous optons pour un pique macho qui manque de finesse et s’avère être beaucoup trop copieux… Pour l’instant, la fameuse gastronomie de Cochabamba ne nous a encore pas convaincus, nos papilles gardent encore en mémoire les succulents plats dégustés à Sucre !

Au pied d’un Christ monumental !
Mardi matin, après avoir déposé notre linge dans une laverie, nous montons en taxi jusqu’au Cristo de la Concordia – eh oui, nous zappons les 1350 marches qui permettent d’y accéder depuis le centre-ville, il fait trop chaud et, côté sécurité, la balade n’est pas recommandée ! Un téléphérique reliait autrefois ce lieu atypique, mais il est arrêté pour maintenance depuis un an… Arrivés au pied de la statue, nous ne pouvons que constater son gigantisme : haute de 33.44m sans le piédestal, elle aurait dû mesurer exactement 33m, soit un mètre par année de vie de Jésus. Mais pour des détails esthétiques – notamment doter le Christ d’une jolie coiffure – la taille initialement prévue a été dépassée. Résultat, le Cristo de la Concordia est plus haut que le célèbre Rédempteur de Rio de Janeiro ! En 1994, une fois achevée, la statue était alors la plus grande statue de Jésus-Christ au monde, un record désormais dépassé par d’autres réalisations au Vénézuéla, au Brésil ou encore en Pologne…
- Cristo de la Concordia, accès libre. Montée en taxi collectif, Bs.20 AS pour 2 en privatisé, à prendre à l’extrémité de l’avenida Heroinas. Possibilité de monter à pied par l’escalier, 1350 marches, environ 300mD+ puisque le Cristo est posé à 2840m d’altitude, j’ai lu qu’il y avait des risques d’agressions sur cette voie.




Petite pause fraicheur au jardin botanique !
Le taxi, que nous avions fait attendre au sommet du Cristo géant, nous dépose ensuite au Jardín Botánico Martín Cárdenas, excentré au nord du centre historique. Si le site a dû avoir son heure de gloire il y a quelques années, certaines parties sont désormais à l’abandon. C’est dommage, mais ce n’est pas la première fois que l’on fait ce constat : que ce soit en Europe ou en Amérique, la mode des jardins botaniques, particulièrement en vogue à la fin du XIXe siècle, est passée, et à cause de coût d’entretien très élevés, ils sont peu à peu délaissés et transformés en parcs classiques. Quoiqu’il en soit, nous passons un bon moment à nous balader à l’ombre de grands arbres et à observer les quelques oiseaux présents !
- Jardín Botánico Martín Cárdenas, 9h-16h, fermé le dimanche, entrée libre








Pour le plaisir des papilles…
Un peu au hasard, nous nous dirigeons vers le Parque Fidel Anze, une autre coulée de verdure située dans la résidentielle zone nord. Pour déjeuner, il y a beaucoup plus d’offres qu’au centre-ville, et nous optons pour le restaurant Aventino Pasta Italiana qui propose une fusion entre les cuisines italiennes et boliviennes dans un cadre très agréable. Nous nous installons dans le jardin et dégustons le plat de la semaine, un gnocchi macho – qui mêle gnocchis grillés aux marqueurs du célèbre plat bolivien, c’est-à-dire viande marinée, saucisses pimentées, œuf mollet, tomates et piment – un régal ! On termine par un tiramisu glacé, très bon aussi. Nous reviendrons le lendemain et testerons les pâtes à l’amatriciana et le gratin de gnocchis, excellents également.
- Restaurant Aventino Pasta Italiana, calle Eudoro Galindo, presque à l’angle de la calle Fidel Anze. Cadre agréable, service impeccable. Bons vins (Aranjuez). Carte limitée, de belle qualité. Prix doux pour la prestation (la première fois, nous avons payé l’équivalent de 27€ pour 2 plats, 2 desserts, 2 verres de vin et un café, et le lendemain 23€ pour 2 plats et une bouteille de vin blanc). On recommande !


