Et hop, c’est grâce à un nouveau voyage de nuit– le cinquième depuis notre départ de Trieste – que nous pénétrons en Uruguay au départ de Porto Alegre, au Brésil. Un trajet pas désagréable effectué à bord d’un bus grand luxe – une fois de plus, nous ne regrettons pas d’avoir opté pour un fauteuil leito / cama qui permet d’optimiser au mieux le sommeil ! Nous n’avons même pas vu passer la frontière, nos passeports, récupérés à l’embarquement, ayant été tamponnés pendant que nous dormions…
Du dimanche 24 au jeudi 28 novembre
Ponctuel, notre bus nous débarque à la gare routière Tres Cruces de Montevideo à 8h tapantes. Là, nous prenons le temps de tirer de l’argent à un ATM, d’acheter nos billets de bus pour Colonia del Sacramento – pour le voyage de jeudi – et surtout d’installer deux cartes Sim locales dans nos téléphones, Free n’offrant pas cette destination. Puis nous prenons un taxi pour le centre historique où se situe l’Hôtel Palacio où nous posons nos sacs pour quatre nuits. C’est un vieil établissement, doté d’un antique ascenseur bringuebalant ! Notre chambre est petite mais bien équipée, et surtout elle possède une grande terrasse qui donne sur les toits de Montevideo… Néanmoins, nous ne nous attardons pas : on souhaite profiter du beau ciel bleu pour voir la Plaza Independencia – ça ne va pas durer, dès demain, il devrait pleuvoir…
- Bus Porto Alegre => Montevideo, 113€ par personne en fauteuil leito / cama, cie TTL. Quelques départs par semaine, durée 12h. Excellent service, collations et boissons offertes, wifi performant, toilettes propres. Les formalités du passage de frontière sont effectuées par les chauffeurs, on récupère les passeports tamponnés à l’arrivée. Résa via Busbud.
- Carte Sim : on a opté pour Movistar, carte valable 30 jours, 30 Go, UYU320.
- Bon à savoir : dans les DAB, on peut retirer des pesos uruguayens et des dollars américains.
- Taxi gare routière => centre historique, UYU380, tarif majoré le dimanche.
- Hotel Palacio, idéalement situé entre la Plaza Independencia et la Plaza de la Constitución, petit supermarché (ouvert tous les jours) et restaurants (souvent fermés le dimanche) à proximité. Accueil souriant. Vieil immeuble avec antique ascenseur bringuebalant. Chambre petite mais agréable –meubles anciens – et bien équipée avec mini-frigo, salle de bain privée, clim, wifi et grande terrasse. 53€ la nuit. Résa via Booking. On recommande !
La Plaza Independencia est une des plus importantes de la ville et est bordée par plusieurs bâtiments historiques comme le théâtre Solis – le plus ancien du pays, le palais Estevez ou encore l’extravagant Palacio Salvo, qui, avec ses 26 étages, était le plus haut gratte-ciel du continent sud-américain lors de son inauguration en 1927. Au centre de la place, le mausolée de José Gervasio Artigas rend hommage au héros de l’indépendance uruguayenne.

Le dimanche n’étant pas le meilleur jour pour se balader dans le centre historique, nous nous contentons d’un premier tour jusqu’à la Plaza de la Constitución, suivi d’un déjeuner rapide au restaurant La Pasiva, un des rares à être ouvert. De plus, en ce jour d’élection présidentielle, presque tout est fermé, les musées et attractions comme de nombreux bars – l’alcool est interdite de vente toute la journée.

Parc, plage et rambla…
Pour profiter de ce beau temps éphémère, nous prenons un bus urbain pour le Parc José Enrique Rodo. Nous nous baladons un moment autour de petits lacs, à la recherche du moindre coin d’ombre tant la chaleur nous assomme…









Nous avions prévu de visiter le musée des Arts visuels, mais il est fermé, surement en raison des élections…


Nous poursuivons donc jusqu’à la plage Ramirez, aménagée pour la baignade dans le Rio de la Plata. Considéré comme un fleuve, un estuaire, un golfe ou une mer épicontinentale, on n’aperçoit pas la rive opposée située… à plus de 100km !
- Bus urbains à Montevideo : facile de trouver un trajet grâce à Google map, UYU56 le billet auprès du chauffeur. Pour demander l’arrêt, il faut appuyer sur un bouton situé au-dessus de la porte de sortie (bon, parfois il y a aussi un bouton sur une barre d’appui) !




