Potosi et Oruro, deux villes minières des Hauts Plateaux boliviens…

Après dix superbes jours passés à Sucre, nous mettons le cap du Potosi, la ville la plus haute du monde, construite à 4070m d’altitude, au pied du Cerro Rico, une montagne de minerai d’argent… Le voyage en bus est confortable et rapide – à peine trois heures, sur une bonne route – et les paysages traversés de toute beauté !

  • Bus Sucre => Potosi, environ 5€, plusieurs départs par jour (se renseigner au Terminal de bus de Sucre, av. Ostra Gutierrez), durée 3h30, belle route.

Du mardi 07 au vendredi 10 janvier

Vers 13h, nous débarquons au nouveau terminal de bus de Potosi, très excentré et situé 300m plus bas que le centre historique. D’un coup de taxi, nous reprenons de l’altitude pour rejoindre notre hôtel, situé à deux pas de la Plaza 10 de Noviembre. Nous posons nos bagages – la chambre est superbe, avec un petit balcon, c’est sûrement le plus bel hôtel de la ville – puis nous partons à la recherche d’un restaurant pour le déjeuner. L’offre est moins variée qu’à Sucre, nous tournons un peu et finissons par tomber sur El Boliche Del Alan, un bar qui propose hamburgers et tacos – ce sera notre cantine pour plusieurs repas ! Rassasiés, nous nous baladons dans les quelques rues piétonnes et arpentons les deux places principales ; malgré la pluie, et avec une température avoisinant les 9°C, nous apprécions immédiatement cette ville particulière, entourée de hautes montagnes… Altitude oblige, il nous faut juste modérer notre allure pour éviter tout essoufflement !

  • Virreyes Hotel, très bien situé, à deux blocs des deux principales places. Un gros coup de cœur pour ce bel hôtel tout neuf : chambre très confortable (avec chauffage, ce qui est rare !), très bon petit-déjeuner, wifi efficace, accueil très sympathique. 30€ la nuit avec petit-déjeuner, résa via Booking. On recommande !
  • Nos bonnes adresses pour déjeuner et diner : El Boliche Del Alan (un peu bruyant néanmoins) et Expresate Café Restaurant, tous deux dans la rue Padilla. Pour découvrir les spécialités culinaires de Potosi et notamment la fameuse soupe Kalapurka, El Tenedor de Plata est une excellente adresse à prix doux.

Potosi

Potosi – Ci-dessous, deux symboles forts de la ville : le mineur (c’est d’ailleurs Rolando sur cette photo, notre guide) et la chola, une femme andine vêtue de manière raffinée.


Potosi – Plaza 6 de Augusto


On prend de la hauteur pour découvrir la ville et le Cerro !

Fondée en 1545 par les Espagnols, grâce à ses ressources minières – et le travail forcé des Indiens – Potosi devient rapidement la plus grande ville d’Amérique latine, derrière Mexico – avec ses 200.000 habitants, elle dépasse même Paris, Londres ou Séville – et Charles Quint la nomme Ville Impériale après la visite de Francisco de Toledo en 1572. La légende dit que la quantité d’argent extraite des mines de Potosi suffirait à construire un pont au-dessus de l’Atlantique pour relier Potosì à la péninsule Ibérique, mais les ossements de mineurs morts dans des accidents y suffiraient également… Mais avant de découvrir les mines du Cerro, nous nous dirigeons vers la catedral de Nuestra Señora de la Paz. Construite entre 1808 et 1838, elle affiche un style néoclassique, avec une belle façade de pierre. Accompagnés d’un guide, nous visitons l’intérieur et… montons dans la tour des cloches, une grimpette de 109 marches, un effort largement récompensé par la superbe vue !

  • Catedral Nuestra Señora de la Paz, Bs20, 9h-12h / 14h30-18h, fermée le dimanche, montée dans la tour (109 marches assez hautes) à ne pas rater !
Potosi – Catedral Nuestra Señora de la Paz

Potosi – Catedral Nuestra Señora de la Paz

Potosi – Vue depuis la tour des cloches de la Catedral Nuestra Señora de la Paz sur l’église San Francisco


Potosi – Vue depuis la tour des cloches de la Catedral Nuestra Señora de la Paz

Potosi – Vue depuis la tour des cloches de la Catedral Nuestra Señora de la Paz

Potosi – Vue depuis la tour des cloches de la Catedral Nuestra Señora de la Paz sur le Cerro Rico, la zone minière

Potosi de nuit…

Un peu fatigués par l’altitude et le mauvais temps, nous nous reposons un moment à l’hôtel avant de ressortir diner et faire un tour sur les deux places encore parées de leurs décorations de Noël… Mais nous ne trainons pas car la pluie redouble, et le thermomètre chute à 5°C !

