Quitter la vibrante Buenos Aires n’est pas chose facile : nous apprécions vraiment cette ville qui, au fil des ans, s’embellit… Il nous faut néanmoins avancer, et mercredi, à 17h30, nous embarquons pour Posada, au nord de l’Argentine, à bord d’un confortable bus cama ; et c’est parti pour 14h de voyage !
Du jeudi 5 au dimanche 8 décembre
Nous arrivons donc à la gare routière de Posada à 7h30 : reste plus qu’à prendre un petit-déjeuner et trouver un moyen de transport pour franchir le Rio Paraná qui marque la frontière avec le Paraguay. Gérard aurait préféré prendre un taxi, mais comme il y a un bus urbain qui nous tend les bras, j’insiste pour le prendre. Petite erreur, car avec les bagages, ce n’est vraiment pas une partie de plaisir : après un grand tour bringuebalant de Posada, il nous faut descendre avec tous les sacs à la frontière argentine – les marches de ce bus sont très hautes et l’allée centrale étroite, pas évident à franchir quand on est chargé. Et rebelote à la frontière paraguayenne ! Là, on renonce à remonter dans le bus et on saute dans un taxi qui nous conduit directement à l’hôtel. Celui-ci est très bien situé, à quelques pas du fleuve, et à 10mn à pied de la Plaza de Armas, la principale place de la ville. Nous récupérons presqu’immédiatement notre chambre – très agréable, avec vue sur la piscine et au loin le Rio Paraná – puis nous partons immédiatement explorer les environs.
- Bus Buenos Aires Retiro => Posadas, durée 14h, cama, 63€ par personne, cie Via Bariloche (mais d’autres compagnies assurent également le trajet). Attention : les bus argentins ne font jamais de pause, donc prévoir suffisamment à boire et à manger. Penser également à déconnecter les données mobiles du téléphone car on passe régulièrement sur le réseau uruguayen (pas inclus avec Free). Résa vis Busbud.
- Transfert international Posada (Argentine) => Encarnacion (Paraguay), bus urbain, départ à la gare routière de Posada, ARS 2500 ou Gs.20.000 (l’équivalent de 2.50€). Trajet un peu long (on fait le tour de la ville), à la frontière argentine, on doit descendre les sacs car, en tant qu’étranger, le contrôle peut être plus long et le bus risque de ne pas attendre. Taxi frontière Encarnacion => Hôtel centre-ville, ARS 8000 (les deux monnaies, argentine et paraguayenne sont acceptées). On aurait pu reprendre le bus avec le même ticket, mais on a manqué de courage !
- Bon à savoir : Free offre 35Go / mois au Paraguay, donc pas besoin d’acheter une carte Sim.
- Argent : on est vite millionnaire au Paraguay puisque Gs.1.500.000 est équivalent à 185€ ! Retrait facile à l’ATM de la Banco Rio, en bordure de la Plaza de Armas. Change possible de devises (notamment pesos argentins restants) à l’angle nord-ouest de la place (attention, seules les grosses coupures sont acceptées, le reste se change facilement à la gare routière d’Encarnacion).
- Hotel Puesta del Sol, petit hôtel moderne très bien situé, proche des restaurants et de la plage San José. Epicerie (uniquement boissons) au coin de la rue, supermarché vers la Plaza de Armas. Accueil très sympathique. Chambre confortable (salle de bain privée, clim, balcon, télé, mini-frigo). Piscine. 44€ la nuit avec petit-déjeuner inclus. Résa via Booking. On recommande !
A la découverte d’Encarnacion !
Une fois nos sacs posés, nous partons à pied vers la Plaza de Armas : premier constat, il fait vraiment très chaud, 34°C avec un ressenti bien plus important dès que l’on passe au soleil ! En plus, ça monte un peu, histoire de corser la balade… C’est donc bien transpirant que nous parvenons sur cette place emblématique qui compte plusieurs monuments commémoratifs – aux mères, à la Communauté allemande, à la Communauté italienne, au poète ukrainien Taras Shevchenko, aux victimes de l’Holodomor (la famine organisée en Ukraine par la Russie de Staline en 1932), à la communauté japonaise, au drapeau…






D’un point de vue historique, la ville d’Encarnación est créée en 1615 par le jésuite San Roque González de Santa Cruz, premier saint paraguayen. Très engagé auprès des populations indigènes, il fonde la première mission jésuite sur le fleuve Paraná pour les convertir au catholicisme, et nomme la ville Notre-Dame de l’Incarnation d’Itapúa. En 1843 celle-ci est rebaptisée Encarnacion, en 1843, et le 7 octobre 1848, un décret bannit le peuple guarani de sa propre ville qui doit fuir dans les campagnes avoisinantes. Au début du XXe siècle, l’arrivée du chemin de fer, le développement du carnaval (le plus important du Paraguay) et le fort courant migratoire venu d’Italie dynamisent la ville qui, de nos jours, est l’une des plus touristiques du pays.

