Du lundi 20 au vendredi 24 janvier
Après huit nuits passées à La Paz, nous quittons la capitale administrative de la Bolivie pour rejoindre Copacabana, sur les rives du fameux lac Titicaca. Le voyage en bus est rapide – moins de quatre heures – et ponctué d’un arrêt à Tiquina où il nous faut franchir un bras de lac. Là, nous laissons le bus embarquer seul sur une barge tandis que les passagers empruntent un petit bateau poussif qui crachote un maximum de gaz d’échappement. Heureusement, la traversée est courte !
- Bus La Paz (gare routière) 8h30 => Copacabana 12h, environ 8€, cie Titicaca Bolivia, bus touristique. Ferry à régler en sus, Bs.2. A Tiquina, ne pas trainer pour récupérer le bus qui sort de la barge, il n’attend pas !






La route qui surplombe le lac est belle mais le ciel reste désespérément gris-blanc, et c’est sous une petite pluie fine que nous arrivons à Copacabana vers midi. Ici, rien à voir avec la célèbre plage brésilienne, il fait froid – à peine 10°C – et nous sommes à plus de 3800m d’altitude ! Après une halte pour le déjeuner, nous nous dirigeons à pied vers notre hôtel, le Lago Azul, situé au bord du lac. Petit coup de gueule au moment du check-in quand on nous demande un prix bien plus élevé que celui indiqué lors de notre réservation Booking…
- Hôtel Lago Azul, situé directement en bord de lac. Chambre très confortable, avec chauffage et balcon vue lac. Bon petit-déjeuner. Néanmoins, on le déconseille car la nuit, déjà très chère, a subi une inflation de plus de 30% lors du check-in, passant à 108US$ au lieu des 75US$ initialement prévus ; il nous aura fallu 4 jours de négociations pour payer la juste somme ! Résa via Booking à qui nous avons signalé le problème.
Un peu énervés, nous nous installons tout de même dans la chambre, au demeurant très agréable, puis nous repartons nous balader vers la « plage ». Là encore, mauvaise surprise : le rivage est sale et peu soigné, encombré de structures gonflables tractées par une nuée de petits bateaux à moteur… Décidément, on n’imaginait pas le plus grand lac d’eau douce d’Amérique du Sud ainsi ! D’ailleurs, à cause de l’urbanisation, des ruissellements des mines et de l’agriculture intensive, le lac est actuellement menacé par une sévère pollution : l’eau est chargée de métaux lourds, ce qui entraine la disparition progressive de la faune – notamment la grenouille géante Telmatobius culeus, en danger critique d’extinction.




Superbe Isla del Sol !
Mardi matin, un timide rayon de soleil illumine les eaux bleues du lac… Nous ne trainons pas, et à 8h30 nous embarquons à bord de la navette régulière qui rejoint Yumani, sur la côte sud de l’Isla del Sol, la plus grande ile du lac, longue de de 9.6km pour 4.6km de large. La traversée dure une heure trente sur une « mer » d’huile – oui, ce lac est si grand que l’on distingue à peine la rive opposée, on se croirait vraiment en bord de mer ! Peu avant d’arriver à destination, nous passons devant le majestueux Temple du Soleil érigé par les Incas vers le XVe siècle de notre ère. Il faut dire que le lac Titicaca – dont le nom signifie Roc du Puma en aymara – fut de tous temps un lieu sacré de la culture andine. Avant même l’Empire Inca, la colonisation espagnole et la christianisation, les iles du lac étaient habitées par les Aymaras, un des peuples autochtones les plus anciens de l’arc andin. Et la légende veut que le dieu Viracocha ait surgi de ce lac, créant ainsi le monde et toutes les civilisations des Andes…
- Navette communautaire Copacabana => Yumani, Isla del Sol, départs quotidiens à 8h30 et 13h30. Retour de Yumani à 11h et 16h (passage 15mn plus tard aux ruines). Durée de la traversée, environ 1h30. Bs.50 l’AR si effectué dans la journée. Possibilité d’opter pour une rando guidée entre Yumani et les ruines, environ 2.5km, 200mD+ dont 206 marches irrégulières en pierre, 1h30, on recommande chaudement cette option (nous avons eu Elmer pour guide, il est très compétent et sympathique), Bs.40.






Une fois débarqués à Yumani, nous nous dirigeons directement vers l’escalier inca qui compte 206 marches de pierre au relief inégal. Tranquillement, mais sans difficulté, nous montons jusqu’à une fontaine qui assure jeunesse éternelle à qui boira son eau – on a fait un refus, on restera vieux, tant pis !