Dans la soirée, à 100m à peine de notre terrasse, sur la Plaza Independencia, c’est la fête : les Montévidéens célèbrent l’élection de Yamandú Orsi à la présidence de la République de l’Uruguay. Pour nous, c’est la troisième « petite » nuit, après une grosse fiesta étudiante sous notre balcon, vendredi à Porto Alegre, et un trajet nocturne en bus samedi…
Balade dans le centre historique…
Lundi, le ciel est de nouveau gris-blanc… On finit par s’habituer à cette météo très variable, et cela ne nous empêche pas de partir à la découverte de la vieille ville. Montevideo a été fondée en 1726 par les Espagnols afin d’empêcher les incursions des Portugais, qui avaient fondé Colonia del Sacramento au siècle précédent. En 1828, la ville devint la capitale de l’Uruguay, et demeura sous une forte influence britannique jusqu’au début du XXe siècle, en vue d’éviter le contrôle commercial de la région par l’Argentine et le Brésil. A cette époque, de nombreux Européens émigrèrent à Montevideo, et en 1908, 30 % de la population était née à l’étranger.

Nous commençons par arpenter la Peatonal Sarandí, la rue piétonne la plus animée du quartier, bordée de quelques maisons anciennes qui ont survécu aux schémas d’urbanisme anarchiques des années 60 et 70. Au niveau de la Plaza de la Constitución, la Cathédrale métropolitaine, de style néoclassique, se remarque à peine ; pourtant, dès que l’on pénètre dans l’édifice, on est surpris par ses proportions – 40m de long toute de même pour 24m de haut.









On bifurque ensuite sur la calle Perez Castellano, piétonne également, qui file directement sur le Mercado del Puerto, une halle marchande inaugurée en 1868 pour fournir en fruits, légumes et viande les navires qui arrivaient dans la baie de Montevideo et aussi approvisionner les riches familles qui construisaient à cette époque leurs demeures dans le quartier. Désormais, le marché abrite de nombreux restaurants qui proposent le traditionnel asado, un plat principalement composé de viandes grillées.





Art précolombien…
Comme la météo ne s’améliore pas, nous en profitons pour visiter quelques-uns des musées du centre ancien. Nous commençons par le Museo de Arte Precolombino e Indígena, modeste mais avec néanmoins quelques pièces intéressantes. Dans la section ethnologique, une expo temporaire consacrée aux anciennes traditions du carnaval est en cours d’accrochage, nous ne pourrons donc pas voir ces costumes très colorés et originaux…
- Museo de Arte Precolombino e Indígena, 10h30-18h, sauf dimanche, $200 & $150 pour les retraités étrangers, entrée libre le lundi de 10h30 à 14h.





Arts décoratifs au Palacio Taranco
En bordure de la Plaza Zabala, le Palacio Taranco a été construit sur les ruines d’un ancien théâtre au début du XXe siècle. Les meubles, ornements et œuvres d’art ont été acquis en Europe et tous les aménagements intérieurs ont été réalisés par la Maison Krieger à Paris, dans un style Louis XV, Régence et Louis XVI. La résidence fut habitée par la famille Ortiz de Taranco, puis à la mort de son propriétaire en 1940, elle fut achetée par l’Etat. Après avoir abrité le ministère de l’Instruction Publique dès 1946, elle fut ensuite transformée en musée d’arts décoratifs en 1972. Dans cette résidence eut lieu la signature de la loi de Montevideo en 1979, grâce à laquelle a été réalisée la médiation papale qui a résolu le différend frontalier entre l’Argentine et le Chili à propos du canal Beagle. La visite, assez rapide, est intéressante. Et au sous-sol, découvert par hasard en posant le sac à la consigne, nous visitons une très belle collection d’archéologie gréco-romaine, essentiellement composée d’objets utiles en cosmétique. Passionnant, mais dommage, photos interdites !
- Palacio Taranco, 12h30-17h30, fermé le week-end. Ne pas rater la collection d’archéologie au sous-sol. Entrée libre pour les deux visites.










L’univers particulier de José Gurvich, peintre emblématique du mouvement artistique constructiviste…
Nous poursuivons notre découverte du centre-ville par la visite du Museo Gurvich, en partie dédié à ce peintre très prolifique. Je dis « en partie » car les deux étages supérieurs du musée sont consacrés à Carlos Llanos (1930-2014), dans une expo temporaire célébrant le dixième anniversaire de sa mort.