Sur ce dernier point – l’aspect touristique des lieux – on peine un peu à la croire car dans les rues, on ne croise que quelques rares locaux et aucun voyageur ! Serait-ce dû à la chaleur accablante ?!? Nous évoluons donc, à petits pas, dans une ville et un front de fleuve quasiment déserts ! En redescendant vers le Rio Paraná, nous constatons qu’il y a peu de restos ouverts le midi ; heureusement le Xoxo Café propose de bons plats, dans une ambiance rafraichissante – merci la clim !
Après le déjeuner, nous passons devant l’ancienne gare – autrefois, Encarnacion était reliée par le rail à Asuncion, la capitale, et Buenos Aires. Désaffectée depuis les années 50, elle abrite désormais des expos temporaires, tandis qu’une vieille loco rappelle les voyages en train d’antan.

Nous nous baladons ensuite le long de la plage depuis laquelle on a un joli point de vue sur Posada et sur le moulin San José, en activité de 1938 à 1989. Dans ce bâtiment, on fabriquait alors de la farine qui était ensuite exportée par bateau via le Río de la Plata ; depuis sa fermeture, le moulin demeure un élément architectural important du patrimoine d’Encarnacion.






Nous poursuivons ensuite par la visite de la cathédrale Notre-Dame de la Santisima, toute blanche, construite entre 1928 et 1939.



Après une ultime montée – on ne peut pas dire que le dénivelé soit important, mais avec la chaleur, le moindre pas demande un effort certain – nous parvenons à la gare routière où nous achetons notre billet de bus pour Ciudad de l’Este où nous irons dimanche prochain. Puis nous rentrons à l’hôtel en taxi, légèrement fatigués par cette première balade, enchainée directement après une nuit dans le bus…
En début de soirée, reposés, nous ressortons diner : tous les restos sont désormais ouverts, et on a l’embarras du choix. Nous nous posons au Fusion Cheff Pizza & Roof – caïpirinha et excellente pizza à prix doux ! A la différence de la journée, les bords du fleuve s’animent à la nuit tombée, et cette fois, nous ne sommes pas seuls à assister au beau coucher de soleil sur l’Argentine…
- Nos bonnes adresses pour déjeuner ou diner : Xoxo Café y Resto (ouvert du matin au soir, cadre agréable et plats savoureux), Encarnacion Playa Grill (ouvert midi et soir), Fusion Cheff Pizza & Roof (ouvert le soir, excellentes pizzas), Akira Sushi Bar (ouvert midi et soir, très bon), Nutrifrut #NutriCosta (pour un dessert). Une constante pour tous ces restos : des prix très doux pour une prestation de qualité !

Santísima Trinidad del Paraná et Jesús de Tavarangüé : deux belles anciennes missions jésuites !
Vendredi, c’est avec un taxi réservé pour la demi-journée que nous partons visiter les deux anciennes missions jésuites les plus importantes du pays. Situées à une trentaine de kilomètres du centre d’Encarnacion, nous rejoignons rapidement ces deux sites classés au patrimoine mondial par l’UNESCO depuis 1993.

Les Missions jésuites du Paraguay sont à la fois une entreprise de mission catholique telle qu’il en a existé d’innombrables à partir du XVIe siècle, et un véritable État théocratique gouverné par les Jésuites qui ont mis sur pied, entre 1609 et 1763, une organisation sociale très particulière. Construites à la suite de l’allégeance de certains chefs guaranis – désireux de se placer sous la protection du roi d’Espagne pour échapper aux raids esclavagistes des colons portugais venus du Brésil – ces missions assuraient aux indigènes une relative liberté dès lors qu’ils acceptaient de se convertir et de suivre les règles de la communauté. En contrepartie, les Guaranis bénéficiaient des savoirs européens, tant d’un point de vue scientifique, qu’artistique et relativement démocratique. Par ailleurs la culture, la langue et, dans la mesure du possible, l’organisation socio-politique étaient respectées et même encouragées.




Ainsi, dans ces réductions – c’est ainsi que l’on appelle les missions – les bâtiments principaux, comme l’église, le cimetière et l’école sont disposés d’un côté d’une large place, entourée de maisons sur les trois autres côtés. Les rues comme les maisons sont ordonnées selon des lignes géométriques précises, comme le veut la tradition espagnole de l’époque. La position centrale du lieu d’habitation des pères leur permet d’avoir constamment un regard sur toute la vie de la mission.