Potosi de nuit


 La Casa de la Moneda, le plus grand bâtiment construit par les Espagnols en Amérique latine…

Impossible de passer par Potosi sans visiter la célèbre Casa de la Moneda, véritable symbole de la Ville Impériale ! Pour éviter la foule, nous choisissons de suivre une visite guidée à 9h, mercredi matin – mais il y a tout de même beaucoup de monde. Si la première Casa de la Moneda fut édifiée en 1575, soit 30 ans après la fondation de la ville, celle que nous visitons fut bâtie entre 1753 et 1773 sur une ancienne place de marché. Le principal objectif consistait à pouvoir émettre l’unité monétaire de l’époque, le potosi. D’ailleurs, ce fut le seul bâtiment autorisé à estampiller ces pièces de monnaie jusqu’en 1909. En pénétrant dans l’imposant bâtiment colonial – 12.000m2 tout de même – on ne peut rater la figure symbolique de la Ville Impériale, El Mascarón – aussi appelé masque de Bacchus – élaboré en 1856 par Eugène Moullon, un Français. L’ensemble du bâtiment comporte plus de cinquante salles où sont entreposés d’innombrables objets de collection, en allant des pièces de monnaie aux minéraux, en passant par une très belle expo de peintures religieuses – une salle est dédiée à Luis Nino, un artiste indigène originaire de la ville, qui réalisa de nombreuses œuvres entre 1720 et 1750. Ainsi, on découvre la Virgen del Rosario et la Virgen de Sabaya, introduisant la Trinité andine et la Pachamama, l’immaculée de forme triangulaire. Dans la salle numismatique, on peut observer des macuquinas, ces pièces de monnaie martelées une à une et réalisées du XVIe au XIXe siècle. La salle des laminoirs montre des machines en bois servant à laminer les lingots d’argent ; autrefois, on transportait ces dispositifs à dos de mule depuis le port de Buenos Aires jusqu’à Potosi… Bref, c’est une visite très instructive et plutôt éclectique dans ses collections !  

  • Casa Nacional de Moneda, 9h-16h30, dimanche 9h-12h, fermé le lundi, Bs.60 droit photo inclus, durée de la visite guidée obligatoire 2h.
Potosi – Casa de la Moneda

Potosi – Casa de la Moneda – Le fameux El Mascarón, réalisé par Eugène Moullon, un Français.


Potosi – Casa de la Moneda – Tableau de Luis Nino, avec une réprésentation particulière de la Vierge en triangle (idem images ci-dessus)



Potosi – Casa de la Moneda – Salle numismatique (idem ci(dessus & ci-dessous)


Potosi – Casa de la Moneda – Représentation de la ville au XVIe siècle


Potosi – Casa de la Moneda – Reconstitution de la fonderie – Ci-dessus, salle des laminoirs et ci-dessous, chapelle du bâtiment colonial


Un petit tour en ville… toujours sous la pluie !

La météo ne nous épargne pas, il pleut quasiment sans discontinuer et il fait franchement frisquet… Nous nous baladons tout de même un peu, nous allons notamment jusqu’à l’Arco de Cobija qui, autrefois, marquait la séparation entre la ville espagnole et la partie où habitaient les indigènes – mineurs pour la plupart. Depuis ce lieu, la vue sur le Cerro et les mines est saisissante… Nous poursuivons vers le Mercado Central, mais comparé à celui de Sucre, il est très modeste. Nous aurions aimé monter sur le toit de l’Iglesia San Francisco – une visite à ne pas louper à Potosi – mais malheureusement, le site est fermé car les tuiles vernissées du bâtiment sont trop glissantes pour pouvoir marcher dessus.

Potosi – Vue sur le Cerro Rico depuis l’Arco de Cobija

Potosi – Vue sur les mines du Cerro Rico depuis l’Arco de Cobija

A la découverte du Cerro Rico, une visite émouvante au cœur du quotidien des mineurs…