Les autres étages du musée exposent uniquement des œuvres de José Gurvich (1927-1974), peintre uruguayen d’origine lithuanienne. Fuyant les persécutions dont les Juifs sont la cible, la famille Gurvich arrive dans le pays en 1932. Très jeune, José manifeste un amour pour les arts, dessinant constamment pour sa sœur et ses amis. Après avoir un temps travaillé en usine, en 1942, il commence à étudier la peinture à l’École nationale des beaux-arts de Montevideo. Il rencontre alors le célèbre peintre Joaquín Torres García, et intègre son atelier. Dès lors, son travail pictural s’affirme et s’ancre dans le mouvement artistique constructiviste. Gurvich voyage beaucoup en Europe, il passe aussi beaucoup de temps en Israël. Nous avons remarqué que certaines de ses œuvres s’inspiraient tantôt de celles de Torres García, tantôt de celles de Miro ; mais c’est surtout l’influence de Chagall que nous retrouvons dans ses toiles consacrées aux traditions pastorales et religieuses israéliennes et au folklore yiddish – avis très personnel puisque certains sites web notent que Gurvich a beaucoup été inspiré par Goya, Velázquez et Pieter Brueghel…
- Museo Gurvich, 10h-18h, samedi 11h-15h, fermé le dimanche, $220










Torres García, le Maitre de l’universalisme constructif, l’un des principaux mouvements artistiques d’Uruguay…
Poursuivant notre découverte des peintres uruguayens, nous visitons ensuite le Museo Torres García, consacré à l’un des plus fameux peintres du pays. D’origine catalan par son père et uruguayen par sa mère, Joaquín Torres García (1874-1949) étudie à l’École Officielle des Beaux-Arts de Barcelone, sa famille ayant émigré en Espagne pour des raisons économiques. Là, il se lie d’amitié avec de nombreux peintres, dont Pablo Picasso, et collabore même avec Antoni Gaudí dans la conception des vitraux de la cathédrale de Palma de Majorque et de ceux de la Sagrada Familia de Barcelone. Plus tard, inspiré par ses enfants, il se lance dans la fabrication de jouets en bois et s’installe à New York en 1921 à la recherche d’un environnement plus moderne pour sa nouvelle proposition picturale et artistique. Après plusieurs séjours en Europe, en 1932 il retourne à Montevideo, accompagné de son épouse et de leurs quatre enfants, Olimpia, Augusto, Ifigenia et Horacio ; dix ans plus tard, il ouvre un Atelier où il donne des cours de peinture à de jeunes artistes cherchant à renouveler la peinture uruguayenne.
- Museo Torres García, 10h-18h, fermé le dimanche, $200








Rattrapés par la pluie au Jardin botanique et au Parc Prado !
Malgré un ciel bien gris, mardi matin, c’est avec optimisme que nous rejoignons en bus le Jardin botanique de Montevideo. Première déconvenue en pénétrant dans les lieux : il s’agit plutôt d’un parc urbain que d’un réel conservatoire des plantes ! De plus, le site est assez négligé et peu entretenu, c’est dommage. Néanmoins nous nous baladons un bon moment dans les allées avant d’être rattrapés par une belle pluie… Et celle-ci s’intensifie de plus belle alors que nous approchons du Parc Prado, un espace verdoyant au demeurant plus soigné que le Jardin botanique. Bref, ce fut une balade à l’intérêt fort modeste, dans une ambiance très humide !
- Jardín Botánico de Montevideo, 8h-18h, entrée libre










Œuvres figuratives et historiques au Museo Juan Manuel Blanes…
Sur la carte, rejoindre le musée depuis le parc Prado semblait assez court… Erreur ! Comme souvent en Amérique du Sud, les kilomètres semblent ici plus longs, surtout sous la pluie ! C’est donc bien trempés que nous pénétrons dans le musée, installé dans un beau bâtiment ancien datant de la fin du XIXe siècle – vu la météo, on n’aura pas vraiment le temps de s’attarder sur son architecture, et on ne verra même pas le jardin japonais adjacent. La collection – fort modeste, tout comme le Jardin botanique – expose principalement des œuvres de Juan Manuel Blanes (1830-1901), peintre connu pour ses interprétations de thèmes historiques locaux et considéré en Uruguay comme le « peintre du pays ». Autre artiste à l’honneur, Pedro Figari Solari (1861-1938) exprime souvent dans ses toiles ses convictions politiques, à savoir la défense des plus pauvres et l’abolition de la peine de mort. A côté de ces deux figures majeures, on retrouve également, entre autres, quelques peintures d’Horacio Torres – le fils de Joaquín Torres García – et d’Amalia Nieto.
- Museo Juan Manuel Blanes, 12h-18h, fermé le lundi, entrée libre