Fondée en 1706 par le père Juan de Anaya, la réduction Santísima Trinidad del Paraná comptait déjà 3000 indigènes guaranis en 1727. L’expulsion des jésuites des colonies espagnoles en 1768 a finalement conduit à l’abandon de Trinidad et des autres réductions qui, pour la plupart, ont été laissées à l’abandon et furent victimes de pillage…




Le site de Trinidad nous impressionne par sa belle mise en valeur – on ressent mieux la vie de la mission ici qu’à San Ignacio Mini que nous avions visité en 2023, en Argentine. Et en plus, on a la chance d’observer des bébés vanneaux tero et des chevêches des terriers !







Distante de 10km, nous visitons ensuite la réduction Jesús de Tavarangüé, dont il subsiste principalement les ruines de l’église. Fondée en 1760, les Jésuites et Guaranis furent expulsés huit ans plus tard alors que de nombreux bâtiments n’étaient encore pas achevés. Ainsi, si elle avait été terminée, l’église aurait été un des plus grands édifices religieux de l’époque, avec une longueur de 70 mètres sur 24 de large…
- Santisima Trinidad (site de la mission de Trinidad) et Jesús de Tavarangue (site de la mission de Jesus), 7h-20h, Gs.40.000 valable pour les deux sites. Présentation obligatoire du passeport (ou de sa copie) obligatoire. Pas d’excursion collective organisée au départ d’Encarnacion, le mieux est de privatiser un taxi pour une grosse demi-journée, Gs.500.000 soit environ 63€. On conseille Silvia, WhatsApp +595983937483





Animaux du Paraguay…
Au retour, nous faisons un crochet pour visiter le mini-zoo del Juan XXIII qui accueille (ou recueille ?) certaines espèces de la faune endémique locale. On a toujours des scrupules à observer des animaux captifs que l’on préférerait savoir en pleine nature, mais néanmoins, on a constaté que les bêtes avaient toutes poils et plumages soyeux et semblaient en bonne santé…
- Mini-zoo del Juan XXIII, 9h-17h, Gs.10.000, porte toujours fermée, sonner pour entrer.

















Dans la soirée, nous ressortons dîner mais cette fois, nous ne trainons pas sur la Costanera car l’orage menace !
Samedi, la pluie ne nous incite pas à sortir, j’en profite pour mettre à jour le blog… Gérard brave toutefois l’intempérie pour faire quelques courses pour le déjeuner. En chemin, il croise la petite église orthodoxe Saint Nicolas, témoin de la forte immigration ukrainienne du XXe siècle. Dans la soirée, la météo devrait être meilleure et nous irons diner, probablement au restaurant Fusion Cheff Pizza & Roof, notre préféré.

Notre court passage au Paraguay nous a enchantés, tant pour la quiétude des lieux que pour la sympathie des habitants ! Dès demain (dimanche), nous allons entamer un long trajet pour rejoindre Bonito, dans le Mato Grosso del Sul, au Brésil : on commencera par cinq heures de bus pour Ciudad del Este où nous passerons la nuit. Puis lundi, nous enchainerons avec un passage de frontière Paraguay / Brésil – probablement en taxi, c’est plus pratique que le bus ! – puis un premier bus de Foz do Iguazu à Cascavel, un second bus, de nuit jusqu’à Dourados (avec une arrivée à 3h du matin !) et enfin un troisième bus jusqu’à Bonito où nous sommes censés arriver mardi vers midi. Un vrai périple qui ne s’annonce pas de tout repos !
Salut les amis des jésuites !
Bon, on n’a pas l’impression que Encarnation ait tellement changée depuis notre passage il y a 10 ans. Heureusement qu’il y a les missions jésuites (où nous nous étions rendus en bus local sans avoir aucune information sur la possibilité du retour…) sinon on ne voit toujours pas pourquoi on y irait au Paraguay !
Bises,
La Team Topette !
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Vous étiez courageux d’être allés aux missions en bus, sans garantie de retour ! Nous, vu la météo hyper chaude et pluvieuse, on a joué petit bras, et on a pris un taxi !
Alors, peut-être que vous devriez retourner au Paraguay pour voir les bébé vanneau tero (pour nous, c’était une première !).
Sinon, je ne réponds que maintenant à vos commentaires car nous avons mis quasiment 3 jours pour rejoindre Bonito (Matto Grosso del Sul au Brésil) depuis Encarnaciation, 4 bus (dont 1 de demi-nuit, un nouveau concept, qui nous a déposé au milieu de nul part à 3h du matin) et une nuit dans un hôtel « trou à rat » à Ciudad del Este (ville à fuir, c’est d’ailleurs ce que l’on a fait !). Arrivés à Bonito bien cassés mardi, on a enchainé hier (mercredi) par la grande journée « observation des oiseaux » et baignade dans les eaux cristallines de rio (avec lever 5h30…). Bref, ça valait le coup d’en baver autant avec le transport !
J’espère que vous allez mieux… Bises
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