Le Palacio Portales, un superbe édifice Art déco !
D’après les guides, la plus belle visite de Cochabamba se situe aussi dans la zone nord, pas très loin du restaurant dans lequel nous avons déjeuné. Effectivement, en pénétrant dans le parc de la Fundación Universitaria Simón I. Patiño, on ne peut qu’être ébahis par le cadre ! En attendant la visite guidée de 15h, nous nous baladons dans ce beau jardin doté de plusieurs petites pièces d’eau et agrémenté de nombreuses statues.
- Palacio Portales, calle Potosi 1450, accès à pied depuis le centre historique en 45mn ou en taxi, Bs.10. Jardins en accès libre, visite guidée pour le palais, 15h-18h en semaine, 10h-12h le week-end, Bs.25. A ne pas louper !






A 15h, nous participons à la visite guidée du palais, édifié entre 1915 et 1927 par l’architecte français Eugène Bliault, sur une commande de Simón Iturri Patiño, un homme d’affaire d’origine basque qui avait fait fortune dans les mines d’étain de la région de Potosi. Le style est résolument éclectique, tantôt d’inspiration mauresque comme la salle de jeu, ailleurs d’influence florentine, grecque et même napoléonienne pour les pièces d’apparat. Pourtant, Simón Patiño et sa famille ne profitèrent jamais du faste de leur demeure, préférant habiter à la Casa Villa Albina située à Pairumani, une localité proche de Cochabamba. Par la suite, les héritiers du magnat de l’étain continuèrent à développer la fondation qu’il avait créée en 1931 au profit des étudiants universitaires et de la culture bolivienne en général…





Mercredi, nous votons à l’unanimité pour une journée de repos, ce qui revient à dire que nous nous baladons nez au vent dans la ville, sans prendre de photos ! Nous commençons par retourner à la laverie où, hier, ils ont oublié de nous rendre deux vêtements… Puis nous passons sur la Plaza 14 de Septiembre où José et ses amis dorment depuis quelques nuits dans des tentes sommairement installées. Nous faisons un tour au Mercado 27 de Mayo qui semble être spécialisé dans les coupes glacées, et au Mercado 25 De Mayo, plus classique. Comme il est encore tôt et que nous voulons profiter du beau temps, nous décidons de retourner à pied au restaurant Aventino Pasta Italiana, une balade agréable le long d’avenues et de rues peu fréquentées qui au total nous aura fait marcher sept kilomètres. Finalement, bien que Cochabamba ne soit pas une destination prisée des voyageurs – il n’y a pas grand-chose à visiter – la ville est agréable à vivre, tant par son climat doux et ensoleillé que par son altitude – 2500m. J’avais lu que l’agitation et le bruit en faisait une cité fatigante et poussiéreuse : ce n’est absolument pas notre ressenti, et nous avons vraiment apprécié ce court séjour ! Ce soir, jeudi, nous prendrons le bus de nuit pour Santa Cruz de la Sierra où immédiatement nous enchainerons avec un collectivo pour San Jose de Chiquitos. Là, le thermomètre devrait encore prendre quelques degrés – eh oui, plus on descend dans la plaine, plus la chaleur augmente !…
Ola les Cochabambiens,
Une ville que nos ne connaissons pas, mais au vu de votre article, pas sûr qu’on regrette.
Ca à l’air pas mal mais sans plus. il faut dire que les monastères c’est pas trop notre truc. On préfère nettement les faucons (très belle photo).
Par contre niveau nourriture, on dirait bien que ça vous convient !
La Team Topette !
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Comme Campo Grande, c’était une étape sur notre route de retour, les capibaras et les toucans en moins !
Sinon, la ville n’est pas incontournable, c’est vrai, mais on y mange bien et cela nous a permis de faire un palier avant de redescendre dans la plaine et d’affronter à nouveau la chaleur !
Bises et bonne suite (fin ?) de séjour au Portugal !
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