Jeudi matin, vers 10h, nous retrouvons Rolando, ancien mineur devenu guide, pour une visite extérieure de la mine. En effet, nous avons choisi de ne pas pénétrer dans les galeries, encore en activités. Nous commençons par faire un tour au marché des mineurs où on trouve feuilles de coca – que l’on achète pour offrir plus tard – tabac, alcool à 96°C et bâtons de dynamite. Puis nous montons sur le Cerro Rico, la plus grande mine d’argent de l’histoire, découverte par les Espagnols en 1545. À l’époque précolombienne, les populations incas locales considéraient le Cerro Rico comme une huaca, une montagne sacrée où on vénérait une divinité. A certaines occasions, on tenait des sacrifices humains à son sommet, en l’honneur du dieu Huiracocha ou Pachamama. Une fois découverte, la mine attira un flux humain énorme de toute la vice-royauté du Pérou. La ville de Potosi naquit au pied de la montagne un an plus tard, et l’activité au Cerro Rico devint rapidement fondamentale pour l’empire espagnol, qui en puisa une grande partie de sa richesse aux XVIe et XVIIe siècles – à cette époque, on extrayait 240 tonnes d’argent par an. Le Cerro Rico culmine à 4786m d’altitude et aujourd’hui encore, plus de 5000 galeries s’enchevêtrent au sein de la colline, desservant environ 200 mines, dont certaines sont situées à plus de 450m de profondeur. La vie des mineurs est excessivement difficile : ils travaillent en moyenne 10 heures par jour, six jours sur sept, dans un environnement hostile et dangereux, pour un salaire mensuel moyen de 150€ duquel il faut déduire le coût du matériel. Pendant deux heures, nous arpentons quelques sites miniers… Deux heures intenses en émotion, qui nous plongent dans la réalité brutale du quotidien des mineurs, deux heures qui seront à jamais gravées dans nos mémoires…

  • Visite extérieure de la mine, durée 2h30, on recommande le guide Rolando (ancien mineur, passionnant dans ses explications) de l’Agence Amigos de Bolivia (petite agence familiale) située 27 rue Tarija. Tour privé pour 2, Bs.300 (inclus le guide et le chauffeur). On recommande !
Potosi – Visite extérieure des mines – Sur le marché des mineurs, le guide me montre un bâton de dynamite. Ci-dessous, marché des mineurs et ses environs, et feuilles de coca, indispensable pour lutter contre le soroche, le mal des montagnes.


Potosi – Visite extérieure des mines

Potosi – Visite extérieure des mines


Potosi – Visite extérieure des mines – Bouche d’entrée d’une mine


Potosi – Visite extérieure des mines – Vue sur la ville depuis un terril


Potosi – Visite extérieure des mines – Une partie des installations ne sont plus en service mais les mineurs continuent à utiliser les lieux… Ci-dessous, on voit les mineurs porter un sac plastique vert à la main : ce sont les feuilles de coca qu’ils mastiquent toute la journée.


Potosi – Visite extérieure des mines


Potosi – Visite extérieure des mines



En route vers Oruro !

Après ce beau séjour de trois nuits passées à Potosi – et, contre toute attente, sans trop de difficultés liées à l’altitude – vendredi midi, nous prenons la route pour Oruro. Le bus est confortable, et une fois de plus, nous traversons de beaux paysages – avec accessoirement un passage à plus de 4300m – où les troupeaux de lamas sont nombreux…

Sur la route entre Potosi et Oruro – Ci-dessous, troupeaux de lamas (photos de qualité moyenne car prises depuis le bus en roulant).


Sur la route entre Potosi et Oruro – Ci-dessous, pause de 20mn à Challapata, un gros village très poussiéreux…


Du vendredi 10 au dimanche 12 janvier

Vers 20h, nous débarquons à Oruro, la cinquième ville du pays en termes de population, située entre les deux capitales, Sucre et La Paz. Après un court trajet un taxi, nous nous installons à l’Hostal Graciela, une auberge plutôt rustique ; ici aussi l’altitude se ressent – on est à 3700m – et monter les deux étages avec les bagages n’est pas une partie de plaisir !

  • Hostal Graciela, pas trop loin du centre-ville, accueil charmant mais confort rudimentaire. Pizzéria correcte presque en face, pratique pour le soir. Bon petit-déjeuner. Chambre toute petite et salle de bain minuscule, le pommeau de la douche se situant au-dessus des toilettes et du mini-lavabo ! 20€ la nuit avec le petit-déjeuner.  

Oruro, une ville dédiée à la Virgen de Socavon !