Déjeuner au Mercado Agricola de Montevideo !
Après avoir patienté plus de 30mn dans le musée avant de pouvoir sortir – pluie intense – nous reprenons le bus en direction du Mercado Agricola, installé dans une halle édifiée en 1906. Désormais, s’y côtoient magasins d’alimentations, bars et restaurants, un lieu agréable pour y déjeuner ou boire un verre à toute heure ! Nous avons opté pour une assiette dans un buffet / kilo, une glace et… une bière IPA et un Spritz, histoire d’un peu compenser cette matinée un peu décevante et fort humide. Et comme la météo ne s’arrange pas, nous terminons la journée dans notre agréable chambre d’hôtel, même si c’est un peu frustrant de ne pas pouvoir profiter de la belle terrasse !






Drame aérien dans les Andes…
Mercredi, ciel toujours gris et pluvieux, on commence à être habitués ! On débute la journée par la visite du Museo Andes 1972 qui rend hommage aux victimes et aux survivants du crash du vol Fuerza Aérea Uruguaya 571. Ce vol, qui assurait la liaison entre Montevideo, en Uruguay, et Santiago, au Chili, s’écrase dans la cordillère des Andes le 13 octobre 1972. Sur les 45 passagers – dont une majorité appartient à une équipe de rugby à XV – et membres d’équipage, 17 meurent lors du crash ou dans les 24 heures après l’impact et 12 autres dans les deux mois suivants, dont 8 dans une avalanche. Ayant appris grâce à une radio que les recherches ont été abandonnées – seulement huit jours après l’accident car l’avion, de couleur blanche, est jugé indiscernable dans la neige – et isolés sans nourriture à 3.600 mètres d’altitude dans des conditions climatiques difficiles, les survivants se résolvent à manger les corps des passagers morts, préservés par le froid. Le 21 décembre, Fernando Parrado et Roberto Canessa parviennent, au terme d’un périple de dix jours, à rejoindre une vallée chilienne et prévenir les secours par l’intermédiaire du berger Sergio Catalán. Les 22 et 23 décembre, 72 jours après l’accident, les secours récupèrent finalement les 14 autres survivants…
- Museo Andes 1972, 10h-17h, 15h samedi, fermé le dimanche, $300 & $250 pour les +66 ans.
- A voir : Le Cercle des neiges, film hispano-américain co-écrit et réalisé par Juan Antonio Bayona, sorti en 2023, inspiré de ce drame.











Après cette visite très émouvante, nous nous baladons de nouveau dans la vieille ville, principalement dans la Peatonal Sarandíetla calle Perez Castellano, avant de déjeuner dans un buffet / kilo aux plats bien cuisinés.


Ainsi se termine notre visite de Montevideo où la météo, une fois de plus, ne nous aura pas été vraiment été favorable. Mais qu’importe… Et si aucun bâtiment ou musée ne nous a semblé incontournable, nous avons apprécié nous balader dans cette ville très calme et sympathique, avec un coup de cœur le musée Gurvich, le Palacio Taranco et les deux rues piétonnes du centre ancien ! Jeudi, après un trajet de trois heures de bus, nous rejoindrons Colonia del Sacramento, la plus vieille ville du pays…
Salut les amis,
Visiblement Montevideo est une belle ville, riche de nombreux musées. Dommage que le temps ne soit pas toujours de la partie, ce qui semble malheureusement le cas depuis le début de votre voyage !
On vous souhaite que ça s’améliore par la suite, et que vous puissiez continuer à nous raconter l’Uruguay, pays que nous ne connaissons pas.
A bientôt,
La Team Topette ! (au soleil mais sur le flanc à cause d’une grosse crève !)
J’aimeAimé par 1 personne
Effectivement, avec la météo, ce n’est pas ça ! Mais heureusement, on vient d’avoir trois jours de ciel bleu consécutifs, on en a bien profité car demain, de nouveau la pluie ! Sinon, on apprécie beaucoup l’Uruguay, un pays qui mérite d’être découvert plus longuement (mais avec une voiture car les transports locaux ne sont pas légion…), on y pensera pour une prochaine fois…
Bon rétablissement, le soleil marocain devrait vous remettre d’aplomb rapidement !
A bientôt !
J’aimeJ’aime