A cet endroit, nous sommes rejoints par le guide du bateau, suivi par quelques marcheurs qui évoluent péniblement. A bord, nous avions refusé sa proposition de rando, pensant que j’aurais du mal à suivre le rythme ; finalement, vu que nous avons déjà fait le plus gros du dénivelé, je suis rassurée, et nous nous greffons au groupe. Une excellente initiative car non seulement Elmer, notre guide, est passionnant, et en plus la balade est de toute beauté ! Et nous sommes certains de ne pas louper le bateau du retour…





A mi-parcours, nous faisons une halte bienvenue à un belvédère qui surplombe le lac : la vue sur le Temple du Soleil, en contrebas, est magnifique, avec en prime, un alpaga tout mignon qui prend la pause pour la photo !









Il ne nous reste qu’à redescendre vers le Temple du Soleil… Si celui-ci fut érigé par les Incas vers le XVe siècle, les archéologues ont découvert des preuves que l’île fut habitée dès le troisième millénaire avant notre ère. Plus tard, à l’époque des Incas, l’île devint un sanctuaire où se trouvait un temple avec des vierges dédiées au dieu Soleil ou Inti… Après une visite rapide du site, nous retrouvons le bateau ; et c’est en partie sous la pluie que s’effectue le retour à Copacabana !




Copacabana, entre ferveur religieuse, bénédiction des voitures et jeux de plage !
Mercredi, ciel gris et pluie au réveil… On se contente donc d’une balade dans le village, très animé en ce 22 janvier, férié pour commémorer l’adoption de la nouvelle constitution bolivienne en 2010. Après avoir longtemps pensé que le nom Copacabana dérivait de l’aymara kota kahuana signifiant « vue sur le lac », les archéologues ont découvert qu’en réalité Kotakawana était le dieu de la fertilité dans la mythologie andine antique, un dieu androgyne qui vivait dans le lac Titicaca, entouré de sa cour… L’actuelle Basilique Notre-Dame de Copacabana a d’ailleurs été construite à l’emplacement du temple principal de la fertilité de Kotakawana, preuve que la ville était un lieu sacré bien avant la conquête espagnole ! A l’intérieur de l’église, édifiée dans un style morisque entre 1610 et 1651, la foule se presse pour déposer des gerbes de glaïeuls devant la fameuse sculpture de la Virgen de la Candelaria de Copacabana, taillée en 1580 par l’artiste quechua Francisco Yupanqui, neveu de l’Inca Tupac Yupanqui, deuxième empereur historique de l’Empire inca.
- Basilique Notre-Dame de Copacabana, en haut du village, sur la Plaza 2 de Febrero, horaires fluctuants, entrée libre








Plus surprenant, derrière la basilique, on tombe sur la cérémonie de la bénédiction des voitures ! En effet, chaque jour entre 10h et 14h, il est possible de faire baptiser son véhicule par un prêtre ; pour que la fête soit parfaite, la voiture doit être décorée de fleurs et de guirlandes, et même arrosée d’un peu de vin mousseux. Ainsi bénie, la voiture sera protégée… et son conducteur aussi – on comprend mieux la conduite très sportive de certains Boliviens, convaincus que leur sort est entre les mains de Dieu et qu’ils peuvent doubler, en haut d’une côte, sans visibilité aucune…





On passe ainsi un long moment à se balader dans les ruelles de ce gros village, dont certaines sont envahies d’étals au sol – notamment par des vendeuses de poissons. En début d’après-midi, on redescend vers la plage où les enfants, en vacances, font des pâtés de sable : surprenant à une telle altitude !



Jeudi, la météo ne s’améliore guère et il pleut encore… On s’octroie donc une journée de repos – on remonte tout de même jusqu’à la basilique pour s’aérer un peu ! Ce séjour a Copacabana nous laisse un peu sur notre faim et nous avons deux regrets : ne pas avoir pu aller dans la partie nord de l’Isla del Sol et avoir renoncé à la grimpette du Cerro El Calvario, raide mais avec, a priori, une très belle vue sur la baie…
Demain, nous quitterons la Bolivie pour le Pérou ; prochaine étape à Puno, toujours au bord du lac Titicaca. La météo s’annonçant de nouveau très capricieuse – pluie et grosse fraicheur – nous ne séjournerons pas sur les iles comme le font la plupart des voyageurs, nous nous contenterons de les visiter au cours d’une sortie journée…