Samedi matin, nous partons explorer le cœur d’Oruro, fondée en 1606 comme centre minier d’argent ; elle s’appelle alors Ville Royale de Don Felipe de Austria en l’honneur du roi d’Espagne Philippe III. Rapidement les veines du précieux métal s’épuisent, mais à la fin du XIXe siècle, on trouve un filon d’étain. Un temps, la mine d’étain La Salvadora est la plus importante du monde, mais de nouveau, la ressource se tarit et Oruro connaît un second déclin. Depuis, la ville cherche à attirer le tourisme, et elle y parvient grâce à son Carnaval – reconnu patrimoine culturel immatériel par l’Unesco – le second d’Amérique Latine derrière celui de Rio. La légende raconte que, en 1789, une fresque de la Vierge Marie apparut miraculeusement dans un des puits de la mine d’argent la plus riche d’Oruro ; depuis, le Carnaval a lieu en l’honneur de la Virgen del Socavón – autrement dit la Vierge de la Mine. Comme nous sommes encore loin de ces festivités, nous nous contentons de visiter l’église et le sanctuaire dédiés à la Vierge. Sur la place adjacente, l’ambiance est décontractée et les visiteurs nombreux – ce sont les vacances scolaires et les Boliviens voyagent dans leur pays !

  • Eglise et Santuario de la Virgen del Socavón, 7h30-19h, entrée libre
Oruro – Eglise de la Virgen de Socavon

Oruro – Eglise de la Virgen de Socavon

Oruro – Eglise de la Virgen de Socavon


Oruro – Eglise de la Virgen de Socavon


Oruro – Sanctuaire de la Virgen de Socavon


Oruro – Hommage aux mineurs

Oruro – Petit belvédère dédié à la Virgen de Socavon

Nous prenons ensuite une télécabine qui nous monte jusqu’à un promontoire où est installée… une immense Vierge de Socavon ! Haute de 45m, c’est la Vierge la plus grande du monde, dépassant même le Christ rédempteur de Rio de Janeiro et le Christ de Concordia à Cochabamba ! Même si elle est impressionnante, nous concernant, c’est surtout la vue époustouflante sur les environs qui attire notre regard – notamment sur le lac Uru Uru.

  • Téléphérique => Monumento a la Virgen del Socavon, 11h-18h uniquement les mercredis, samedis et dimanches, Bs.30 AR
  • Monumento a la Virgen del Socavon, 9h-17h, accès libre à l’esplanade, salles intérieures en rénovation lors de notre passage. Magnifique belvédère pour observer les environs.
Oruro – Fresque ornant le mur de la gare de la télécanine

Oruro – Télécabine pour le Monumento a la Virgen de Socavon

Oruro – Monumento a la Virgen de Socavon

Oruro – Vue depuis le Monumento a la Virgen de Socavon


Oruro – Vue depuis le Monumento a la Virgen de Socavon, au loin le lac Uru Uru

Oruro – Vue depuis le Monumento a la Virgen de Socavon, au loin le lac Uru Uru

Oruro – Vue depuis le Monumento a la Virgen de Socavon

Vers midi, nous sommes de retour au centre-ville et nous nous baladons un moment dans le petit quartier historique. Le samedi, c’est jour de marché et c’est toujours intéressant à observer : ici, les vendeuses de pots de chantilly font fureur, les Boliviens se les arrachent ! Nous, on préfère déjeuner dans un petit resto tout simple – le menu del dia, bon mais beaucoup trop copieux comme souvent. Vers 14h, la pluie et l’orage s’invitent… et nous rentrons nous réfugier à l’hôtel !

Oruro – Samedi, c’est le marché !


Oruro – Vendeuse de pots de chantilly !


Oruro – Voiture probablement bénie sur les rives du lac Titicaca, une tradition…


Oruro – Centre historique

Oruro – Centre historique


Ainsi s’achève ce court séjour de deux nuits à Oruro, une ville boudée par les visiteurs étrangers mais que, finalement, nous avons bien appréciée. Dimanche, nous prendrons de nouveau la route, cette fois en direction de La Paz. Autres découvertes et autres aventures en perspective !

2 réflexions au sujet de « Potosi et Oruro, deux villes minières des Hauts Plateaux boliviens… »

  1. Que de bons souvenirs de Sucre ! Nous ne sommes pas allés à Potosi car c’était une période où les mineurs étaient en grève et bloquaient les routes. L’Amérique du sud nous tente toujours autant par ses couleurs, son architecture, ses communautés, ses textiles… On y retournera peut-être une prochaine année…

    Bonne route à vous !

    La Team Topette

    Aimé par 1 personne

    1. Potosi est à découvrir, on a eu de la chance, la ville n’a pas été perturbée par les manifestations (c’est en ce moment, à La Paz que ça coince un peu, mais sans grand désagrément pour nous). Ce qui est difficile, c’est l’altitude, mais on s’habitue tout doucement !
      Sinon je crois que tes messages n’apparaissaient pas car WordPress ne reconnaissait plus ton mail (ne me demande pas pourquoi, ça doit être l’altitude !).
      Bises à tous les deux, et profitez bien du Maroc !

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